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Les coverbes de mouvement et les périphrases aspectuelles en français

Les coverbes de mouvement et les périphrases aspectuelles en français. Laurent Gosselin Université de Rouen LIDIFRA, EA 4305. Un point de rencontre entre marqueurs de relations spatiales et marqueurs de relations aspectuo-temporelles:.

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Les coverbes de mouvement et les périphrases aspectuelles en français

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  1. Les coverbes de mouvement et les périphrases aspectuelles en français Laurent Gosselin Université de Rouen LIDIFRA, EA 4305

  2. Un point de rencontre entre marqueurs de relations spatiales et marqueurs de relations aspectuo-temporelles: • Les verbes de mouvement qui prennent une valeur aspectuelle et/ou temporelle en contexte

  3. Deux cas de figure : • Les verbes de mouvement qui entrent dans la construction [Vmvt Vinf] (ex. : courir acheter le pain, sortir faire les courses, rentrer de se promener, s’agenouiller à ramasser des coquillages) • [aller Vinf] et [venir de Vinf] comme auxiliaires aspectuels ou temporels (ex. : il va pleuvoir, il vient de pleuvoir)

  4. Objet de l’exposé : • Analyser les relations, au plan sémantique, entre ces deux types de constructions • Préciser la nature de leurs contributions respectives à la structure aspectuo-temporelle de l’énoncé • Cela suppose une conception globale du rôle des périphrases à valeur aspectuelle et/ou temporelle

  5. Les constructions [Vmvt Vinf] • Lamiroy (1983) : ces constructions ont une valeur fondamentalement aspectuelle • Damourette et Pichon (III, § 1055) : la progrédience : « Dans Louis vient déjeuner, (…) déjeuner n’est pas le terme de la venue de Louis, c’en est plutôt la matière psychologique : l’action de déjeuner est en quelque sorte déjà entamée par les pas que fait Louis vers la maison où il doit manger»

  6. Vinf n’est pas un véritable complément • Ce n’est pas un circonstanciel de but : Pour attraper mon train, je cours * Attraper mon train, je cours Je cours pour ne pas manquer mon train ?* Je cours ne pas manquer mon train C’est pour attraper mon train que je cours *C’est attraper mon train que je cours

  7. Ce n’est pas un complément essentiel de localisation / destination : * Je me rends acheter du pain ?? Je sors à la boulangerie / je m’agenouille aux cailloux Je cours à la boulangerie acheter des croissants (cf. Vet 1987)

  8. Des contraintes spécifiques : • Le sujet est humain et agentif : « ?*Jean monte impressionner Anne par son intelligence » (Lamiroy 1983: 123) • Vmvt : • directionnels : aller, descendre , monter, sortir …*se rendre • de déplacement : courir, plonger ...??nager, ??ramer • de mouvement du corps : s’installer, s’agenouiller, s’asseoir …*se gratter

  9. Contraintes sur Vinf : • « Des restrictions importantes sont imposées à l’infinitif. Sont exclus les verbes avoir, être (donc tous les passifs); devoir, vouloir, savoir; aimer, préférer, détester, etc. …, ainsi que l’ensemble des verbes de |mouvement| … » (Willems 1981: 151-152)

  10. Vinf est le prédicat principal : Vmvt est un coverbe semi-auxiliare • Vmvt est « un cas intermédiaire entre les verbes pleins régissant un complément à l’infinitif et les auxiliaires d’aspect » (Lamiroy 1983 : 116) • Leeman (1994 : 124) les classe parmi les semi-auxiliaires • Vet (1987) : formation d’un « prédicat verbal complexe »

  11. La progrédience et l’égrédience comme catégories aspectuelles • Progrédience : mode de déroulement de la phase préparatoire (courir, s’asseoir à, aller) • Vmvt : comparables aux coverbes de phase (se préparer à) et aux coverbes de modalité d’action (François 2003) : hésiter à, tarder à, • un cas intermédiaire : se précipiter à • Egrédience : mode de déroulement de la phase résultante (descendre de, rentrer de, venir de)

  12. Rôle des prépositions : • Vmvt (à) Vinf : progrédience (aller, venir, rentrer, s’installer à Vinf) • Vmvt de Vinf : égrédience (venir de, rentrer de, descendre de Vinf) • à : « image d’en-deçà », « visée prospective » • de : « image d’au-delà », « visée rétrospective » (Guillaume, Cadiot 1997: 66)

  13. Aller • Verbe plein : aller à Gabès • Coverbe de mouvement : aller (à Gabès) faire les courses • Auxiliaire d’aspect (sélectionne la phase préparatoire) : je vois qu’il va pleuvoir • Auxiliaire de temps (futur) : il va pleuvoir samedi (cf. Gougenheim 1929 : 106 ; Vet 1993, 2001) Ambiguïté virtuelle : quand il va pleuvoir,… le ciel est chargé/ je prendrai mon parapluie

  14. Venir de • Verbe plein : je viens de Djerba • Coverbe de mouvement : venir de faire les courses • Auxiliaire d’aspect (sélectionne la phase résultante): « Chatterton venait d’expirer depuis peu de jours lorsque parurent à la fois un poème burlesque et un pamphlet sur sa mort » (Vigny cité par Gougenheim 1929 : 127) • Auxiliaire de temps (passé) : « Nous venons récemment de perdre encore une sœur charmante » (Lamartine cité par Gougenheim 1929 : 127; cf. Havu 2005)

  15. Rapports entre aller et venir de selon qu’ils sont coverbes de mvt ou auxiliaires d’aspect : • Au plan morpho-syntaxique : deux positions sur la chaîne « Verb-to-TAM Chain », Heine 1993, Hopper & Traugott 1993, Kronning 2003) : Verbe plein > AUX1 > …. AUXn > Affixe • Au plan sémantique : l’opposition spatial (concret) / temporel (abstrait)

  16. Quelles relations entre valeurs spatiales et valeurs aspectuo-temporelles ? • « Dématérialisation » (Damourette et Pichon), « désémantisation » (Gougenheim) • Changement sémantique par métaphore et / ou métonymie, guidée par des principes pragmatiques (Langacker 1987, Heine, Claudi & Hünnemeyer 1991, De Mulder & Vanderheyden 2008) • Forme schématique abstraite (Lebaud 1992, Bourdin 1999, 2005, Deschamps 2006)

  17. Propositions : • Les coverbes de mouvement ont une valeur aspectuelle (ils sélectionnent la phase préparatoire ou la phase résultante) • Deux façons de construire l’aspect : deux modes de sélection des phases

  18. L’aspect : catégorisation et monstration (Gosselin 1996, 2005) • une opération de catégorisation, qui à partir d’un schéma cognitif primitif constitué de changements et de situations intermédiaires (niveau pré-conceptuel), subsume une portion de ce schéma primitif sous la détermination conceptuelle d’un procès («aspect conceptuel») • une opération de monstration, qui donne à « voir » tout ou partie du procès construit par l’opération précédente (« visée aspectuelle »)

  19. Différences entre les deux opérations : • la catégorisation construit un (sous)procès, qui a un statut d’entité référentielle, qui possède un mode de déroulement spécifique et qui est décomposable en parties (phases) • la monstration ne produit aucune entité référentielle, mais une vue (visée) sur une entité préalablement construite (par la catégorisation). Cette visée est donc seconde par rapport au (sous)procès sur lequel elle porte, elle n’a pas de « mode de déroulement » et n’est pas décomposable en parties.

  20. Deux classes de périphrases aspectuelles : • Les coverbes de mouvement, de modalité d’action, et de phase (« coV-MAP ») marquent la catégorisation d’une phase, i.e. la construction d’un sous-procès • les auxiliaires indiquent la nature de la visée aspectuelle (« aux-VA »), la monstration de tout ou partie d’un procès ou d’un sous procès

  21. Prédictions 1 : • Les aux-VA peuvent porter sur les coV-MAP, alors que la réciproque est fausse (cf. François 2003 : chap. 5, Laca 2005) • Il est concevable que la monstration porte sur un sous-procès, mais non que la catégorisation puisse affecter la monstration (la catégorisation devant toujours précéder conceptuellement la monstration).

  22. Exemples : aux-VA portant sur des coV-MAP : • venir de cesser de Vinf • être sur le point de finir de • être en train de commencer à • aller s’apprêter à partir rentrer de

  23. coV-MAP ne pouvant porter sur des aux-VA : *commencer à être sur le point de Vinf *finir de être en train de *cesser de venir de *s’apprêter à aller *partir *rentrer de

  24. Prédictions 2 : • Seuls les coV-MAP sont récursifs (Laca 2005). Pour tout coV-MAP, il existe au moins une sous-classe de coV-MAP susceptibles de le prendre dans leur portée, alors qu’un aux-VA ne peut jamais être dans la portée d’un autre • On peut découper un sous-procès à l’intérieur d’un autre sous-procès, alors qu’on ne peut concevoir ce que serait une « visée portant sur une autre visée »

  25. Exemples : coV-MAP portant sur des coV-MAP • cesser de s’apprêter à Vinf commencer à hésiter à continuer de • s’apprêter à cesser de Vinf hésiter à commencer à continuer de

  26. Exemples : coV-MAP portant sur des coV-MAP • tarder à rentrer de Vinf se hâter de partir finir de • se précipiter à finir de Vinf rentrer de partir

  27. Exemples : aux-VA ne pouvant porter sur des aux-VA • *venir de être sur le point de Vinf *aller être en train de • *être sur le point de venir de Vinf être en train de aller

  28. Prédictions 3 : • Selon l’analyse de Kronning (1996, 2003), le rhème est le « domaine de la focalisation stratificationnelle », c’est-à-dire que c’est le domaine dans lequel l’énonciation va pouvoir sélectionner (focaliser) une valeur référentielle susceptible de saturer une variable comprise dans le substrat

  29. Seul un sous-procès, par opposition à la visée aspectuelle, a le statut référentiel nécessaire pour pouvoir être focalisé par focalisation simple (sans marquage intonatif ou contexte contrastif particulier) • Cette propriété conduit à prédire que seuls les coV-MAP, à la différence des aux-VA, pourront apparaître naturellement en fin d’énoncé, à la suite soit d’une pronominalisation, soit d’une ellipse de l’infinitif 

  30. Exemples : coV-MAP focalisés par focalisation simple • Il commence continue finit cesse hésite s’y met s’y acharne s’y apprête y court s’y précipite en revient

  31. Exemples : aux-VA non focalisables par focalisation simple • ?*Il (en) est sur le point (en) est en train (en) est en passe • #Il y va en vient • il va pleuvoir *il y va il vient de pleuvoir *il en vient.

  32. Prédictions 4 : • Seuls les sous-procès (construits par les coV-MAP), à la différence des visées aspectuelles, ont des modes de déroulement spécifiques, exprimables au moyen de compléments de manière Cf. Damourette et Pichon (1911-1940, V, §1605), Kronning (2003 : 241-242)

  33. Exemples : coV-MAP avec complément de manière • Il commence avec précaution à Vinf continue s’apprête • Il rentre précipitamment (de/à) Vinf part s’acharne

  34. Exemples :aux-VA incompatibles avec des compléments de manière • *Il est en train avec précaution de Vinf est sur le point • #Il vient avec précaution (de) Vinf va

  35. Classement des périphrases à valeur aspectuelle • auxiliaires de visée aspectuelle : • visée prospective (sur phase préparatoire) : aller Vinf être sur le point de être en passe de • visée inaccomplie (sur aspect interne, bornes exclues) : être en train de Vinf être à • visée accomplie (sur phase résultante) : être/avoir PPé venir deVinf

  36. coverbes de phase : • phase préparatoire : être prêt à, s’apprêter à, se préparer à • phaseinitiale : commencer à, se mettre à • phase médiane : continuer de, être occupé à, persévérer à • phase finale : cesser de, (s’)arrêter de, finir de, achever de

  37. coverbes de modalité d’action : • phase préparatoire : se proposer de, hésiter à, tarder à • aspect interne (ou phase préparatoire d’un procès ponctuel): s’acharner à, s’efforcer de, se dépêcher de, mettre du temps à, être long à

  38. coverbes de mouvement : • phase préparatoire : partir, s’installer à, aller, s’arrêter à, monter, courir • phase résultante : (re)venir de, rentrer de, (re)descendre de, sortir de

  39. Le modèle SdT • Quatre types d’intervalles : • [B1,B2] : Intervalle de procès • [I,II] : Intervalle de référence / monstration • [01,02] : Intervalle d’énonciation • [ct1,ct2] : Intervalle circonstanciel • Temps absolu : [I,II] / [01,02] • Visée aspectuelle : [I,II] / [B1,B2]

  40. Temps et visées aspectuelles • Trois temps absolus : Passé : [I,II] ANT [01,02] Présent : [I,II] CO [01,02] Futur : [I,II] POST [01,02] • Quatre visées aspectuelles de base : Aoristique : [B1,B2] CO [I,II] Inaccompli : [B1,B2] RE [I,II] Accompli : [B1,B2] ANT [I,II] Prospectif : [B1,B2] POST [I,II]

  41. L’aspect de phase (Vet, Desclés, Tournadre) B1 B2 Ph: préparatoire initiale médiane finale résultante aspect interne aspect externe (Borillo 2005)

  42. B1 B2 B’1 B’2 B’’1 B’’2 [B1,B2] : manger [B’1,B’2] : commencer [B’’1,B’’2] : hésiter représentation iconique de« hésiter à commencer à manger »

  43. I II B1 B2 représentation iconique de « il va pleuvoir »

  44. B1 I II B2 représentation iconique de « il était en train de rentrer chez lui »

  45. Représentation iconique de « il était en train de rentrer de faire les courses » B1 B2 [B1,B2] : faire les courses [B’1,B’2] : rentrer [B’1,B’2] / [I,II] : visée inaccomplie (directe) [B1,B2] / [I,II] : visée accomplie (indirecte) B’1 I II B’2

  46. représentation iconique de « il allait d’un bon pas pêcher le goujon» B1 B2 [B1,B2] : pêcher [B’1,B’2] : aller [B’1,B’2] / [I,II] : visée inaccomplie (directe) [B1,B2] / [I,II] : visée prospective (indirecte) B’1 I II B’2

  47. Interprétation temporelle et modale de ces structures : • Temps absolu : [I,II] / [01,02] • Coupure modale (irrévocable/possible) : II • Prédictions: dans « il allait … pêcher », on ne localise pas temporellement le procès (II < 01), il reste dans le domaine du possible (II < B1); on localise le sous-procès (mais pas sa borne finale), il est partiellement dans le domaine de l’irrévocable (on ne sait pas s’il s’est rendu au lieu de pêche)

  48. Applications : • La visée aspectuelle n’a pas de statut référentiel, mais sa prise en compte est décisive au plan vériconditionnel (≠ Reyle, Rossdeutscher & Kamp 2007: 630) • Il descendit acheter du pain (≠> il acheta du pain) • Il vient d’aller acheter du pain (≠> il vient d’acheter du pain)

  49. Conclusion : deux types de périphrases aspectuelles • Au plan sémantique : Les CoV-MAP opèrent la catégorisation des sous-procès Les aux-VA, comme les conjugaisons, déterminent la visée aspectuelle

  50. Le problème de la récursivité • Les coV-MAP sont récursifs : les (sous-)procès sont pourvus de la propriété d’autosimilitude • Les aux-VA ne sont pas récursifs, et pourtant ils se combinent avec les conjugaisons • Faut-il admettre que les conjugaisons qui se combinent avec les aux-VA ne marquent pas la visée aspectuelle ? (cf. Laca 2004, 2005)

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