L’oiseau de feu

1. L’oiseau de feu et la princesse Vasilisa

2. Au-delà de la neuvième contrée vivait un grand et puissant roi. Il était vieux et orgueilleux. Ce roi avait à son service un chasseur fort courageux qui possédait un valeureux et merveilleux cheval. Un jour, le brave chasseur monta sur son vaillant destrier et partit pour chasser dans la forêt. Au crépuscule, comme il s’apprêtait à rentrer, il aperçut soudain au milieu d’un sentier une longue plume dorée, celle de l’oiseau de feu. Elle brillait comme une flamme. Le vaillant cheval lui dit: • Laissez donc cette plume ; si vous la ramassez, il vous arrivera malheur !

3. Mais l’homme se dit : « Si je la ramasse, je la donnerai au roi et il me récompensera ». Il ramassa la plume d’or et en fit cadeau au roi. Celui-ci le remercia et lui dit : • Puisque tu as trouvé la plume de l’oiseau de feu, apporte-moi maintenant l’oiseau en entier, sinon je te trancherai la tête d’un seul coup de mon épée. Le chasseur versa des larmes et alla trouver son cheval. • Mon maître, pourquoi pleurez-vous ?demanda la noble bête. • Le roi m’a ordonné de lui rapporter l’oiseau de feu.

4. Ne vous avais-je pas prévenu qu’il vous arriveraitmalheur si vous ramassiez cette plume ?Mais ne craignez rien et ne pleurez plus.Allez trouver le roi et demandez-lui que l’onrépande cent mesures de grain sur le grandpré qui est au bord du lac. • Le lendemain, le brave chasseur se rendit au pré,y lâcha son cheval et se dissimula derrière un arbre. Tout à coup, un frisson parcourut les arbres de la forêt, et le lac s’agita. L’oiseau de feu apparut. Il se posa dans le pré et se mit à picorer le grain. Le cheval s’approcha alors de l’oiseau de feu et, posant son sabot sur une des ailes, le cloua à terre : le chasseur bondit de sa cachette, attrapa l’oiseau et, après l’avoir solidement ligoté, enfourcha sa monture et partit comme une flèche. • Arrivé au palais, il offrit l’oiseau au roi. Celui-ci le remercia et pour le récompenser, il lui conféra un titre de noblesse et le chargea bientôt d’une nouvelle tâche.

5. Puisque tu as réussi à t’emparer de l’oiseau de feu, tu vas maintenant me trouver une épouse. Au-delà du neuvième royaume, sur le bord de la terre où le soleil rouge se lève, vit une princesse nommée Vasilisa. C’est elle que je désire avoir pour épouse. Si tu me la ramènes, je te donnerai de l’argent et de l’or. Mais si tu échoues, je te trancherai la tête d’un seul coup de mon épée. Le chasseur versa des larmes et alla trouver son cheval. • Pourquoi pleurez-vous ainsi ? demanda le cheval. • Le roi m’a ordonné de lui ramener la princesse Vasilisa. • Ne pleurez plus. Allez auprès du roi et demandez-lui de vous donner une tente de toile d’or et toutes espèces de mets et de vins excellents pour le voyage. Le roi lui accorda tout ce qu’il demandait, et le chasseur et son cheval se mirent en route.

6. Au bout d’un certain temps, ils atteignirent le bord de la terre. Le chasseur vit la princesse Vasilisa assise dans une barque argentée dont les rames étaient en or. Il installa la tente de toile d’or, étala tous les mets et les bouteilles de vin, s’assit et se régala en attendant la princesse Vasilisa. La princesse, apercevant la tente qui étincelait, dirigea sa barque vers le rivage. Elle ne pouvait cacher son admiration devant tant de splendeur. • Je vous salue, princesse Vasilisa, dit le chasseur. Soyez la bienvenue ! Faites-moi l’honneur de partager mon repas.

7. La princesse Vasilisa entra sous la tente ;ils mangèrent et ils burent, en éprouvèrentun grand plaisir. Mais la princesse but un peutrop de vin exotique et tomba dans un profondsommeil. Alors le jeune homme plia la tentedorée et appela son cheval. Il repartit aussitôt,rapide comme une flèche, emportant en traversde sa selle la princesse Vasilisa endormie. Le roi, émerveillé à la vue de la princesse, remerciale chasseur et lui fit don d’une quantité d’argent et d’or. Lorsqu’elle s’éveilla, la princesse Vasilisa se rendit compte qu’elle n’était plus au bord de la mer bleue et se mit à pleurer et à se lamenter. Le roi tenta vainement de la consoler, car il voulait l’épouser. Mais elle lui répondit : Je ne vous épouserai qu’à une condition ; il faut que vous jetiez le chasseur qui m’a apporté ma robe dans un bain d’eau bouillante.

8. Maintenant Peux-tu imaginer la fin?

9. Voici la fin de l’histoire Le roi fit remplir d’eau un grand chaudron de fer ; puis,il ordonna à ses serviteurs de faire bouillir de l’eau etd’y jeter le chasseur. Bientôt l’eau se mit à bouillir, et lechasseur fut traîné devant le chaudron. • Pourquoi ai-je ramassé cette maudite plume ? Selamentait le pauvre chasseur. Pourquoi n’ai-je pasécoulé les conseils de mon cheval ? Et il fit une prière : • Sire, dit-il, permettez-moi de dire adieu à mon cheval, à mon seul ami, avant de mourir. • Bien, dit le roi, va lui faire tes adieux.

10. L’infortuné chasseur, en allant dire adieu à son cheval, pleurait de toutes les larmes de son corps. • Mon maître, demanda le cheval, pourquoi pleurez-vous ainsi ? • Le roi va me faire jeter dans un bain d’eau bouillante. • Ne craignez rien, séchez vos larmes, vous vivrez. Sur ce, le cheval ensorcela le chasseur et le rendit insensible à l’eau bouillante. Lorsque le chasseur revint de l’écurie, les domestiques du roi se saisirent de lui et le jetèrent dans le chaudron. Il y plongea une ou deux fois la tête et d’un seul bond en sortit.

11. À cet instant, il fut transformé en un jeune homme d’une beauté telle qu’aucune plume ne saurait le décrire. Devant une aussi étonnante métamorphose, le roi vieux et envieux éprouva le désir d’en faire autant. Il se jeta dans le chaudron et mourut ébouillanté. On l’enterra, et le chasseur devint roi à sa place ; il épousa la princesse Vasilisa et vécut auprès d’elle de nombreuses années d’amour et de paix.