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Maîtrise de la langue en LP. Le lexique Elisabeth GRIMALDI, MCF Sciences du langage, UMR 7597 Lycée de l’Etoile, GARDANNE, 31/01/2012. Apprentissage souvent décevant né de la différence entre l’acquisition (lexique en compréhension ) et le réinvestissement (lexique en production )
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Maîtrise de la langue en LP Le lexique Elisabeth GRIMALDI, MCF Sciences du langage, UMR 7597 Lycée de l’Etoile, GARDANNE, 31/01/2012
Apprentissage souvent décevant né de la différence entre • l’acquisition (lexique en compréhension) et • le réinvestissement (lexique en production) Apprentissage complexe • une acquisition en extension doit être associée à • une construction conceptualisée Sans structuration le lexique se disperse dans une mémoire « sans fond »
théorique • didactique Double nécessité Lexique soumis à des structures • Forme :en synchronie • dans l’histoire de la langue • Sens • Didactique Mémorisation • Nécessité de mettre les mots en réseau • Théorique • Mise en ordreorganisationde la mémoire • Activationde la mémoire
Relations de forme • En « diachronie » : inscrites dans l’histoire du mot étymologie • En « synchronie » : Relations de forme perçues par le locuteur, à un instant de la pratique langagière • Dérivation : familles de mots • Mots composés • Sigles • Mots valises • Emprunts • ne pas confondre le traitement de ces deux aspects
Relations de sens • Synonymie :mots qui ont des sens en commun • Antonymie :mots qui se sont opposés par certains sens • Hyperonymie :sens commun à plusieurs mots, mots fédérés par un sens commun • Polysémie • Capacité des mots à avoir plusieurs sens • Par métonymie • Par élargissement des sens : • Par glissement de sens (analogie) • Par spécialisation de sens
Pistes de travail • Prévoir des « passages obligés » : des séances de structuration, courtes, sur les points énumérés ci-dessus (dont les nominalisations en –tion, -ment, -age…) • Travailler sur des listes longues • Ne pas éviter les difficultés (cas non canoniques, le vocabulaire s’est construit par l’usage, par l’histoire, d’où les variantes) • Insérer ces interventions à l’occasion de « rencontres » : textes, écriture, mais aussi consignes, élucidation d’un lexique technique (technique de l’enseignement du français) • Pratiquer des « relances » • Le travail technique étant installé dans le cours de français, il peut arriver que les enseignants des disciplines techniques aient recours à ces acquis pour éclairer le vocabulaire de la discipline
Résumé du texte « Ressources » EDUSCOL 2009 I. Le lexique Enseigner le lexique : une nécessité • constat :un nombre d’élèves en lycée professionnel disposent d’un vocabulaire limité, • obstacle à la lecture cursive d’un texte • faiblesse de leurs productions. Développer le vocabulaire des élèves : un objectif prioritaire Quel lexique ? Deux catégories : • un lexique qu’on peut qualifier d’ « usuel » : travaillé dans l’objet d’étude. • un lexique « thématique » • emploi de termes propres et spécifiques aux domaines des sciences et des techniques évoqués.
Le lexique « usuel » • Les mots les plus usuels sont aussi les plus polysémiques et ceux qui représentent un obstacle pour les élèves • Connaître le sens précis de ces mots usuels et polysémiques facilite également l’entrée dans des notions complexes. • Connaître le sens précis d’un mot usuel et polysémique aide le passage d’un objet d’étude à un autre. L’élève établira ainsi des relations de sens entre ces mots et constituera un réseau étendu de para-synonymes.
Le lexique thématique • En lien avec un objet d’étude, l’enseignement d’un lexique thématique vise à développer le vocabulaire des élèves pour qu’ils puissent s’exprimer de façon juste, précise et nuancée en fonction du sujet posé et du texte attendu. Exemples • En Première, « le lexique de la morale et du droit » ouvre vers • des séries de mots, comme « principe, conscience, injuste, arbitraire, autoritaire, code, loi, plaidoyer…. ». • En Terminale, étudier « le lexique du jugement » des séries de mots, « accepter, apprécier, réfuter, concéder, rejeter…. », étudier « le lexique du discours » des séries de mots, « conversation, déclaration, allocution, conférence, cours, commentaire… ».
2. Quelles démarches et quelles activités ? • Cet enseignement systématique du lexique doit répondre à un objectif de formation et être lié aux activités de lecture, d’écriture et d’oral. Il se fonde sur un entraînement régulier qui les prépare ou les accompagne. Il s’appuie sur des exercices qui favorisent son appropriation et mettent, chaque fois, en relation l’étude du lexique et celle de la syntaxe et du discours. • Pour développer la compréhension active des mots, le professeur propose ainsi aux élèves divers exercices de classement • Lier le lexique et le discours • Le sens du mot change selon le contexte et selon la construction de la phrase dont il dépend. • La nominalisation (condenser et résumer),
U S U E L T H É M A T I Q U E
BEAU / LAID ?? On se propose d’aborder la réflexion sur le « beau » par • une exploration du champ lexical construit autour du mot « beau » • Un parcours de quelques portraits de personnages, choisis dans la Comédie Humaine Le champ lexical sera construit par : • Les appels synonymiques (joli, magnifique, gracieux, ….) • Les correspondances antonymiques ( laid, affreux, horrible..) En se posant la question des correspondances : y a-t-il correspondance terme à terme ? Non, et la mise en regard des termes est riche de sens • Les mots de même famille : grâce, disgracié/ disgracieux, horreur… • Les locutions : beau temps, c’est du beau! Le bel âge… Les textes pourront prêter à des comparaisons On pourra ainsi se poser des questions sur la représentation du « beau » dans ces textes: quel rapport entre la beauté de Lucien et celle d’Armand de Montriveau. Vautrin est-il laid? Disgracieux? …
Les illusions perdues Lucien se tenait dans la pose gracieuse trouvée par les sculpteurs pour le Bacchus indien. Son visage avait la distinction des lignes de la beauté antique : c'était un front et un nez grecs, la blancheur veloutée des femmes, des yeux noirs tant ils étaient bleus, des yeux pleins d'amour, et dont le blanc le disputait en fraîcheur à celui d'un enfant. Ces beaux yeux étaient surmontés de sourcils comme tracés par un pinceau chinois et bordés de longs cils châtains. Le long des joues brillait un duvet soyeux dont la couleur s'harmoniait à celle d'une blonde chevelure naturellement bouclée. Une suavité divine respirait dans ses tempes d'un blanc doré. Une incomparable noblesse était empreinte dans son menton court, relevé sans brusquerie. Le sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées par de belles dents. Il avait les mains de l'homme bien né, des mains élégantes, à un signe desquelles les hommes devaient obéir et que les femmes aiment à baiser. Lucien était mince et de taille moyenne. A voir ses pieds, un homme aurait été d'autant plus tenté de le prendre pour une jeune fille déguisée, que, semblable à la plupart des hommes fins, pour ne pas dire astucieux, il avait les hanches conformées comme celles d'une femme. Les illusions perdues Lucien se tenait dans la pose gracieuse trouvée gracieuse trouvée par les sculpteurs pour le Bacchus indien. Son visage avait la distinction des lignes de la beauté antique : c'était un front et un nez grecs, la blancheur veloutée des femmes, des yeux noirs tant ils étaient bleus, des yeux pleins d'amour, et dont le blanc le disputait en fraîcheur à celui d'un enfant. Ces beaux yeux étaient surmontés de sourcils comme tracés par un pinceau chinois et bordés de longs cils châtains. Le long des joues brillait un duvet soyeux dont la couleur s'harmonisait à celle d'une blonde chevelure naturellement bouclée. Une suavité divine respirait dans ses tempes d'un blanc doré. Une incomparable noblesse était empreinte dans son menton court, relevé sans brusquerie. Le sourire des anges tristes errait sur ses lèvres de corail rehaussées par de belles dents. Il avait les mains de l'homme bien né, des mains élégantes, à un signe desquelles les hommes devaient obéir et que les femmes aiment à baiser. Lucien était mince et de taille moyenne. A voir ses pieds, un homme aurait été d'autant plus tenté de le prendre pour une jeune fille déguisée, que, semblable à la plupart des hommes fins, pour ne pas dire astucieux, il avait les hanches conformées comme celles d'une femme.
Les secrets de la Princesse de Cadignan D'Arthez lui semblait beau, peut-être l'était-il. Quoiqu'il arrivât à l'âge grave de l'homme à trente-huit ans, il conservait une fleur de jeunesse due à la vie sobre et chaste qu'il avait menée, et comme tous les gens de cabinet, comme les hommes d'Etat, il atteignait à un embonpoint raisonnable. Très-jeune, il avait offert une vague ressemblance avec Bonaparte général. Cette ressemblance se continuait encore, autant qu'un homme aux yeux noirs, à la chevelure épaisse et brune, peut ressembler à ce souverain aux yeux bleus, aux cheveux châtains ; mais tout ce qu'il y eut jadis d'ambition ardente et noble dans les yeux de d'Arthez avait été comme attendri par le succès. Les pensées dont son front était gros avaient fleuri, les lignes creuses de sa figure étaient devenues pleines. Le bien-être répandait des teintes dorées là où dans sa jeunesse la misère avait mélangé les tons jaunes des tempéraments dont les forces se bandent pour soutenir des luttes écrasantes et continues. Si vous observez avec soin les belles figures des philosophes antiques, vous y apercevrez toujours les déviations du type parfait de la figure humaine auxquelles chaque physionomiste doit son originalité, rectifiées par l'habitude de la médiation, par le calme constant nécessaire aux travaux intellectuels. Les visages les plus tourmentés, comme celui de Socrate, deviennent à la longue d'une sérénité presque divine. A cette noble simplicité qui décorait sa tête impériale, d'Arthez joignait une expression naïve, le naturel des enfants, et une bienveillance touchante
La duchesse de Langeais Jamais homme n'eut mieux qu'Armand la physionomie de son caractère, et ne pouvait plus justement intriguer les regards. Sa tête, grosse et carrée, avait pour principal trait caractéristique une énorme et abondante chevelure noire qui lui enveloppait la figure de manière à rappeler parfaitement le général Kléber auquel il ressemblait par la vigueur de son front, par la coupe de son visage, par l'audace tranquille des yeux, et par l'espèce de fougue qu'exprimaient ses traits saillants. Il était petit, large de buste, musculeux comme un lion. Quand il marchait, sa pose, sa démarche, le moindre geste trahissait et je ne sais quelle sécurité de force qui imposait, et quelque chose de despotique. Il paraissait savoir que rien ne pouvait s'opposer à sa volonté, peut-être parce qu'il ne voulait rien que de juste. Néanmoins, semblable à tous les gens réellement forts, il était doux dans son parler, simple dans ses manières, et naturellementbon.
Le père Goriot Le chef alla droit à lui, commença par lui donner sur la tête une tape si violemment appliquée qu'il fit sauter la perruque et rendit à la tête de Collin toute son horreur. Accompagnées de cheveux rouge-brique et courts qui leur donnaient un épouvantable caractère de force mêlée de ruse, cette tête et cette face, en harmonie avec le buste, furent intelligemment illuminées comme si les feux de l'enfer les eussent éclairées.
Pistes de travail :Composantes Illusions perdues Grammaticales: Adjectifs, énumération de substantifs, verbes : répartition et évolution dans le texte Thématiques : lexique du corps, lexique du beau Réel / vrai : évocation des modèles esthétiques le lexique du divin Les secrets de la princesse de Cadignan Thématiques : lexique du corps, caractérisation, comparaisons La duchesse de Langeais lexique de la force positif Le père Goriot Lexique de la force inquiétant
Bel Ami, Maupassant PREMIÈRE PARTIE Chapitre I Quoiqu’habillé d’un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d’un blond châtain, vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d’une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires. DEUXIEME PARTIE- Chapitre X Puis Georges Du Roy parut avec une vieille dame inconnue. Il levait la tête sans détourner non plus ses yeux fixes, durs sous ses sourcils un peu crispés. Sa moustache semblait irritée sur sa lèvre. On le trouvait beau garçon. Il avait l’allure fière, la taille fine, la jambe droite. Il portait bien son habit que tachait comme une goutte de sang, le petit ruban rouge de la Légion d’honneur.
L’œuvre, ZolaCH. I Sandoz allait répliquer, furieux, lorsqu'un juron désespéré de Claude les interrompit. Ce dernier, depuis qu'il s'obstinait au travail, n'avait plus desserré les dents. Il semblait même ne pas les entendre. “Nom de Dieu ! c'est encore raté..., Décidément, je suis une brute, jamais je ne ferai rien !” Et, d'un élan, dans une crise de folle rage, il voulut se jeter sur sa toile, pour la crever du poing. Ses amis le retinrent. Voyons, était-ce enfantin, une colère pareille ! il serait bien avancé ensuite, quand il aurait le mortel regret d'avoir abîmé son œuvre. Mais lui, tremblant encore, retombé à son silence, regardait le tableau sans répondre, d'un regard ardent et fixe, où brûlait l'affreux tourment de son impuissance. Rien de clair ni de vivant ne venait plus sous ses doigts, la gorge de la femme s'empâtait de tons lourds ; cette chair adorée qu'il rêvait éclatante, il la salissait, il n'arrivait même pas à la mettre à son plan. Qu'avait-il donc dans le crâne, pour l'entendre ainsi craquer de son effort inutile ? Était-ce une lésion de ses yeux qui l'empêchait de voir juste ? Ses mains cessaient-elles d'être à lui, puisqu'elles refusaient de lui obéir ? Il s'affolait davantage, en s'irritant de cet inconnu héréditaire, qui parfois lui rendait la création si heureuse, et qui d'autres fois l'abêtissait de stérilité, au point qu'il oubliait les premiers éléments du dessin. Et sentir son être tourner dans une nausée de vertige, et rester là quand même avec la fureur de créer, lorsque tout fuit, tout coule autour de soi, l'orgueil du travail, la gloire rêvée, l'existence entière !
L’œuvre, Zola, ch. IV Et Christine, levant les yeux, regarda le grand tableau, cette toile, tournée l'autre fois contre le mur, et qu'elle avait eu en vain le désir de voir. Les fonds, la clairière sombre trouée d'une nappe de soleil, n'étaient toujours qu'indiqués à larges coups. Mais les deux petites lutteuses, la blonde et la brune, presque terminées, se détachaient dans la lumière, avec leurs deux notes si fraîches. Au premier plan, le monsieur, recommencé trois fois, restait en détresse. Et c'était surtout à la figure centrale, à la femme couchée, que le peintre travaillait : il n'avait plus repris la tête, il s'acharnait sur le corps, changeant le modèle chaque semaine, si désespéré de ne pas se satisfaire, que, depuis deux jours, lui qui se flattait de ne pouvoir inventer, il cherchait sans document, en dehors de la nature. Christine, tout de suite, se reconnut. C'était elle, cette fille, vautrée dans l'herbe, un bras sous la nuque, souriant sans regard, les paupières closes. Cette fille nue avait son visage, et une révolte la soulevait, comme si elle avait eu son corps, comme si, brutalement, l'on eût déshabillé là toute sa nudité de vierge. Elle était surtout blessée par l'emportement de la peinture, si rude qu'elle s'en trouvait violentée, la chair meurtrie. Cette peinture, elle ne la comprenait pas, elle la jugeait exécrable, elle se sentait contre elle une haine, la haine instinctive d'une ennemie.
Lorenzaccio, Musset LORENZO : Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m’empoisonne, ou que je saute dans l’Arno ? Veux-tu donc que je sois un spectre, et qu’en frappant sur ce squelette… (Il se frappe la poitrine) il n’en sorte aucun son ? Si je suis l’ombre de moi-même, veux-tu donc que je rompe le seul fil que rattache aujourd’hui mon cœur à quelques fibres de mon cœur d’autrefois ! Songes-tu que ce meurtre, c’est tout ce qui me reste de ma vertu ? Songes-tu que je glisse depuis deux ans sur un rocher taillé à pic, et que ce meurtre est le seul brin d’herbe où j’aie pu cramponner mes ongles ? Crois-tu donc que je n’aie plus d’orgueil, parce que je n’ai plus de honte, et veux-tu que je laisse mourir en silence l’énigme de ma vie ? Oui, cela est certain, si je pouvais revenir à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait s’évanouir, j’épargnerais peut-être ce conducteur de bœufs - mais j’aime le vin, le jeu et les filles, comprends-tu cela ? Si tu honores en moi quelque chose, toi qui me parles, c’est mon meurtre que tu honores, peut-être justement parce que tu ne le ferais pas. Voilà assez longtemps, vois-tu, que les républicains me couvrent de boue et d’infamie ; voilà assez longtemps que les oreilles me tintent, et que l’exécration des hommes empoisonne le pain que je mâche. J’en ai assez de me voir conspué par les lâches sans nom, qui m’accablent d’injures pour se dispenser de m’assommer, comme ils le devraient. J’en ai assez d’entendre brailler en plein vent le bavardage humain ; il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est. Dieu merci, c’est peut-être demain que je tue Alexandre ; dans deux jours j’aurai fini. Ceux qui tournent autour de moi avec des yeux louches, comme autour d’une curiosité monstrueuse apportée d’Amérique, pourront satisfaire leur gosier, et vider leur sac à paroles. Que les hommes me comprennent ou non, qu’ils agissent ou n’agissent pas, j’aurai dit tout ce que j’ai à dire ; je leur ferai tailler leurs plumes, si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l’Humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu’ils m’appellent comme ils voudront, Brutus ou Erostrate, il ne me plaît pas qu’ils m’oublient. Ma vie entière est au bout de ma dague, et que la Providence retourne ou non la tête en m’entendant frapper, je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d’Alexandre : dans deux jours, les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté.
Du côté de chez Swann, Proust Mme Verdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu'un violoniste de ce pays lui avait donné et qu'elle conservait quoiqu'il rappelât la forme d'un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu'elle avait, mais elle tenait à garder en évidence les cadeaux que les fidèles avaient l'habitude de lui faire de temps en temps, afin que les donateurs eussent le plaisir de les reconnaître quand ils venaient. Aussi tâchait-elle de persuader qu'on s'en tînt aux fleurs et aux bonbons, qui du moins se détruisent; mais elle n'y réussissait pas et c'était chez elle une collection de chauffe-pieds, de coussins, de pendules, de paravents, de baromètres, de potiches, dans une accumulation, des redites et un disparate d'étrennes. De ce poste élevé elle participait avec entrain à la conversation des fidèles et s'égayait de leurs « fumisteries », mais depuis l'accident qui était arrivé à sa mâchoire, elle avait renoncé à prendre la peine de pouffer effectivement et se livrait à la place à une mimique conventionnelle qui signifiait sans fatigue ni risques pour elle, qu'elle riait aux larmes. Au moindre mot que lâchait un habitué contre un ennuyeux ou contre un ancien habitué rejeté au camp des ennuyeux, – et, pour le plus grand désespoir de M. Verdurin qui avait eu longtemps la prétention d'être aussi aimable que sa femme, mais qui riant pour de bon s'essoufflait vite et avait été distancé et vaincu par cette ruse d'une incessante et fictive hilarité – elle poussait un petit cri, fermait entièrement ses yeux d’oiseau qu’une taie commençait à voiler, et brusquement, comme si elle n’eût eu que le temps de cacher un spectacle indécent ou de parer à un accès mortel, plongeant sa figure dans ses mains qui la recouvraient et n'en laissaient plus rien voir, elle avait l'air de s'efforcer de réprimer, d'anéantir un rire qui, si elle s'y fût abandonnée, l'eût conduite à l'évanouissement. Telle, étourdie par la gaîté des fidèles, ivre de camaraderie, de médisance, et d'assentiment, Mme Verdurin, juchée sur son perchoir, pareille à un oiseau dont on eût trempé le colifichet dans du vin chaud, sanglotait d'amabilité.
Bel Ami, Maupassant • Constructions hyperonymiques : mauvais sujet, beau garçon* • Sens induit par les locutions • Représentation construite : qui voit ainsi ? L’œuvre, Zola • Déclinaison des sens du mot « brute » • Violence et négation • Comparaison de l’utilisation du lexique dans les deux textes : jeux des regards dans les deux textes Lorenzaccio, Musset • Le « moi » / « autres » : • Lexique du corps : sens et souffrance • Le regard des autres : agressivité • L’infime / haut degré
Du côté de chez Swann, Proust Lorenzaccio, Musset • Le « moi » / « autres » : • Lexique du corps : sens et souffrance • Le regard des autres : agressivité • L’infime / haut degré • Hyperonyme métaphorique : « oiseau » • Effet de convergence • Déclinaison du lexique « rire » : sens et forme • Jeux d’énumération hyponymique • Renforcement par l’accumulation synonymique
Éléments bibliographiques Dictionnaires Le Petit Robert Pour l’enseignant : Le Grand Robert, (pour consultation : liste des suffixes en fin de dernier volume) Dictionnaire étymologique, collection Robert Dictionnaire historique d’Alain Rey ( CDI) Dictionnaire du Français contemporain, Picoche : avec CD rom, (CDI) : travail sur la polysémie, utile à l’enseignant Pour mieux maîtriser les notions de lexicologie NIKLAS-SALMINEN, A., 1997, La lexicologie, Paris, Colin MORTUREUX M.-F., 1991, La lexicologie entre langue et discours Paris, Sedes LEHMANN A., MARTIN-BERTHET F., 1998, Introduction à la lexicologie, Paris, Dunod
Ouvrages, articles • DAVID J., PAVEAU M.-A.; PETIT G., 2000, Construire les compétences lexicales, Le français aujourd’hui, n° 131, 128 p., (Contributions de : Patrick Borowski, Marie-Anne Paveau, Jacques David, Danielle Leeman, Serge Meleuc, Sandrine Reboul-Touré, Alise Lehmann, Fabienne Cusin-Berche, Marie-Hélène Porcar, Gérard Petit) • GALISSON R. et PRUVOST J., 1999, Vocabulaires et dictionnaires en FLM et FLE, Études de linguistique appliquée, n°116, Octobre Décembre 1999, Paris, Didier érudition • GRIMALDI É., 2004, « Entrer par le mot dans l’étude de la langue : horizon épistémologique de la didactisation du lexique », Enseigner la Grammaire, Cl. Vargas éd., P.U.P., p. 113-123 • GROSSMANN F., PAVEAU M.-A.; PETIT G., 2004 Le lexique : des modèles de développement aux modèles d’apprentissage (Université Grenoble 3, LIDILEM) actes Colloque « Enseignement et apprentissage du lexique » ELLUG, Grenoble