1 / 28

Précisions sur l’objet d’étude: - Une Alternative économique

Précisions sur l’objet d’étude: - Une Alternative économique

sun
Télécharger la présentation

Précisions sur l’objet d’étude: - Une Alternative économique

An Image/Link below is provided (as is) to download presentation Download Policy: Content on the Website is provided to you AS IS for your information and personal use and may not be sold / licensed / shared on other websites without getting consent from its author. Content is provided to you AS IS for your information and personal use only. Download presentation by click this link. While downloading, if for some reason you are not able to download a presentation, the publisher may have deleted the file from their server. During download, if you can't get a presentation, the file might be deleted by the publisher.

E N D

Presentation Transcript


  1. Précisions sur l’objet d’étude: • - Une Alternative économique • Michael Albert se propose de réfléchir ici sur des institutions économiques qui pourraient remplacer celles du capitalisme. Il se dit conscient qu’il ne s ’agit que d’une partie d ’une autre société qui reste à être inventée. Ne tombe pas dans le piège économiciste. La part économique ne doit pas avoir davantage d ’importance que les sphères politique, culturelle, sociale… Albert ne croit pas en la disparition de toute forme d ’autorité politique (Etat) pour régler les questions politiques. Mais il ne se donne pour mission que d’imaginer concrètement, comment pourrait fonctionner une économie véritablement non capitaliste, en sachant que l’économie a des incidences déterminantes (structurelles) sur les autres sphères. • Différences avec les « utopies » socialistes • Pas de prétention à détenir la vérité, mais processus de réflexion collective ouverte à la remise en question.- Il ne s’agit pas d’appliquer la « vision » proposée dans des communautés isolées, sensées montrer l’exemple, mais de chercher à appliquer ces principes dans la société existante et les mouvements sociaux. - Intérêt pour les réformes permettant des avancées structurelles. Pas de mépris non plus pour la révolution.- Pas de croyance dans la seule force des idées pour le changement social. Pas de « Il suffit de convaincre… ».

  2. Institutions clefs déterminant une économie - Michael Albert • Une économie est composée d’institutions déterminant les éléments suivants: • Le régime de propriété des moyens de production (féodale, privée, étatique, collective…) • Les institutions de répartition ou d’allocation (marchés «libres» ou contrôlés, planning centralisé / décentralisé) • La division du travail(hiérarchique, horizontale, en fonction des emplois qui donnent accès à des pouvoirs de décision et ceux qui n’en donnent pas et des emplois qui permettent une rémunération plus importante). • Modes de rémunération (propriété, pouvoir, fruit du travail, effort…) • Modes de prises de décision (où réside le pouvoir sur les décisions économiques? Ceux qui détiennent la propriété, ceux qui sont les plus formés, préparés et informés, tous?) • Toute économie, esclavagisme, féodalisme, capitalisme, économie planifiée centralisée, socialisme de marché, contient une combinaison différente des ces institutions principales.

  3. Le capitalisme selon Michael Albert Un système économique qui repose sur 3 institutions principales: 1) La propriété privée des moyens de production 2) Les marchés (libres ou régulés) 3) Une division hiérarchique du travail (corporate division of labor) Travaux manuels, conceptuels, coordinateurs et exécutants… C’est un système qui rémunère la propriété (le capital), le pouvoir, et dans une moindre mesure ce que chacun produit (le produit du travail) des individus et groupes. Entraîne d’énormes disparités en terme de revenu et de richesses. Le pouvoir de décision économique est accaparé par la classe des capitalistes. Les classes sociales résultent de différences dans la propriété des moyens de production, mais aussi des différences entre les emplois qui permettent d ’acquérir un certain pouvoir (empowered work) et les emplois qui ne permettent pas d ’acquérir des connaissances et du pouvoir de décision.

  4. Alternative économique: l’économie participative Valeurs sur lesquelles s’appuyer pour une «bonne» économie: Une économie dont les traits structurels amènent la réalisation de ces valeurs. - Equité. - Autogestion - Gestion démocratique - Diversité - Eviter l’homogénéisation. Encourager le développement d’opinions différentes et de modes de vie différents. - Solidarité - Des institutions qui favorisent les intérêts mutuels… quand j ’entreprend une activité économique cela favorise aussi les autres. - Efficacité Uneéconomie doit permettre la production et la consommation pour satisfaire les besoins humains. Efficience, et optimum de pareto.

  5. Institutions économiques du participalisme – Aperçu d’ensemble 1) Propriété commune / collective La propriété des moyens de production est simplement retirée de l’économie Personne ne détient les moyens de production ou = Chaque citoyen possède une part égale de chaque entreprise / lieu de travail = la société détient les moyens de production  L ’Etat 2) Planning participatif ( marché), démocratique Les producteurs et les consommateurs proposent leurs activités de travail et leurs préférences en matière consommation à la lumière des évaluations véritables des bénéfices sociaux intégraux et des coûts de leurs choix. Processus d ’expression des préférences au sein des Conseils de consommateurs et de producteurs. Ajustements successifs Offre Demande à l’aide de prix indicatifs

  6. 3) Rémunération La rémunération de chacun est calculée par les travailleurs sur la base de l ’effort et du sacrifice que chaque travailleur fait. [mesuré en heures de travail, en intensité, et déterminé par la nature du travail, par les travailleurs de la même entreprise] 4) Ensembles équilibrés de tâches (Balanced job complexes) Chaque travailleur doit accomplir une part de travail gratifiant et porteur de « pouvoir » (empowering) et une part de travail plus ingrat et sans responsabilités (ou pouvoir). (critères: désirabilité et empowerment de chaque travail). Cette condition est rendue essentielle par le fait que le type de travail accompli a un impact très important sur la qualité de vie et permet ou non d’avoir un impact sur la société et un certain pouvoir de décision sur les autres. 5) Processus de décision = autogestion Le principe de base du processus de décision doit être le suivant: l ’influence sur une décision est proportionnelle au degré auquel la personne est affectée par la décision.

  7. 1) Propriété commune ou absence de propriété La mise en place du planning démocratique et des autres institutions économiques permet de rendre caduque la propriété privée. Aucun revenu, pouvoir ou avantage, ne peut être retiré dans la société en clamant «ceci m ’appartient». Cela n ’a tout simplement aucun sens. Donc tout moyen de production appartient à tous ou rien n ’est propriété de personne. « On n’enlève tout simplement la propriété des moyens de production de l ’économie » Donc pas de classes de propriétaires En réalité, comme on le verra, ce sont les conseils de producteurs et de consommateurs qui allouent conjointement aux travailleurs les ressources nécessaires (inputs) à la production. Personne ne possède, mais ce sont bien les conseils qui ont le pouvoir de décision sur les terrains, outils, machines, électricité…. Nécessaire à la production.§

  8. 2) Répartition: planning participatif On ne présente généralement que deux manières possibles de gérer la production et l ’adéquation de l ’offre (production) à la demande (consommation): - La planification centralisée (URSS, Chine, Cuba, Pays de l ’Est…) - Les marchés. Détermination libre des prix à travers la concurrence. Achat, vente sur le marché, à travers l ’argent. Or, pour Albert, ces deux modes de répartition engendrent de graves problèmes. A) La planification centralisée entraîne: (Parecon p.49-55) - La création d’une classe de coordinateurs (le groupe des planificateurs), utilisant leur position pour obtenir des avantages de toutes sortes. Deviennent la classe dirigeante. - La relation entre les coordinateurs et les travailleurs est autoritaire. Pas de participation de la base aux processus de décision. Par ailleurs, pour s ’assurer que les travailleurs ne tirent pas au flanc, on octroie aux managers un pouvoir de contrôle et de contrainte au sein de l ’entreprise. - Information sur l’économie monopolisée par la classe des coordinateurs. - production d ’exploitation, d’oppression et d’aliénation des travailleurs. - Engendre l’apathie. Pourquoi se soucier de travailler et produire lorsqu’on a pas notre mot à dire sur les décisions (contraire de l ’autogestion).

  9. Les marchés entraînent les problèmes suivants (Parecon, pp 55-78) • 1. Ils favorisent les plus forts, plus talentueux, les plus rusés, les plus disposés à écraser les autres et à tricher, puisqu’ils rémunèrent en fonction de ce que produit chacun et de ce que chacun arrive à imposer par un rapport de force à travers le marché. - Les plus forts pourront ensuite utiliser leur pouvoir économique pouracquérir davantage de pouvoir politique. • 3. L’autogestion y est impossible. La concurrence oblige les travailleurs à engager des managers qui voudront bien réduire les salaires et virer des employés. Création d ’une classe de managers, d ’intellectuels et de techniciens. (car il faut bien les isoler des travailleurs qu ’ils mettent sous pression). • Les marchés incluent seulement dans leurs évaluations les volontés des acheteurs et vendeurs immédiats. Ils ne tiennent comptent ni des externalités négatives (pollution, le  »pied invisible ») ou positives de la transaction sur les autres (impact sur les autres de l'achat d'un livre), ni des effets de la transaction à long terme.Et pourtant ces conséquences sont généralisées. Les marchés sont donc très inefficaces, contrairement à ce que l’on pense. • Corriger ces externalités n’est pas possible (taxes…): • 1) Il n'existe pas de procédures pratiques et fiables dans les économies de marché pour estimer l'amplitude de ces effets. 2) les bénéficiaires d'éventuelles taxes correctives sont dispersés au sein de la société, ils ne peuvent donc s'organiser pour défendre leurs intérêts et réclamer de telles taxes. Etc.3) Ce serait inefficace (puisque la théorie des marchés prévoit que les marchés soient « libres ». ck: voir la citation de Sam Bowles dans mes notes: les marchés permettent de faire l ’économie de traits humains fondamentaux: solidarité avec les autres, capacité d ’empathie et de communication complexe. Les marchés contribuent donc à la disparition de ces traits.

  10. Le planning participatif et décentralisé Albert propose que les producteurs (les travailleurs) et les consommateurs s’organisent au sein de conseils de production et de consommation. Chaque citoyen fait valoir ses préférences en matière de consommation et de production au sein des conseils. L’offre et la demande ainsi rassemblées sont comparées par un bureau de facilitation (iteration facilitation board) qui établit des prix indicatifs pour chaque bien et fait circuler l’information qualitative. Les listes de produits, accompagnés de leurs prix, sont ensuite retournées aux consommateurs et producteurs qui réajusteront leurs propositions initiales et les renverront au bureau de facilitation, et ainsi de suite, jusqu’à l’obtention de plusieurs plans cohérents prenant en compte les préférences mutuelles sur lesquels les citoyens voteront. Le plan se déroule à l’échelle d’une année, avec des adaptations possibles. A chaque « round », chaque acteur individuel ou collectif reçoit les informations sur les prévisions des autres et la façon dont les siennes ont été reçues (prix + info qualitatives), et remanie sa proposition.

  11. Conseils de consommateurs Plusieurs aller-retour Plusieurs aller-retour Conseils de producteurs Bureau de facilitation 1er temps 2ème temps Plans de production 1 Plans de production 2 Plans de production 3 Plans de production 4 Plans de production 5 Vote : choix d’un plan Citoyens

  12. «La fédération examinera si le groupe présente les compétences requises et l’expérience et s’il peut donc être habilité à rentrer dans le processus où chacun soumet ses besoins aux facteurs de production. » Source. Livre en français p.134 • Conseils de travailleurs • Les travailleurs s’organisent librement au sein de conseils de producteurs. Principe démocratique. Règle majorité, 2/3, consensus… fixés démocratiquement à chaque niveau. Conseils par lieux de travail (peut aussi être par équipes de travail), divisions, industries entières, et fédérations régionales. Lesconseils de producteurs proposent démocratiquement de produire tels ou tels produits avec tel nombre d ’heures de travail et autres facteurs de production (outils)… Ces propositions seront évaluées par la fédération des producteurs pour voir si elles correspondent à une demande et en quoi elles devraient être adaptées. Les fédérations leur demandent ensuite de réviser leurs propositions en fonction de la demande et du taux d’efficacité des autres producteurs ayant une production similaire. La fédération attribue donc les ressources nécessaires (intrants). • Conseils de consommateurs • Des conseils de consommateurs sont créés de l’unité géographique la plus petite à la plus grande. Quartier, ville, canton, Etat. Il y a donc des demandes de consommation collectives (parc, transports public, crèche, etc) et des demandes individuelles (combien de pulls, de chaussettes, de fromages et d’ordinateurs).(Les consommateurs individuels présentent leurs demandes de consommation individuelle aux conseils de quartier (neighborhhood) qui les approuve ou les désapprouve en fonction de leur faisabilité. (p.130) et les présente comme plan de consommation au bureau de facilitation pour comparer avec l’offre des producteurs.)

  13. Les prix doivent refléter le véritable coût d’opportunité, non les rapports de force sur les marchés. Définition: L’économie va produite des cacahuètes jusqu’au point où produire plus de cacahuète va signifier perdre plus d’un autre bien plus intéressant pour la société qu’une cacahuète de plus produite. • Les bureaux de facilitation • Sont là pour rassembler et diffuser l’information, calculer des prix indicatifs en fonction de la demande et de l’offre et faire circuler l’information qualitative. Il ne prennent pas de décisions. Ils sont des facilitateurs. L’offre et la demande ne sont pas ajustées par eux, mais par les va et vient, les «itérations successives». • Les outils communicatifs entre producteurs et consommateurs • 1) Les prix (indicatifs) • Les prix sont considérés comme un outils indispensable pour faire se rencontrer la demande et l’offre. Le processus de va et vient entre la demande et l’offre avec l’acceptation des conseils de travailleurs et de consommateurs doit permettre d’intégrer les coûts externes de la transaction (pollution, effets sur la santé, destruction du paysage…). Intégrer les externalités. • Les prix ne sont qu’indicatifs.Des ajustements peuvent être demandés en tout temps en raison d’informations qualitatives importantes délivrés par les consommateurs et les producteurs. Ils sont la résultante d’un processus social démocratique et non la résultante de la concurrence.

  14. 2) Les rapports qualitatifs(rédigés par consommateurs ou producteurs lorsque cela est nécessaire) Ils sont important dans la détermination des prix et la compréhension mutuelle des travailleurs et des consommateurs. Exemple: Si une demande paraît injustifiée ou incongrue, on trouvera des explications dans les rapports rédigés par ces consommateurs, ce qui permettra aux producteurs de fournir les biens demandés s’ils en comprennent le bien fondé. Autre exemple: toute personne affectée par une production projetée (pneus/pollution; barrage/déplacement de population), pourra le faire connaître et faire prendre en compte sa situation par les fédérations (refus d’octroyer cette production ou mesures compensatoires dédommagements, etc…) Externalités et intérêts des autres pris en compte dans le processus: Exemple: si je veux une colle super forte pour mes bricolages, les conseils de production transmettront l’information des dommages à la santé qu’ils subissent dans leur production. Les consommateurs devront alors payer davantage pour permettre une innovation technologique préservant les travailleurs par exemple, ou trouveront un autre moyen de réparer. Externalités: Exemple: la proposition d’une piscine ou d’un barrage par exemple. La proposition ne doit pas seulement être acceptée par le conseil de consommation concerné, mais par les conseils de conso qui sont au dessus (régionaux, catonaux, national si besoin). Les autres conseils de quartier par exemple pourront faire valoir leurs désaccords. La proposition est amendée ou abandonnée pour tenir compte des effets sur les autres.

  15. Les consommateurs et producteurs sont donc contraints de prendre en compte l’impact de leur proposition sur les autres producteurs et consommateurs. Favorise la solidarité au lieu de l’individualisme propre aux marchés. • Dans l’ensemble, le système favorise structurellement la solidarité car: • Mes choix économiques doivent tenir compte des effets que ceux-ci ont sur les autres personnes. • 2) Nos intérêts sont liés: pour augmenter mon revenu, je n’ai que deux possibilités: ou augmenter mon taux d’effort personnel, ou me comporter de sorte à ce que le niveau général de la production et de la qualité de vie au travail augmente. • 3) Le respect de la différence se trouve renforcé puisqu’une condition pour parvenir à un équilibre général est la prise en compte de tous les points de vue et de toutes les préférences.

  16. Différence avec marchés • Les acheteurs et les vendeurs ne peuvent chercher pas à maximiser leurs avantages au dépend des autres, puisqu ’il faut à chaque fois prendre en compte les intérêts des autres pour pouvoir obtenir un bien de consommation ou pour pouvoir produire qqch. (Processus de consultation sociale, prenant en compte les coûts et bénéfices sociaux de la production et de la consommation (externalités, problèmes posés par certains produits, avantages d’autres produits).) • Prix ne sont donc pas déterminés par la concurrence. • Pas de principe de maximisation des profits. • Pas de rémunération des personnes en fonction de leur productivité ou du rapport de force qu’elles parviennent à instaurer. • Différences avec plan centralisé • Processus démocratique et décentralisé. • Incluant l’ensemble des consommateurs et producteurs dans le processus de détermination du plan. • Pas de classe coordinatrice. Le bureau de facilitation n’a pas de pouvoir de décision. Les gens y travaillant ne peuvent s’enrichir ou acquérir du pouvoir en y travaillant, car ils sont rémunérés en fonction de leur effort. Aucune déviation ne peut offrir d’avantages substantiels. Tout le monde peut pouvoir contrôler, évaluer le travail du bureau. Information complète, libre et disponible.

  17. 3) Rémunération Sur quelle base devrait-on être rétribués dans une bonne économie? Il y a cinq grands standards de rémunération possible, qui peuvent être combinés: 1) Rémunérer la propriété Si je possède un terrain ou une machine, j’ai le droit de disposer du revenu qui en est tiré. 2) Rémunérer selon la contribution de chacun à la production Si Nicolas cueille plus d’oranges que moi dans le même laps de temps, il sera mieux payé (peut-être est-il plus fort que moi, peut-être a-t-il de meilleurs outils, ou a plus d ’expérience…) 3) Rémunérer en fonction du pouvoir des différents acteurs. Inclut la tricherie, la volonté et la possibilité d’écraser les autres, mon pouvoir de négociation (si je suis une femme seule avec enfants, je suis contrainte d ’accepter plus vite un contrat précaire que qq d ’autres, et les comportements anti-sociaux qui paient: racisme, sexisme... 4) Rémunérer selon l’effort et le sacrifice 5) Rémunérer selon le besoin (maxime distributive de nombreux anarchistes, et des communistes: «lorsqu ’on aura atteint une société d ’abondance»).

  18. La société capitaliste rémunère la propriété, le pouvoir et dans une moindre mesure la contribution de chacun à la production.Les économies de marchés socialistes, qui se sont débarrassés de la propriété rémunèrent en fonction de la contribution de chacun à la production et en fonction des rapports de pouvoir. Albert propose de rémunérer uniquement selon l’effort et le sacrifice des personnes dans leur travail (exceptés ceux qui ne peuvent travailler). Si l’on comprend facilement pourquoi il ne cautionne pas la rémunération selon la propriété et les rapports de pouvoir, pourquoi pas selon la contribution de chacun à la production ou uniquement selon les besoins? 1) La rémunération selon la contribution n’est ni équitable, ni utile pour des raisons d ’efficacité. A) Si Nicolas est plus fort que moi ou a plus de facilité à résoudre des équations mathématiques, en quoi est-il plus méritant? Ce principe revient à rémunérer en fonction de la loterie génétique… B) En quoi davantage rémunérer Nicolas va-t-il l’encourager à contribuer encore plus ou à faire plus d ’effort plutôt que de le rémunérer en fonction de son effort? En rien. En quoi me rémunérer moins parce que je produis moins va-t-il m ’encourager à être plus performant? En rien.

  19. 2) Rémunérer en fonction du besoin seulement n ’est pas équitable Le problème, c’est le dilemme du passager clandestin. Dans une bonne économie, si une personne peut travailler et ne le fait pas parce qu’elle souhaite davantage de loisirs pour elle, ce sont les autres qui doivent travailler pour subvenir à ces besoins. Non seulement ce n’est pas équitable, mais cela va contre le principe de solidarité puisque les personnes contribuant à la production auront un ressentiment par rapport à la personne «oisive». Albert propose donc la norme de l ’effort pour les personnes capables de travailler, qui choisiraient des emplois adaptés à leur capacités, goûts, etc. Les personnes en incapacité de travailler toucheraient le revenu moyen. Tous bénéficieraient de biens publics gratuits comme l ’éducation, la santé. Que signifie « effort et sacrifice »? Peut prendre de nombreuses formes, citons notamment: davantage d’heures de travail, travail plus intense, moins plaisant, dangereux, mauvais pour la santé. Mais comment mesurer cet effort? N ’est-ce pas trop difficile ou subjectif? Un critère important est bien sûr le nombre d ’heures de travail. L ’intensité et l ’application sont ensuite des critères qui peuvent être évaluées sur le lieu de travail par les collègues, réunis au sein d ’un comité d ’évaluation par exemple.

  20. Albert prétend que cela ne serait pas trop compliqué. Pour lui la pondération de l ’effort ne devrait pas dépasser le 10, 20 % du revenu moyen, à la hausse ou à la baisse. Il s ’agirait d ’un taux d ’effort sous la forme d ’une pourcentage multiplicateur: 1.1 / 1.2/ 0.8/ … Des systèmes d ’évaluation différents pourraient être adoptés par chaque comité de travailleurs selon les besoins de l ’endroit, les comportements de travailleurs, etc. Problème de la formation: une personne bien formée devrait-elle toucher davantage qu’une personne n ’ayant pas fait d’étude? Non, pour Albert, on ne peut ni le justifier pour des raisons éthiques, ni pour des raisons d’efficacité ou d’incitation à faire des études. Pour lui, il convient de rémunérer les personnes pendant leur formation, au même taux que si elles travaillaient, avec un taux d’effort correspondant à leur effort et à la pénibilité reconnue de ces études. Entre entamer une formation de chirurgien, de politologue, ou d ’ingénieur, très enrichissante et épanouissante et aller travailler pendant la même période comme caissière, secrétaire, ou mineur de fonds, Albert pense que la plupart des gens opteraient pour le premier. Il n ’y a donc pas de raison de donner une motivation particulière aux gens pour qu ’ils étudient, autre qu ’un revenu garanti pendant leurs étude. S ’il fallait les motiver, il suffirait de les rémunérer davantage pendant leurs études.

  21. 4) Division équitable du travail: les ensembles équilibrés de tâches Certains emplois permettent d ’acquérir un certain pouvoir, notamment parce qu’ils donnent accès à l ’information, l’accès à la connaissance et à de nombreuses compétences et l’habitude de réfléchir en termes complexes. D’autres sont répétitifs, purement manuels et ne donnent pas accès à ce pouvoir. Et bien sûr, certains emplois sont pénibles et d’autres particulièrement plaisants. Pour Albert, il convient de partager ces tâches. Non seulement pour une raison d ’équité: pourquoi seulement les autres devraient sortir les poubelles, nettoyer les sols ou réparer des chaussures, mais aussi et surtout pour des raisons liées à l ’autogestion, autrement dit à la démocratie. Imaginons une entreprise dont la division du travail est classique. On décide que tout le monde a le droit de vote pour gérer l’entreprise. Il est prévisible que les ingénieurs et les cadres qui ont accès à l ’information et à la connaissance des activités de l’entreprise, qui ont l ’habitude des réunions de gestion et ont acquis toutes sortes d’aptitudes sociales et la confiance en eux domineront largement les décisions.A l ’opposé, le nettoyeur n ’aura ni l ’énergie, ni la confiance, ni la connaissance et les compétences pour jouer un rôle comparable.Il convient d’égaliser les conditions qui permettent à tous les acteurs de développer leur capacité de participer aux décisions collectives.

  22. Si on maintient la division du travail actuelle, on ne permet donc pas l ’autogestion et la démocratie et à terme. Au final, la classe coordinatrice qui se maintiendra rétablira même ses conditions salariales antérieures. Mais comment concrètement établir un système qui permette à tout le monde de réaliser des tâches qui soient comparables d’un point de vue des responsabilités? (Bien souvent les tâches à responsabilités et à haute qualité de vie se recoupent. Lorsque cela n ’est pas le cas, la qualité de vie sera compensée des différences de rémunération). Chaque lieu de travail devra désigner des types de tâches correspondant à un certain niveau de responsabilité, notés sur une échelle de 1 à 20, du moins empowering au plus empowering. 1 laver les toilettes du magasin, à 20 déterminer les produits à acheter auprès des fournisseurs par exemple. La moyenne étant 7 par exemple pour un magasin d ’alimentation, chacun a une combinaison de tâche formant un emploi qui a pour moyenne 7.

  23. Mais chacun va normalement devoir travailler à l’extérieur de l’entreprise si son lieu de travail n’est pas dans la moyenne. Car on ne veut pas que certaines entreprises dominent les autres en matière de prise de décision au sein des conseils. Le travail de la mine pourrait par exemple être classé à 4, une fabrique de chaussure à 7, une école à 11, et un centre de recherche à 14. Si la moyenne au sein de la société est de 10, il faut accomplir une ou plusieurs tâches dans des lieux de travail plus ou moins gradés pour pouvoir équilibrer, car il ne faudrait pas que certaines personnes soient désavantagées parce qu ’elles travaillent dans des lieux moins quotés. Exemple: lundi, je dépoussière les archives de ma librairie, mardi, je fais les comptes de la librairie, mercredi je lis des livres de manière à pouvoir choisir ceux que je veux avoir dans ma librairie et vendredi je vais ramasser les poubelles en Ville. Les décisions de classement des activités de 1 à 20 seraient prises par des comités d’ensemble de tâches élus par les conseils de travailleurs, pour chaque entreprise et pour l ’ensemble de la société également. (Le processus d ’attribution de note (1 à 20) et la constitution d’ensembles équilibré de tâches pour chaque emploi est bien sûr compliqué.) Mais c ’est la seule manière selon Albert de permettre l ’autogestion. Il précise que des ensembles équilibrés de tâches parfaits n’existeront pas. Mais ils permettront une redistribution conséquente du pouvoir dans les entreprises.

  24. Principal argument contre cette redistribution des tâches Ne risquons-nous pas de réduire la productivité? Un chirurgien qui passe la moitié de son temps à faire des lits, c ’est gaspiller la rareté des ressources en le permettant pas de tirer le maximum de sa formation. Oui c ’est vrai, répond Albert. Mais avez-vous pensé à l ’apport pour la société des 80% de la population qui sont cantonnés dans des emplois répétitifs et peu créatifs. Il y aurait un gain énorme en créativité, en talent et compétence car ces personnes ne sont pas en mesure aujourd’hui de développer tous leurs potentiels. C ’est le gain que permettrait une redistribution des tâches. Aujourd’hui, la majorité est condamnée à diverses formes de servitude, ce qui est le produit, non d ’un manque d ’aptitudes, mais d ’un système scolaire déresponsabilisant et de conditions de vie dégradantes. (Par ailleurs, si on tient compte d’une part du temps consacré à l’encadrement à la surveillance qu ’on économiserait, on y gagnerait en productivité.) Même s ’il y avait une baisse de productivité, ce qui n ’est pas le cas à son avis, rappelons que l ’objectif n ’est pas de maximiser la production, mais de garantir une production et une capacité de développement qui satisfassent les besoins en renforçant les valeurs auxquelles nous aspirons.

  25. 5) Autogestion: quel principe doit gouverner la décision? L ’établissement de conseils de travailleurs et de consommateurs, au niveau des quartiers et des lieux de travail notamment, la planification participaliste et la répartition équilibrée des tâches devraient permettre de créer les conditions d ’une véritable autogestion, autrement dit une gestion de l ’économie véritablement démocratique. Mais Albert donne une définition innovatrice de l ’autogestion. Pour lui, l ’autogestion se réalise lorsque chacun a de l ’impact sur une décision à proportion qu ’il est affecté par cette décision. Un exemple simple: Si un employé de bureau veut mettre de la musique dans son bureau pendant les heures de travail. Les travailleurs de la même entreprise devraient-ils avoir le même poids dans la décision de permettre ou d’interdire de le faire que l ’employé qui se trouve juste à côté de lui? Un conseil de consommateurs qui se trouve proche d’une nouvelle usine d ’incinération ne devrait-il pas avoir plus de poids dans les décisions par rapport à cette usine que les conseils d ’autres régions?

  26. Il découle de ce principe qu’il n’y a pas une seule seule méthode applicable en matière de prise de décision au sein d ’un groupe ou d’une région: règle majoritaire, 2/3 des votes, consensus ou décision d’une seule personne. Tout dépend de la situation en question. Mais il faut avoir un principe qui guide le choix de la méthode au cas par cas. Une règle majoritaire peut léser gravement une grande minorité. A l’inverse, la règle du consensus peut bloquer des décisions de manière injustifiée, et prendre trop de temps dans une situation assez urgente. Des cas extrêmes peuvent même nous amener à déroger à cette règle: un raz de marée va nous affecter dans la prochaine demi-heure, il serait peut-être plus adéquat qu ’un expert prenne seul la décision, plutôt que d ’engager un processus démocratique de longue haleine.

  27. Il y a deux types de connaissances nécessaires aux décisions peuvent prendre deux formes: 1. La connaissance technique à propos de l’objet de la décision, son contexte et ses conséquences probables. D ’où très souvent la nécessité d ’avoir des experts, des gens ayant étudié la question. 2. L ’appréciation personnelle de chacun sur la manière dont une décision va l ’affecter personnellement. Je suis le mieux placé pour évaluer les conséquences qu ’une situation donnée aura sur moi. Autrement dit, nous sommes tous les plus grands experts du monde en ce qui concerne nos propres appréciations. A nouveau un exemple: Si vous êtes chimiste et connaissez les risques liés à la peinture au plomb, et moi peintre ne connaissant pas la chimie, mais informé des ces risques à travers vous, cela ne veut pas dire que ce sera vous qui devrez décider si je l ’utilise ou pas ou si elle doit être interdite. Ce sont bien sûr les personnes affectées qui doivent prendre la décision. Mais elle doivent être correctement informées pour pouvoir le faire. D’où l’importance que la société soit organisée pour assurer la fiabilité, la diversité et l’impartialité des sources d ’information. C’est indispensable pour que chaque individu ou chaque groupe puisse élaborer ses préférences et les faire valoir.

  28. Conclusion

More Related