Un peu de philosophie...

1. L’organisation par cycles Un peu de philosophie... C ’est la constatation répétée, depuis plusieurs années, unanime, mondiale, de l ’inefficacité du redoublement. L ’école sans échelons ou l ’organisation par cycles s ’est développée en réaction aux problèmes causés par le redoublement. L ’une des raisons qui milite en faveur : Les études américaines, françaises, belges, suisses et même québécoises arrivent toutes à la même conclusion : non seulement le redoublement ne permet pas à l ’élève de rattraper son retard, à moyen terme, mais il a souvent des effets négatifs sur l ’estime de soi et sur la motivation à apprendre des élèves. octobre 2004

2. Qu’est-ce qu’un cycle d’apprentissage ? Selon Monica Gather-Thurles, Genève, 1998 «Le cycle d ’apprentissage se présente d ’abord comme la réunion de plusieurs degrés consécutifs, comme un cycle d ’études dans lequel on aurait atténué, voire effacé les degrés annuels. Le cycle se définit davantage par les apprentissages qu ’il vise, comme une étape de scolarité obligatoire associée à des compétences de base visées par l ’ensemble du cursus. Les cycles ont d ’abord la même fonction que les degrés : constituer des marches, des étapes. Mais la différence c ’est que les étapes sont pluriannuelles.»

3. Qu’est-ce qu’un cycle d’apprentissage ? Selon Eurycide «Le cycle est l ’unité pédagogique de base dans l ’enseignement fondamental (primaire) et dans le premier degré de l ’enseignement secondaire. Il s ’agit d ’une organisation particulière qui permet de prendre en compte les rythmes différents des enfants et de différen- cier les modalités d ’apprentissage. Le passage de la classe est automatique à l ’intérieur d ’un cycle.» Référence : Euryade The information Network on Education in Europe

4. Qu’est-ce qu’un cycle d’apprentissage ? Selon Perrenoud Un cycle d’apprentissage est un espace-temps de formation dont la durée et les fonctions peuvent être définies de manières fort diverses Référence : Euryade The information Network on Education in Europe

5. Un cycle d’apprentissage c’est :un cadre intégrateur et non une exigence supplémentaire C ’est une condition nécessaire à la mise en oeuvre de différents moyens pour lutter contre l ’échec scolaire : qui facilite l ’évaluation formative; qui permet la différenciation de l ’enseignement ; qui tient compte des apports des sciences cognitives ; qui renforce la coopération entre enseignants.

6. Quelques caractéristiques des cycles d’apprentissage Un cycle peut être : une forme d ’organisation verticale de l ’enseignement qui accorde une large autonomie aux enseignants ; un accent mis sur le progrès continu lié à l ’évolution des apprentissages de chaque enfant (priorité à l ’apprentissage) ; une diversité des modalités d ’organisation des ho- raires, des regroupements d ’élèves selon d ’autres critères que l ’âge ;

7. Quelques caractéristiques des cycles d’apprentissage Un cycle peut être : une forme de décloisonnement des classes et des échelons ; la réunion de plusieurs échelons consécutifs en une entité unique ; une rupture avec la structuration du cursus en programmes annuels ; un espace-temps défini par les apprentissages qu ’il vise. Références : P. Perrenoud, Les cycles d ’apprentissage, Genève 1998 ; J.Tardif, Quelques réflexions autour d ’une organisation sc. en cycles d’apprentissage, déc. 1999, Département de l’instruction publique, Genève nov.1998, C.Lessard, S.Mainville, ACSQ, déc.1999

8. Pourquoi des cycles d’apprentissage ?  Une organisation scolaire en cycles d ’apprentissage devient incontournable à partir du moment où les programmes d ’études sont définis en termes de compétences.  Le développement des compétences et la construction des connaissances qu ’elles mobilisent exigent des interventions pédagogiques et didactiques de longue durée.  Les cycles d ’apprentissage constituent une organisation favorisant la mise en oeuvre d ’une pédagogie hautement différenciée : regroupement des élèves, situations d ’apprentissage, situations d ’évaluation.

9. Pourquoi des cycles d’apprentissage ?  Les cycles d ’apprentissage permettent le développement de situations d ’apprentissage beaucoup plus complexes que dans le cadre d ’une organisation en étapes annuelles.  La gestion du parcours des élèves dans des étapes pluriannuelles contribue à ce que les enseignantes et les enseignants octroient plus de temps aux apprentissages des élèves que dans le cadre d ’une organisation en étapes annuelles.  Les cycles d ’apprentissage suscitent le partage de l ’expertise professionnelle, pédago- gique et didactique, des enseignantes et des enseignants d ’une même équipe, voire d ’une même école. Inspiré des documents de : Quelques réflexions autour d ’une organisation scolaire en cycle d ’apprentissage, Jacques Tardif, décembre 1999; Vers des cycles d ’apprentissage, Département de l ’instruction publique, Genève, nov. 1998.

10. Les avantages attendus de l’organisation par cycles  Étapes plus compatibles avec les unités de progression des apprentissages ;  Planification souple des progressions, diversification des cheminements ;  Plus grande flexibilité quant à la prise en charge différenciée des élèves, dans divers types de groupes et de dispositifs didactiques ;

11. Les avantages attendus de l’organisation par cycles • Plus grande continuité et plus grande cohérence, sur plusieurs années, • sous la responsabilité d ’une équipe ; •  Objectifs d ’apprentissage portant sur plusieurs années, qui constituent • des repères essentiels pour tous et orientent le travail des enseignants; •  Les cycles réduisent les redondances inutiles pour octroyer beaucoup de • temps à des situations de remédiation, de réinvestissement et de recon- • textualisation des apprentissages. Référence : Le transfert des apprentissages, Jacques Tardif, décembre 1999.

12. L’implantation des cycles d’apprentissage Le changement vers l ’école sans échelons ou l ’organisation par cycles requiert beaucoup de travail préalable. Il est irréaliste de penser mettre en place dans sa classe ou dans son école une organisation par cycle du jour au lendemain et sans préparation. C ’est une démarche qui comme tout changement important, demande du temps. Un processus de changement implique à la fois une transformation organisationnelle et un changement personnel.

13. L’implantation des cycles d’apprentissage L ’organisation par cycles suppose que les équipes d ’enseignants définissent elles-mêmes un modèle d ’organisation par cycles qui leur soit propre. Cette définition doit se faire d ’abord en équipe-école et en équipes de cycles par la suite. Les modalités pourraient être particulières à chaque école.

14. Des facteurs de réussite... • Le leadership pédagogique de la direction d ’école. • Assurer une gestion participative en intégrant au sein de l ’équipe de nouveaux processus de diffusion de l ’information, de prise de décision et de structure participative. • Une vision commune et partagée/une vision d ’équipe - savoir ce qu ’est l ’apprentissage - connaître les objectifs poursuivis - se donner des moyens de les mettre en oeuvre.

15. Des facteurs de réussite... • Un travail en équipe de concertation pour : - l ’identification des besoins de la clientèle pour (un bon diagnostic des élèves à risque) - l ’identification des préférences des enseignants.

16. Des facteurs de réussite... • Une volonté commune : - Réaliser l ’importance et le besoin de changement, y croire, le comprendre, l ’accepter et s ’y engager collectivement. - Identifier les besoins du milieu, les approches les plus efficaces du changement. La direction doit donner du support à l ’équipe pour l ’implantation du changement. - Éviter la compétitivité, l ’isolement, la non-collaboration, la résistance.

17. Des facteurs de réussite... • L ’adoption d ’une démarche réflexive : - Participer à des démarches réflexives, à des rencontres d ’équipe, à des projets d ’équipe. - Bâtir une communauté d ’apprenants.

18. Des facteurs de réussite... • Un support ou un accompagnement professionnel : - Offrir des opportunités de formation continue aux ensei- gnants et encourager chez ces derniers un apprentissage coopératif centré sur l ’amélioration des apprentissages des élèves. • Le professionnalisme des enseignants. • L ’implication des parents. Référence : de la C.S.D.M., Les cycles d ’apprentissage, avril 1999.

19. Dix recommandations 1. S ’assurer de la compréhension des parents et de leur soutien. 2. S ’assurer de la collaboration de tous les membres du personnel, s ’assurer d ’un consensus sur la compréhension du changement et sa philosophie. 3. Bouger lentement, évaluer régulièrement la progression. 4. Travailler de concert avec les conseillers pédagogiques et les tenir informés des progrès.

20. Dix recommandations... 5. Introduire le nongrading graduellement, sur une période de plusieurs années. 6. Avoir un programme d ’évaluation du changement. 7. Offrir un support aux enseignants pour une meilleure compréhension du développement de l ’enfant. 8. Étudier différents plans nongraded, les adapter au besoin.

21. Dix recommandations... 9. Ne faire aucun changement pour le simple plaisir de changer, les changements exigent beaucoup de volonté et de dur labeur. 10. Par dessus tout, savoir ce que l ’on fait et pourquoi on le fait. (Goodlad et Anderson (1987), p.173, traduction libre) Référence : C. Lessard et S. Mainville, Écoles sans échelons ou cycles d ’apprentissage à l ’école primaire : éléments comparatifs, déc. 1999, ACSQ.

22. Quelques écueils à éviter... • Perdre son temps et celui des élèves dans des improvisations peu réfléchies ou, au contraire, dans d ’interminables discussions; • perdre le cap de vue : l ’apprentissage de tous et la maîtrise des objectifs-noyaux du cycle d ’apprentissage; • ne pas avoir une représentation claire d ’où on s ’en va, naviguer à l ’aveuglette; • introduire trop de flou et d ’indéterminé caché derrière la complexité; • trop normaliser les pratiques émergentes, trop rapidement; • recréer le vieux au sein du neuf;

23. Quelques écueils à éviter… • reporter à la fin du cycle des évaluations et des décisions importantes pour l ’enfant; • se contenter de laisser du temps au temps; • augmenter et non pas réduire les écarts entre les élèves; • forcer les enseignants, au lieu de les convaincre, les soutenir et leur offrir des choix clairs et des outils pertinents; • introduire, au nom du partage par les enseignants de la responsabilité d ’un cycle, des ambiguïtés au plan de la responsabilité individuelle; • négliger d ’informer et de susciter la participation des parents;

24. Quelques écueils à éviter… • négliger de développer chez les enseignants les compétences didactiques, pédagogiques et au travail d ’équipe; • au lieu de percevoir le cycle comme un cadre intégrateur d ’un ensemble de pratiques pédagogiques et didactiques, le vivre comme un ajout supplémentaire, une tâche qui s ’ajoute à toutes les autres ; • ne pas s ’instrumenter suffisamment et collectivement; des outils d ’observation des élèves, de planification didactique, des compétences pédagogiques et des outils de suivi des élèves sont nécessaires au fonctionnement efficace et efficient des cycles d ’apprentissage ; • imposer à toutes les écoles les mêmes modalités de fonctionnement à l ’intérieur des cycles. Référence : C. Lessard et S. Mainville, École sans échelons ou cycles d ’apprentissage à l ’école primaire : éléments comparatifs, déc. 1999, ACSQ.