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Prof. Nicky LE FEUVRE Université de Lausanne Labso - Institut des Sciences sociales

COURS DE LA CHAIRE JACQUES LECLERCQ 6 – 10 octobre 2014, 14h00-17h15 LANSO1391D – SOC Auditoire MONT 1. Prof. Nicky LE FEUVRE Université de Lausanne Labso - Institut des Sciences sociales.

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  1. COURS DE LA CHAIRE JACQUES LECLERCQ6 – 10 octobre 2014, 14h00-17h15LANSO1391D – SOC Auditoire MONT 1 Prof. Nicky LE FEUVRE Université de Lausanne Labso - Institut des Sciences sociales

  2. De la société salariale à la société de l’individualisme : Défis pour la sociologie du travail et du genre 2ème séance Mardi 7 octobre 2014

  3. PLAN DES COURS Cours N°2: • Ce que la « société salariale » implique pour la division sexuelle du travail et pour le genre: • Variabilité des « cultures de genre »: Outils d’analyse et pratiques sociales (Pfau-Effinger) • Articulation des niveaux de régulation des « cultures de genre »: le rôle des institutions intermédiaires • Comme le travail domestique et le travail à temps partiel reviennent aux femmes (Battagliola);

  4. La DST lors du processus d’industrialisation La sociologue allemande Birgit Pfau-Effinger (1993, 2004) a analysé les effets du processus d’industrialisation sur la DST dans différents contextes nationaux. Elle cherche surtout à comprendre l’origine de la variabilité qui marquent à la fois les taux d’activité professionnelle des femmes dans différents contextes sociétaux et les modalités de leur intégration sur le marché du travail, notamment les différences de développement du travail féminin à temps partiel.

  5. La DST lors du processus d’industrialisation A partir d’une comparaison de l’Allemagne, des Pays-Bas et de la Finlande, elle observe plusieurs différences majeures: en matière de taux d’activité; de taux de travail à temps partiel; de travail à temps partiel‘contraint. Pour comprendre la variabilité des « solutions » organisationnelles trouvées à la séparation des espaces de production et de reproduction lors de l’industrialisation, elle propose de regarder de plus près les mécanismes de ce processus, selon trois indicateurs empiriques majeurs:

  6. La DST lors du processus d’industrialisation • La nature de l’organisation de la production agraire qui précède le début de l’industrialisation, dont les normes d’organisation familiale et la place traditionnelle des femmes au sein de la société rurale ; • Les modalités de l’industrialisation, dont plus précisément: a) le moment historique du début de l’industrialisation, au regard du développement rural et des institutions étatiques et :

  7. La DST lors du processus d’industrialisation 2. b) Le fait que l’industrialisation se soit inscrite dans la continuité des structures sociales, économiques et culturelles agraires ou se soit, au contraire, opérée par une rupture radicale par rapport aux structures de la société traditionnelle; 3. Le système de valeurs (notamment du point de vue de la répartition sexuée des tâches) de la classe ou de la strate sociale qui a joué le rôle le plus important dans ce processus de transition vers le capitalisme industriel. (Pfau-Effinger, 1993 : 398).

  8. Cadre analytique: les « cultures sociétales » de genre • Elaboration d’un corpus important de recherches sur les processus de mise au travail des femmes dans différents contextes sociétaux (nationaux), en réaction à la typologie des régimes de protection sociale proposée par le sociologue danois GostaEsping-Andersen (1990); • Une pluralité d’outils conceptuels (« modèles », « contrats », « régimes », « cultures », « arrangements », « configurations » de genre, etc.) qui visent à décrire les injonctions normatives en matière de mise au travail (salarié & domestique / de care) des hommes et des femmes.

  9. Un exemple: la « culture de genre » chez Birgit Pfau-Effinger (2004) • Il s’agit de caractériser la variabilité des configurations sociales en matière de division sexuelle du travail (taux d’activité des femmes, importance des formes atypiques d’emploi, répartition sexuée du travail de care, etc.) • Pour sa part, la sociologue allemande Birgit Pfau-Effinger (2004) propose de caractériser la « culture de genre » dominante dans tel ou tel contexte socio-historique à l’aide de quatre « dimensions centrales »:

  10. La « culture de genre »: indicateurs • L’idéal social qui désigne les principales sphères d’activité par lesquelles les femmes et les hommes devraient « normalement » être intégré.e.s à la société et la nature des relations entres ces sphères (symétrie versus complémentarité) ; • La manière dont les relations de dépendance entre les hommes et les femmes sont socialement constituées (autonomie versus dépendance unilatérale ou mutuelle) ;

  11. La « culture de genre »: indicateurs c) la construction sociale des relations intergénérationnelles (ex. nature des droits et devoirs des parents à l’égard de leurs enfants, des enfants à l’égard des parents âgés dépendants, des époux entre eux/elles); d) la sphère sociale à laquelle les activités de care(prise en charge de la dépendance) sont prioritairement dévolues (la famille, l’Etat, le marché, le secteur associatif, etc.).

  12. La « culture de genre »: indicateurs Ces 4 dimensions peuvent se combiner de plusieurs manières et ces combinaisons correspondent aux différentes « cultures de genre », qui prescrivent chacune des modèles normatifs de comportement aux hommes et aux femmes et dessinent des formes multiples de parcours de vie, plus ou moins différenciées selon l’appartenance sexuée. Les individus sont + ou – « contraint.e.s » par ces arrangements institutionnels dans la vie de tous les jours (Bühlmann et al, xxxx)

  13. La « culture de genre »: Utilité Cette perspective d’analyse permet donc de rendre compte des processus distincts d’institutionnalisation des inégalités de sexe, sur le marché du travail et dans les systèmes de protection sociale: • Il y a une variabilité historique, qui ne correspond pas à une distinction trop simpliste entre sociétés traditionnelles (inégalitaires) et sociétés « modernes » (éventuellement plus égalitaires ou moins discriminantes…)

  14. La « culture de genre »: Utilité • Les principes de la division sexuelle du travail qui sont adoptés + valorisés lors du développement du système de protection sociale exercent une influence durable sur tous les aspects de l’organisation sociale et sur les « préférences » des individus • En matière de genre, les sociétés sont donc caractérisées par une certaine « dépendance au sentier » (pathdependancy) qui rend des innovations (ou des transgressions) plus ou moins faciles à envisager.

  15. La « culture de genre »: Utilité Une telle perspective permet: • De rendre compte des différences entre pays en matière d’organisation du travail salarié et de répartition du travail domestique + de care • De comprendre qu’une même pratique (ex. le travail à temps partiel des femmes) ne sera pas plébiscitée de la même manière selon le contexte sociétal • Qu’il y a une forme « d’encastrement » des normes de genre dans l’ensemble de l’organisation sociale.

  16. La « culture de genre »: Un exemple La comparaison Allemagne / Finlande. Au 20ème siècle, ces deux pays manifestent des « cultures de genre » très différentes: Allemagne: Taux moyen d’activité des femmes; taux élevé de temps partiel (chez les mères), carrières féminines plutôt discontinues, écarts importants de salaires H/F. Finlande: Taux élevé d’activité des femmes; taux faible de temps partiel (surtout chez les mères), ségrégation horizontale importante, mais écarts de salaires H/F plutôt faibles.

  17. La « culture de genre »: Un exemple Cette mise en perspective historique permet à Pfau-Effinger de proposer une typologie des « cultures de genre » présentes sur le continent européen, au moment de l’apogée de la « société salariale » (milieu du 20ème siècle). Cette typologie vise à rompre avec les tendances évolutionnistes qui guettent souvent les analyses comparatives du genre et de la DST (sociétés « avancées » / «  en retard »). > 5 types (+ 1 que nous proposons de rajouter)

  18. Exemple de la comparaison Allemagne – Finlande (Pfau-Effinger, 1993) Allemagne Industrialisation précoce (19e siècle); Rupture radical avec la société agraire (urbanisation); Rôle moteur de la bourgeoisie financière et urbaine; Conception de l’État providence à partir du modèle du « male breadwinner » Finlande Industrialisation tardive (début 20e siècle); Continuité avec les structures sociales de la société agraire; Rôle moteur des petits propriétaires agricoles (sylviculture); Conception de l’État providence à partir du modèle du « adultworker »

  19. 1. Le modèle de la « famille économique» • présent dans les sociétés en transition vers un système capitaliste industriel, même s’il perdure comme modèle minoritaire dans d’autres contextes sociétaux contemporaines (ex. certaines professions libérales). • se caractérise par une forme de coopération institutionnalisée entre hommes et femmes dans le cadre d’unités de production de petite taille (exploitations agricoles, etc.), où la contribution des femmes à la survie économique de l’unité s’avère substantielle. • du fait d’un enchevêtrement des espace-temps de travail et de non travail, la gestion conjointe des activités productives et reproductives s’opère de manière relativement souple, sans que la présence d’enfants en bas âge ou d’autres personnes dépendantes ne modifie radicalement la participation des femmes aux activités proprement productives.

  20. 2. Le modèle du « male breadwinner / femalecarer» (homme pourvoyeur) • différenciation forte des compétences et domaines d’intervention sociale des hommes et des femmes • les mères sont généralement dispensées d’un investissement continu dans une activité rémunérée tout au long de la vie, alors que le travail représente la voie unique d’intégration sociale des hommes (pères). • En contrepartie de leur accès à un « salaire familial », les femmes participent à la production de services de care destinés à assurer le bien-être des groupes les plus démunis de la société (enfants, personnes âgées ou dépendantes).

  21. 3. Le modèle du « modified male breadwinner» • il donne lieu à la création de modalités spécifiques d’intégration partielle et généralement discontinue des femmes dans les activités productives rémunérées (dont le travail à temps partiel constitue la forme emblématique) • sans pour autant modifier en profondeur les principes d’une organisation différenciée des formes d’intégration sociale en fonction de l’appartenance sexuée (et du statut matrimonial ou parental) • Ici, les femmes sont « actives », mais autrement que les hommes. Elles peinent à atteindre l’autonomie économique et financière.

  22. 4. Le modèle «adulte travailleur / l’état pourvoyeur de care» • correspond aux principes de la « citoyenneté laborieuse » (Beck, 2000), où hommes et femmes sont tenu.e.s d’assurer leur propre survie économique par le biais d’une activité productive rémunérée tout au long de la vie, quel que soit leur statut matrimonial ou parental. • afin de soutenir les parents de jeunes enfants, une partie des activités de care est externalisée et prise en charge par le biais de services collectifs (de santé, d’éducation, etc.) financés par les organismes publics (source de multiples emplois féminins). • il correspond au modèle développé dans les sociétés socio-démocrates du Nord de l’Europe (modèle dit scandinave).

  23. 5. Le modèle «pourvoyeurs duals de ressources et de care »: • la responsabilité pour le maintien du bien-être des membres les plus fragiles de la société est toujours renvoyé prioritairement vers la sphère familiale, mais avec une réorganisation structurelle de marché du travail, permettant aux femmes et aux hommes – ensemble ou indépendamment les uns des autres - de combiner sous différentes formes des activités productives rémunérées et des activités non rémunérées de care. • ici, l’Etat intervient plutôt comme instance de régulation du marché du travail, par le biais de mesures visant à favoriser la réduction du temps de travail, la flexibilité horaire et des congés liés aux responsabilités ponctuelles de care des salarié.e.s des deux sexes.

  24. 6. Le modèle «adulte travailleur / marché pourvoyeur de care» • ici, l’externalisation des charges de care ne s’opère pas par le biais de services publics (avec un souci d’équité et de redistribution verticale des ressources), mais plutôt par le biais de services marchands. • la « commodification » (Lewis, 2007, 1998) des activités de care passe par le développement de services marchands (payants), auxquels les individus accèdent plus ou moins facilement en fonction des revenus qu’ils/elles retirent de leur travail rémunéré. • Ce modèle produit une différenciation importante dans la manière de combiner les activités productives et reproductives, non pas entre les sexes, mais entre différentes catégories sociales (et/ou ethniques) de femmes, se traduisent par une polarisation potentielle des expériences féminines en la matière (Le Feuvre & Andriocci, 2005).

  25. Traduction de ces « cultures de genre » dans les courbes de l’activité (féminine) en Europe

  26. Taux d’activité à temps partiel selon le sexe, l’âge et le pays, 2006

  27. Evolution de la part du travail domestique au sein des couples effectuée par des hommes, 1980s - 2006

  28. L’utilité de cette approche conceptuelle pour analyser la DST? • Il s’avère indiscutablement intéressant de dessiner le cadre normatif au sein duquel hommes et femmes décident des modalités concrètes de leurs investissements professionnels et familiaux • Il est également important de souligner à quel point ce cadre est contraignant (certains contextes permettent de faire des choix que d’autres contextes n’offrent pas, notamment aux femmes). • Les « cultures de genre » sont pensées de manière évolutive et dynamique dans te temps (historicité des rapports sociaux de sexe).

  29. L’utilité de cette approche conceptuelle pour analyser la DST? Néanmoins, ces approches comportent au moins deux écueils: • Elles peinent à penser la variabilité des expériences féminines (du travail salarié et du care) au sein même d’un contexte sociétal donné, notamment en fonction des appartenances de classe. • Elles restent plutôt fondées sur l’idée d’une assignation prioritaire des femmes à la sphère domestique, alors que l’Europe s’oriente depuis une dizaine d’années vers l’adoption / imposition de la « citoyenneté laborieuse » pour les 2 sexes.

  30. La variabilité (de classe) des expériences féminines? • Quel que soit le contexte sociétal, les comportements d’activité des femmes varient fortement en fonction de leur « capital scolaire »; • Les femmes diplômées tendent partout à adopter les principes de la « citoyenneté laborieuse » (malgré un « coût » personnel variable pour elles de ce modèle d’activité, selon le contexte); • Les « cultures de genre » sociétales se manifestent, en réalité, surtout chez les femmes les moins diplômées (induisant des inégalités + ou – fortes entre femmes d’un même pays).

  31. Taux d’activité des femmes âgée de 25 à 49 ans, selon niveau d’études, 2013

  32. Synthèse intermédiaire • Les approches en termes « cultures / contrats de genre » sont utiles pour rappeler que les rapports hommes / femmes ne se configurent pas de manière identique dans tous les contextes socio-historiques • Capacité à penser l’historicité du genre • Elles sont moins utiles pour rendre compte des variations internes à un contexte socio-historique donné (par âge, classe, ethnicité) • Difficulté à penser les changements de paradigme en matière de modèles d’égalité

  33. Précisions définitionnelles • Le taux d’activité exprime le rapport à la population d’âge actif (15 à 64 ans) des personnes qui se présentent effectivement sur le marché du travail, qu’elles soient occupées ou chômeuses. Ce taux traduit donc un comportement par rapport au marché du travail, comportement qui est lui-même fonction d’un nombre considérable de variables tenant autant à l’individu, à sa famille et à sa culture, qu’au contexte économique et institutionnel dans lequel il évolue.

  34. Précisions définitionnelles • Le taux d’emploi rapporte à la population en âge de travailler (15 à 64 ans) le nombre de personnes qui ont effectivement un emploi (population active occupée). Il donne une idée de la participation effective à l’emploi d’une population qui pourrait potentiellement travailler. Dans le cadre de la stratégie européenne EU 2020, l'objectif de taux d'emploi a été fixé pour la catégorie des 20-64 ans.

  35. Précisions définitionnelles • Le taux de chômage rend compte de la proportion des personnes qui, dans la population active, sont sans emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles pour occuper un emploi. Il mesure le déséquilibre entre l’offre et la demande de travail. Source: http://www.iweps.be/taux-dactivite-taux-demploi-et-taux-de-chomage-par-commune-calibres-sur-lenquete-sur-les-forces-de

  36. Deuxième partie de séance Comment les formes atypiques d’emploi (et le travail domestique) reviennent-ils aux femmes? Battagliola, Françoise (1984) « Employés / employées: Trajectoires professionnelles et familiales  », In ouvrage collectif (dir.) Le sexe du travail, Presses universitaires de Grenoble: 57-70.

  37. Comment le travail domestique et le travail à temps partiel reviennent-ils aux femmes? Méthodologie de suivi diachronique des trajectoires professionnelles et familiales des hommes et des femmes (de niveau de qualification identique au départ) au sein d’une même entreprise (la Sécurité sociale en France). • Analyse de la rhétorique de justification des « lignes de carrière » différenciées selon l’appartenance sexuée; • Analyse des mécanismes précis de reproduction de la division sexuelle du travail (professionnel & domestique); • Analyse du rôle du travail à temps partiel dans les trajectoires féminines (et masculines).

  38. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail La démarche innovante de cette recherche se trouve dans le refus d'analyser ces formes spécifiques ou atypiques du travail salarié uniquement en fonction des ‘besoins’ supposésdes femmes. Alors que les analyses en termes de rôles de sexe présentent le plus souvent le travail à temps partiel comme une solution idéale pour les femmes qui cherchent à ‘concilier’ leurs rôles parfois contradictoires de mère, épouse et travailleuse, les recherches en termes de rapports sociaux de sexe soulignent les inévitables impasses théoriques d’une telle approche analytique.

  39. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail En effet, en l'absence d'une remise en question simultanéede la division sexuelle du travail domestique (celle-ci étant renvoyéedu côté du ‘naturel’, donc, implicitement du moins, aux fondements biologiques), il est impossible de saisir l'importance de l'articulation dialectique entre la sphère de la production économique et celle de la reproduction domestique dans le processus de reproduction de la division sexuelle du travail. En effet, comme le souligne Françoise Battagliola :

  40. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail « La différenciation selon le sexe des emplois occupés et des cheminements professionnels s'appuie sur les positions différentes des hommes et des femmes dans la sphère de la reproduction, mais n'en résulte pas directement. C'est en effet également à travers une politique de gestion du personnel, un ensemble de règles informelles et les stratégies des agents, que se met en place et se reproduit la division sexuelle du travail dans le cadre de la production. La division technique du travail qui tend à masquer, à travers sa rationalité, la division sexuelle, la recoupe en fait quasiment totalement. » (Battagliola, 1984 : 63).

  41. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail Dans son analyse des trajectoires professionnelles et familiales des hommes et des femmes employé.e.s à la Sécurité sociale, Françoise Battagliola (1984) tente de saisir les mécanismes objectifs et subjectifs de cette articulation dialectique. Elle montre comment, dans les années 1980, les hommes et les femmes entrent très jeunes à la Sécurité sociale (mais dans les proportions d'un homme pour dix femmes), et avec des niveau de formation comparable (BEP ou CAP d'employé.e de bureau / agent administratif).

  42. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail Au début de leur carrière ils et elles occupent les mêmes emplois en bas de l’échelle, mais, avec l'ancienneté dans l'institution une nette différenciation apparaît: « Au bout d'une dizaine d'années d'ancienneté, les personnes interviewées occupent en effet des positions très différentes selon qu'il s'agit d'hommes ou de femmes. » (Battagliola, 1984 : 64). Hommes > postes d’encadrement / postes avec une grande autonomie opérationnelle (déplacements) Femmes > toujours des employées de base (aucune promotion féminine observée).

  43. Gestion flexible de la main-d’œuvre et division sexuelle du travail En effet, les hommes bénéficient directement de leur place minoritaire dans l'institution. En raison de la relative rareté des postes intéressants et des possibilité de suivre les formations, ceux-ci sont pris en charge par les agents d'encadrement (masculins) qui font suivre aux jeunes recrus de leur service les mêmes cheminements qu'eux-mêmes ont suivies: « Cette discrimination n'est pas tant recherchée pour elle-même qu'elle ne résulte d'un ensemble de pratiques quotidiennes, d'habitus en actes » (Battagliola, 1984 : 65).

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