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Salaires et partage de la valeur ajoutée. Les termes du débat. Valeur ajoutée = valeur de la production - coût des consommations intermédiaires = ensemble des rémunérations allouées aux facteurs de production
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Les termes du débat • Valeur ajoutée = valeur de la production - coût des consommations intermédiaires = ensemble des rémunérations allouées aux facteurs de production • Le partage primaire du revenu une notion simple ?Pour un euro de richesse créé, les travailleurs reçoivent α de rémunération et le restant 1 − α revient au «capital» : • En réalité, le différentiel entre la rétribution du facteur travail et le total de la VA est constitué par • l'excédent brut d'exploitation EBE (rémunération du facteur capital; l’EBE n’est pas le profit ni la rentabilité pour le taux de profit, il faut encore retrancher les amortissements, le paiement des frais financiers sur les emprunts et l'impôt sur les sociétés) • les impôts à la production ; • le revenu mixte des entreprises individuelles. • Difficultés: • Valeur ajoutée: Les services d'intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) représentent la part des services rendus par les intermédiaires financiers qui n'est pas facturée à la clientèle. Pour ces services, les intermédiaires financiers se rémunèrent en prenant une marge de taux d'intérêt sur les dépôts de leurs clients et sur les prêts (crédits) qu'ils leur accordent. Les SIFIM étaient exclus pendant longtemps de la valeur ajoutée. Pour s’affranchir de ces difficultés, une solution souvent retenue est de ne considérer que les sociétés non financières. Or, la frontière financière/non financière est « de plus en plus insaisissable » selon Askenazy. Certains recourent, pour le calcul de la part salariale, à la valeur ajoutée des sociétés non-financières (???). • Côté rémunération, 2 questions : comment définir le partage pour les entrepreneurs individuels ? On peut « ajuster » la part salariale en attribuant une salaire fictif (généralement le salaire moyen) au entrepreurs inidviduels. D’autre part, les cotisations sociales doivent-elles être intégrées à la rémunération du travail ? Généralement on les considère comme comme une rémunération indirecte ou différée et on les inclut. Mais que faire si on substitue, par exemple la fiscalité (TVA sociale) aux cotisations.
Les termes du débat • Plusieurs phases peuvent être distinguées depuis 1949: • la part des salaires est relativement stable jusqu’au premier choc pétrolier, • puis elle augmente jusqu’au début des années 1980. La hausse consécutive au premier choc pétrolier est en général attribuée au maintien de règles antérieures de progression des salaires dans un contexte de croissance ralentie (un retard d’ajustement des salaires aux effets cumulés des chocs pétroliers et des ralentissements de gains de productivité). • ceci est suivi d’une baisse qui la ramène, à la fin des années 1980, légèrement en dessous de sa valeur d’avant le choc pétrolier. Le partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail est au cœur de polémiques récurrentes depuis maintenant 20 ans … • Interprétations différentes concernant la baisse de la part du travail au milieu des années 1980 • D’un côté, ce ne serait qu’un retour à la « normale » historique et internationale n’appelant pas d’intervention particulière. • D’un autre côté, elle traduirait une déformation durable qui soulignerait soit un déséquilibre pouvant appeler un rééquilibrage en faveur du travail et de la demande (Timbeau, 2002) soit un dysfonctionnement des institutions, notamment de la régulation du marché du travail, p.ex.: une diminution du pouvoir de négociation des syndicats (Blanchard, 2005, Blanchard 1997 ; Blanchard et Giavazzi, 1999), soit à une substitution du capital au travail (Caballero et Hammour, 1998), ou encore à l’apparition d’un progrès technique économe en main d’oeuvre. • Les comparaisons internationales doivent être faites avec prudence. Les profils d’évolution sont assez variables d’un pays à l’autre. • La « bosse » consécutive au premier choc pétrolier n’a pas été observée dans de nombreux pays anglo-saxons, peut-être à cause du fonctionnement différent de leurs marchés du travail, et peut-être aussi grâce au fait que certains de ces pays étaient aussi producteurs de pétrole. • En dehors de cette période particulière, une baisse tendancielle semble être à l’œuvre dans quelques pays, comme l’Allemagne, mais aussi en Irlande. Les facteurs invoqués sont en général le recul du pouvoir de négociation des salariés, la concurrence accrue induite par la mondialisation ainsi que le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ce développement aurait relancé la substitution du travail par le capital.
Les termes du débat • « L’ensemble de ces débats ou analyses s’appuie implicitement ou explicitement sur l’idée qu’il existerait une „norme“, ou „bon“ partage, un partage „naturel“, reflétant un équilibre du conflit capital/travail » . • Le partage de la valeur ajoutée « possède cependant des propriétés de moyen et long terme remarquables » selon Askenazy: « La première est, depuis que l’on dispose de séries de comptabilité nationale, une constance remarquable dans les pays industrialisés. Ce résultat est surprenant alors que nos économies ont connu des bouleversements avec la réduction drastique du poids de l’agriculture, le passage d’une économie industrielle à une économie de services, la décolonisation ou une révolution industrielle avec les technologies de l’information ». • En outre le partage 1/3, 2/3 semble « quasiuniversel d’un pays à un autre à une date donnée, alors que les structures économiques sont fort différentes et que l’on constate d’un secteur à un autre des taux de marges allant de 10 à 70 %. la constance sur longue période est considérée comme une des “constantes fondamentales” de la macroéconomie et est interprétée théoriquement ». (Philippe Askenazy, « Vers une théorie du partage de la valeur ajoutée », dans Insee Methodes, no 118, 2007),
Un changement d‘époque ? • Croissance de la productivité et des salaires • Le partage de la VA n’est pas le seul déterminant déterminant de la dynamique des salaires : une part constante d’un revenu global qui croît peu ne permet pas d’avoir des salaires très dynamiques. L’évolution du salaire réel est liée à la croissance de la valeur ajoutée par personne en emploi (la productivité apparente du travail). • La croissance faible est le premier facteur explicatif du manque de dynamisme de salaires. Depuis les années 1980, ni la croissance de la VA et de la productivité, ni la croissance des salaires n’ont retrouvé le niveau d’avant le premier choc pétrolier • Les inégalités salariales en augmentation • Au Luxembourg, l’augmentation du salaire réel (en pouvoir d’achat) des 10% les plus faibles des salaires (p10) est de 1.1% par an en moyenne. Pour les 10% les salaires les plus élevés le taux est de 2.5%. Le manque de dynamisme des salaires touche donc avant tout ceux qui sont en bas de l’échelle des salaires.
Un changement d‘époque ?Croissance de la productivité et des salaires
Un changement d‘époque ?Inégalités salariales en augmentation
Un changement d‘époque ?Consommation des ménages (en termes réels: déflateur IPC)
Du coût salarial moyen au coût salarial unitaire réel … et au partage de la valeur ajoutée
Du coût salarial moyen au coût salarial unitaire réel … et au partage de la valeur ajoutée • Le CSU nominal (CSU) - qui est le plus souvent utilisé pour mesurer la compétitivité-coût - compare la rémunération par salarié à la productivité en volume (en d’autres mots à la VAB en volume divisée par l’emploi); la productivité du travail est définie comme la production (en termes de quantité de biens ou de services produits et non pas la valeur) obtenue pour chaque unité du facteur de production «travail» utilisé. Le CSU nominal est en quelque sorte un indicateur du salaire ajusté par la productivité. La croissance du CSU nominal, perceptible à partir du début de l’année 2008, résulte surtout de l’affaissement de la productivité qui est d’ailleurs particulièrement sévère au Luxembourg. • le CSU réel (CSUR) compare la rémunération par salarié à la productivité en valeur (en d’autres mots à la VAB en valeur divisée par l’emploi). • La part salariale constitue le miroir du coût salarial unitaire réel (qui est donc en fait un indicateur de marge)
Du coût salarial moyen au coût salarial unitaire réelindices: 1er trimestre 1995 – 1er trimestre 2010 (base 1995 = 100)
La part salariale (en % de la valeur ajoutée, 1er trimestre 1995-1er trimestre 2010) Le décrochage de l’Allemagne La hausse du coût salarial nominal chez notre voisin est la plus faible de la zone euro. Le coût salarial unitaire (nominal) recule depuis 2003 et, en tendance, le coût salarial unitaire réel baisse déjà depuis de 2000. La compétitivité de l’Allemagne mesurée par les coûts de la main-d’œuvre, s’améliore donc depuis quelques années par rapport à la plupart des autres pays européens. Certains estiment que l’évolution salariale en Allemagne peut être qualifiée de « nouvelle désinflation compétitive ». La modération salariale en Allemagne serait le résultat une « stratégie nationale » qui constituerait un exemple de politique non coopérative en Europe, « les gains des uns étant obtenus au détriment des autres partenaires » (voir à ce sujet : CREEL J., LE CACHEUX J., La nouvelle désinflation compétitive européenne, Revue de l’OFCE, n° 98, juillet 2006).
La part salariale: l‘impact des cotisations sociales patronales (en % de la valeur ajoutée, 1er trimestre 1995-1er trimestre 2010
La part salariale selon les branches(en % de la valeur ajoutée, 1er trimestre 1995-1er trimestre 2010)Au Luxembourg
La part salariale selon les branches dans la comparaison européenne(en % de la valeur ajoutée, 1er trimestre 1995-1er trimestre 2010)