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Peut-on vivre « par-delà le bien et le mal? ». Analyse du sujet . « ON ». -> pronom indéfini universel -> pronom impersonnel anonymat ou perte d’identité ->étymologie (« homo ») l’homme. 1 ère reformulation de la question.
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« ON » • -> pronom indéfini universel • -> pronom impersonnel anonymat ou perte d’identité • ->étymologie (« homo ») l’homme
1ère reformulation de la question • L’homme peut-il, sans cesser d’être un homme, « vivre au-delà du bien et du mal » ?
Pourquoi? Statut de l’homme = intermédiaire (mesure) entre : • -> animal/ « innocent » (homme à état de nature chez Rousseau)/ enfant (« infans ») en-deçà du Bien et du mal (amoral) • cf fils Macduff + jeune prosélyte
-> héros (démesure)/ « surhomme »/ dieux « au-delà du bien et du mal ». • Cf « âme forte » gionienne » + Lady Macbeth
L’homme ne peut donc a priori « vivre par-delà le bien et le mal » sans sortir de l’humanité, sans renoncer à son humanité: il est un être moral, justiciable.
Mais que constate le héros, l’âme forte? Que la morale religieuse et sociale ne satisfait pas son « ardent désir d’être », l’empêche donc de vivre intensément, authentiquement, héroïquement.
« peut-il » • -> possible la position est-elle tenable? N’outre-t-elle pas les limites de la condition humaine (basculement dans folie + inhumain) • -> licite »ai-je le droit » de me prétendre autonome, au sens étymologique du terme, d’être à moi-même ma propre mesure? Cf tout le débat autour de la nature humaine dans Macbeth
« Vivre » • -> exister d’une vie organique et biologique dont mort= négation, fin, destruction vie/ mort/ folie comme prix à payer de démesure (position intenable dans le temps)?
-> éprouver jusqu’au vertige jouissance d’existence comme force/énergie mouvant vie sensible, intellectuelle, spirituelle • transgression de morale nécessaire à déploiement de volonté de puissance du héros vs médiocrité de vie d’antihéros ou d’homme inscrit dans les bornes de la morale ordinaire
Cf débat Macbeth/ lady Macbeth en I, 7 • mal comme divertissement de l’ennui dans AF
Position de Nietzsche • Assumer vie comme création affranchie de tte forme de transcendance, ds affirmation non raisonnable de force en acte. Vie comme absolu sans autre terme supérieur. Monde sans finalité qui l’appellerait à être confronté à un au-delà de lui-même (au-delà des valeurs éternelles; au-delà temporel de l’horizon de l’Histoire
« Par-delà le Bien et le Mal » • <= pas d’arrière-monde (monde des Idées platonicien ou transcendance divine : « Dieu est mort ») pas d’au-delà normatif sur lequel fonder la morale ici-bas
D’où • ->morale = fiction (nominalisme) , des mots. On finit par croire à l’existence des choses qu’ils désignent, mais ce st ds représentations subjectives (Hobbes).
Pire: morale des faibles • Bridant « volonté de puissance » des forts, non pas vouloir précédant action, mais déploiement non finalisé des forces, vie
Reformulation de la thèse de Nietzche • Il n’y a de vie authentique, créatrice, pour le surhomme que « par-delà le Bien et le mal », non qu’il faille se complaire dans la transgression (nihilisme), car ce ressentiment serait une autre forme de reconnaissance de la normativité, mais parce que celui qui a la force d’assumer vie comme »amor fati » atteindra surnature.
Problématique • L’homme peut-il, sans cesser d’être un homme (basculement de la surhumanité dans l’inhumanité, dans l’absence de toute personnalité), vivre indépendamment des valeurs morales, transcender toute moralité?
Giono • « âme forte » prend bien acte de l’absence de transcendance (Th) et/ ou de l’inadéquation de la morale religieuse (Mme N) et sociale (F) à la vie, faite d’instinct et de passion.
Décryptage de l’énigme du mal conduit bien cette âme forte au constat que cette morale, hypocrite et médiocre, masque des appétits et des égoïsmes.
Âme forte aspire donc à « autonomie » (F), transgresse (immoralisme de Th), dépasse les normes de la morale (N), pour jouir de volonté de puissance (Th)
Ms y a-t-il vraiment dépassement du nihilisme? • -> passion foncièrement égoïste • ->aspiration des N au néant
Th double du romancier, mais puis-je vraiment parler de vie créatrice pour un être d’imitation?
La finalité de Th, la maîtrise de la tromperie, ne repose-t-elle pas sur un contresens concernant la « volonté de puissance »?
L’identification au furet, à la tique, les yeux de loup ne nous ramènent-ils pas en-deçà du bien et du mal, vers l’animalité, l’inhumanité, la monstruosité, la solitude absolue du méchant?
Macbeth Certes ambition pousse lady Macbeth à désirer transgresser les valeurs du monde féodal et les limites de la condition féminine pour assouvir sa volonté de puissance. De + M épouse héroïsme du mal qd il revendique damnation.
Mais • -> finalement ils ne dépassent jamais le stade du nihilisme parce que le moyen qu’ils choisissent pour déployer ce qu’ils croient être leur volonté de puissance les aliène aux forces du mal avec lesquelles ils pactisent.
-> Humains trop humains, ils éprouvent un remords qui clive leur conscience et prouve qu’on ne transgresse pas impunément les frontières séparant le bien du mal, le licite de l’illicite, l’humain de l’inhumain dans l’univers shakespearien. La vie, sacrée, a sa source en dehors de la Nature, dans un cosmos dont Dieu et le roi sont garants
Dans un univers – absurde que saturé de transcendance, il n’y a pas de place pour des héros vivant « par-delà le bien et le mal : l’humain ne saurait, sans déchoie et payer, de la folie et de la mort, sa transgression des limites de l’humanité. M est exclu du banquet de la vie.
Rousseau • La voix de la conscience, support de la religion naturelle, s’affranchit de l’artifice de normes historiques et sociale, contre nature.
Mais cette voix de la conscience, guide infaillible et sûr, ne saurait par définition transcender la morale, naturelle
Le tout, l’ordre de la Nature, gagé sur l’existence d’un Dieu garant de l’immortalité de l’âme (vie éternelle), est l’absolu à l’aune duquel l’homme peut et doit discriminer le bien du mal pour mener une vie bonne et heureuse.
Pas de place donc pour le surhomme dans la théodicée d’un moraliste épris de sublime: certes aura du héros vertueux; mais il n’y a d’héroïsme que vertueux: libertin, immoraliste = méchants malheureux dont âme est morte et qui mérite + pitié que blâme.
Salut vie bonne que permettent: • -> morale/ éthique/ religion naturelle • -> éducation • -> Contrat social
Plan d’ensemble • I-L’homme, être moral, ne peut vivre par-delà le bien et le mal, même si son « ardent désir d’être » est frustré par l’inanité d’une morale religieuse et sociale répressive, conventionnelle et hypocrite
II-Le nihilisme conduit le héros à transgresser la morale pour affirmer une volonté de puissance qu’il échoue cependant à maintenir.
III- Comment vivre conformément à une éthique qui ne soit ni mortifère ni inhumaine, mais qui, sauvegardant l’autonomie du sujet, ne sorte pas l’humanité de ses gonds?
Plan détaillé • I-1Une vie humaine « par-delà le bien et le mal » est a priori inconcevable, car relevant du principe de contradiction.
Quod demonstrandum? Homme = être doué de conscience + de raison + volonté, ce qui permet choix + connaissance Bien/ Mal Homme, être moral vs animal/ innocent/ sauvage/ enfant, « en-deçà du bien et du mal », pas cs du partage B/M, pas entrés ds sphère de moralité, amoraux et non pas immoraux
Traitement de l’exemple: opp catéchisme infernal de Th, immorale (« moi j’estime: du moment qu’on est chrétien, on a le droit de tt faire. Tu seras jugée. Alors ne te prive pas. »)/ amoralité du fils Macduff « petit singe » (IV,2, p.111) ou du jeune prosélyte découvrant peu à peu la sphère de la moralité (« on lui apprit le mal qu’il ignorait »
Confirmation de l’argument: on ne devient ho qu’une fois développé le sens moral, en soi et avec aide de raison (Rousseau)
I-2 liberté et responsabilité • Vouloir chasser B/ M de vie humaine = rejeter responsabilité du mal sur Dieu, la fatalité, la nécessité naturelle = nier responsabilité, prix à payer de la liberté, qui donne à nos actions la moralité.
Rousseau: ho se distingue de bête par octroi d’une liberté en soi bonne, qui peut aller jusqu’au sacrifice, fait la dignité de l’homme, et est la seule voie d’accès à la « suprême jouissance », au « contentement de soi ».
Cf « homme, ne cherche + l’auteur du mal: cet auteur, c’est toi-même »; »si l’homme est actif et libre, il agit de lui-même; tout ce qu’il fait librement n’entre point dans le système ordonné de la Providence, et ne peut lui être imputé. Elle ne veut point le mal que fait l’homme, en abusant de la liberté qu’elle lui donne; mais elle ne l’empêche pas de le faire » parce qu’elle ne pouvait « l’empêcher dans gêner la liberté et faire un mal + grand en dégradant sa nature »; même « esclave par mes vices, je reste libre par mes remords ».
-> Mme N « je n’ai rien à lui sacrifier à elle; sinon mon désir même. Elle s’y résolut » (258) • ->déchirement de la cs de M + remords (dictamen de la conscience) + « je suis décidé. Je tends les instruments du corps vers cette terrible action » (I,7) => impossible d’interpréter les prophétie des Parques comme la seule voix du destin
I-3 La rémanence du mal: objection forte à la thèse de l’universalité de la conscience morale • => quod demonstrandum: fossé ce que l’ho est en droit/ réalité
-> Rousseau: transformation de l’amour de soi en amour propre fait que voix de cs étouffée par vx des préjugés + règne de l’opinion cf p.91 + mort morale du jeune prosélyte: « l’opprobre où l’avait réduit la fortune étouffait en lui tout sentiment du bien et du mal ».
Giono: universalité du mal dans un monde où la bonté n’est que le masque de l’égoïsme. Si l’observation de la réalité (apologue de M Nicolas, p.204) que des rapports de force, comment croire à la légitimité, à l’absoluité des valeurs morales?
-> cséq tirée par Th de description de dépravation d’ho en société: « ils disent cs. Ils disent: remords. D’accord. C’est de la monnaie. Payez et emportez. Si c’était gratuit, ce serait trop beau. Moi j’estime :du moment qu’on est chrétien, on a le droit de tout faire. Tu seras jugée. Alors ne te prive pas. C’est de la banque. Il y en a qui sont pour le paradis. Très bien. Des goûts et des couleurs…mais moi, je suis modeste; je souffre, je suis libre. Alors. »