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FRIDA Autre ment

FRIDA Autre ment. Carole La Griotte. C’était donc fusionnel. Rouge comme la passion, le sang, la trahison, la blessure de guerre, l’amour perdu, la colère au zénith et le courage en berne.

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FRIDA Autre ment

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Presentation Transcript


  1. FRIDAAutrement Carole La Griotte

  2. C’était donc fusionnel. Rouge comme la passion, le sang, la trahison, la blessure de guerre, l’amour perdu, la colère au zénith et le courage en berne. Rouge comme le sang laissé au creux de mes reins par cet amour sauvage ;Rouge comme ce sang perdu au goût des remords et de la fièvre. Le rouge de cette pluie teintée par les lumières de la ville, du visage de cet enfant, poings et gorge serrés dont s’échappent des pleurs pour mieux étouffer Le cri. Le cri du Vivant, de celui qui veut se manifester, le cri de celui qui étouffe de cet amour Sur-abondant, sur-existant à la place de l’Autre. C’était impossible de passer à autre-chose ; cette puissance dévorante m’absorbait en même temps qu’elle me contenait, me faisait tenir debout, me donnait un semblant d’existence. Rouge comme les marques de ses doigts sur mes joues, comme la marque des baisers sur le col de ta chemise. Rouge comme le feu, la force divine, celle de l’érection ou de l’étreinte.

  3. C’était merveilleux autant que douloureux. Merveilleux quand tu étais là ; pas souvent. Merveilleux quand je colorais mon présent de délicieuses rêveries, pour oublier ton absence, pour oublier mon passé. Douloureux quand je n’avais plus la force de rêver, quand l’espoir était balayé par le manque, quand je me sentais déchirée. Cet homme m’a tout donné, tout en ne vivant que pour lui. Il avait raison. Je ne devais rien attendre de lui mais tout trouver en moi.Je croyais avoir besoin de lui pour rester en vie ; en vérité, j’avais besoin de développer ce qui, resté latent en moi, me donnait ce besoin de lui, ce désir envoûtant, avilissant, humiliant quand il ne pouvait être assouvi. Partager sa vie dissolue n’était pas un problème en soi, l’amour qui nous liait aurait pu Tout supporter. Mon erreur était de me laisser absorbée par cela, par Sa vie. Je vivais à travers lui, par lui, pour lui, comme j’avais vécu à travers elle, pour elle. Elle. Elle qui m’avait donné la vie, elle qui avait prêté son ventre pour me donner forme, ce que je payerai toute ma vie, au-delà de sa mort, au-delà de toute raison.

  4. Rouge comme les larmes. Oui, mes larmes étaient devenues rouges, le rouge de ma force intérieure que je ne pouvais expulser. Le rouge de ma propre douleur.La violence des draps maculés de sang, m’annonçant une fois de plus que je ne serais pas mère, que mon rêve, mon enfant était perdu, dissous, dans ce rouge, rejoignant le sang de ma lignée pré-colombienne, anéantie, violée, pillée, meurtrie, condamnée au silence et à la mort. Expulsé, cet enfant tant attendu, autant que redouté, ce petit être, innocent et fragile qui menaçait pourtant mon identité, et qui, tel un monstre, me dévorait de l’intérieur.Cet intérieur qui ne savait lui faire de place, cet intérieur trop bouillonnant, trop brouillon, trop blessé pour accueillir la vie, pour accueillir, comme il se doit, une nouvelle vie. Comment me serais-je occupée de toi ? Je ne ressentais pas en moi cet inné que toutes les autres semblent développer sans difficultés ; je savais que je ne saurais pas, que je ne pourrais t’allaiter, que je ne pourrais te bercer en toute quiétude, ni même te regarder profondément pour laisser nos deux âmes se saluer. Je n’étais pas suffisamment en paix avec moi-même pour ce face à face, tu aurais de suite sentie que ta maman n’était pas tout-à-fait là, qu’elle serait éternellement absente puisqu’elle était elle-même pas encore née.

  5. Rouge comme les cicatrices qui recouvrent mon corps, comme les fleurs qui embaument la maison bleue, la demeure de mes parents, faite mienne comme pour respecter la mise en demeure implicite de rester leur enfant. J’ai occulté que ma maison d’enfance était devenue celle de mon époux …, j’ai oublié, je n’ai pas su, devenir sa femme. Son amour aurait dû m’y conduire mais je me sentais trop souvent éconduite par ses incartades. Certes, être à ses côtés, aux bras d’un homme dont l’être entier est dévoué à la sensualité me rassurait mais c’était lui que je trouvais relié à cette énergie première qui rend vivant et ouvre à l’amour, une fois encore, son reflet qui me faisait exister. Seule cette lente agonie me faisait me sentir vivante, son accalmie était pire que le mal, elle faisait place au vide, à ce vide qui m’engloutissait, dans lequel j’étais absorbée, diluée et qui me menaçait plus encore que tous les maux.

  6. Barrière. Il y avait comme une onde d’obstacles entre moi et les autres, entre moi et mon propre corps. Comment aurais-je pu rencontrer les autres alors que je n’avais pas accéder à moi-même. Quant à mon corps apparemment « l’objet » de toutes mes attentions, je n’ai jamais su l’écouter, l’ai-je au moins une seule fois effleuré avec amour, avec tendresse … ? Je n’en ai pas le souvenir. Pas plus que des caresses de ma mère. Mes cheveux, oui mes cheveux, j’en prenais soin, comme pour leur demander pardon des paroles de ma mère qui répétait à l’envie que cela demandait trop d’entretien. Cette chevelure, ma chevelure, moi, je lui demandais trop d’efforts. Elle n’aurait pas eu ce genre de préoccupations avec mon petit frère, celui qui me précéda et qui, parti quelques semaines après sa naissance, laissa place au silence et à la mélancolie.Elle aurait été heureuse avec un garçon à la maison. Un garçon manqué lui rendrait-il le sourire ... ? Cheveux coupés, adolescence sacrifiée, mais pas de sourire sur son visage. Je sais aujourd’hui, de là où je vous parle, que c’était impossible de lui rendre un sourire qui n’a sans doute jamais vraiment existé. Elle n’avait pas de joie intérieure. Elle non plus n’a jamais vraiment existé.

  7. « El Refe » Le Chef Elle est sévère. Elle veut bien faire mais ne sait pas comment s’y prendre.Elle a parfois des réactions hystériques quand tout ne se passe pas comme elle le veut, quand les choses échappent à son contrôle. C’est, en quelque sorte, elle, l’homme de la famille. Elle gère le budget - trop souvent grevé par mes frais médicaux – et a manifestement une ascendance psychologique sur mon père. Peut-être est-ce même un léger sentiment de supériorité, conforté par la fragilité et l’amour de mon père, que je n’ai jamais pensé réciproque. On est toujours attiré par ce qui brille quand on se terre (taire) dans l’ombre. Montrer ce qui secrètement fait écho à ses propres désirs sans se permettre de les assumer. Elle ne s’était jamais autorisée à peindre mais contribua à me rendre, en ce sens, la tâche plus facile après mon accident ; elle détestera mon mari, tout ce qu’il représentait, toute sa vie, sauf à penser qu’il pouvait être utile à ma carrière. Evidemment, à ses yeux, je ne pouvais espérer réussir seule !

  8. Rouge amer, rouge cendres, les cendres de mes ancêtres massacrés par la force de la haine, de l’ignorance, de la cupidité et du mépris. Qui étaient ces conquérants venus de si loin, pour devenir fossoyeurs ?!Des aventuriers en mal de sensations fortes, des opprimés qui n’ont fait qu’inverser le cours des choses en leur faveur, des êtres perdus face au vertige d’une nouvelle vie, en laquelle ils n’ont pas suffisamment cru pour s’y reposer tranquilles … ? Gris des cendres des camps d’exterminationGris d’une autre Allemagne que celle dont mon père s’est enfui pour mieux se fuir lui-même Gris verdâtre, gris de honte qui recouvre mon prénom pour dissimuler une part de mes origines, comme si je devais aussi me sentir coupable des crimes nazis.Gris cendré qui m’étouffe loin du prénom choisi par mon père, loin de « Frieda », la liberté … Ô force exterminant sa propre faiblesse, celle de ne pas savoir rencontrer l’autre, de ne pas se reconnaître en l’autre, de ne pas se savoir autre et tous métissés par l’alchimie de l’acte d’amour.

  9. Bien-sûr le manque me conduisit parfois à lier mon corps délaissé à celui d’un autre, dont le reflet me rappelait mon bien-aimé ou mon père, tandis que je me sentais liée à Diego pour l’éternité. Le scénario était comme écrit à l’avance et se rejouait sans cesse, entre écartèlement et réjouissance, entre séparations et retrouvailles. Jaune. Tu es là. Mon soleil, ma moitié, ma moiteur, le fluide de mes pensées, l’énergie de ma vie, de mes sens. Le regain de chaleur, ma petite main perdue dans la tienne, mon corps de bronze fondu dans tes bras, le moelleux de ta bedaine, le son de ton rire, le souffle de ta vitalité, ton souffle de liberté. Comme j’aurais aimé être transportée par ce même élan de liberté. Vert. Le vert éclatant d’une belle prairie, un vert émeraude. S’abandonner nue dans ce vert tendre et vivifiant, y puiser de nouvelles forces, de nouvelles couleurs, de nouveaux amours … Le vert du voyage. Voyages trop souvent écourtés et virantsau gris. Mélancolie, tristesse. Que faire loin du vert de sa prairie quand on ne sait voir les autres couleurs, flirter avec les odeurs, papillonner à l’envie ….

  10. Jaune. Nausées. Jaune puant de mes cicatrices infectées. Jaune ocre de cette terre qui me nourrit, m’attire et me retient. L’ocre de ses châles qui la rendait lumineuse, alors que je me sentais transparente à ses côtés. Sueur. Sueur ruisselante après l’amour.Perles de sueur, au détour d’un autre qui menace mon identité. Je pense à mon père qui m’a tant aimée, trop aimée.De cet amour qui étouffe un enfant, qui enserre une petite fille quand on aurait voulu un garçon. D’un amour qui appréhende au lieu de donner confiance, qui retient au lieu de libérer. A trop prendre soin de moi pour compenser ce que maman ne savait pas donner, il m’a fait croire que je ne pouvais pas faire par moi-même, que je ne saurais pas pour moi.Malgré lui, comme elle, il a désiré pour moi. Au fond, il ne savait pas faire mieux qu’elle, au point que j’ai souvent pensé que le problème c’était moi. Les enfants croient toujours que c’est leurs fautes, que les grands savent pour eux. Si seulement on les écoutait un peu plus, si l’on acceptait d’apprendre d’eux ! Et si l’on gardait notre âme d’enfant …

  11. A mon père Mes parents m’ont investie de leurs missions de vie ; je devais porter maman, lui donner consistance, tandis que ma réussite devait à posteriori te conforter dans ton choix d’exilé. N’est-ce pas pour asseoir ma future carrière que tu finis par accepter que j’épouse Diego ? J’aurais tant souhaité te voir fier le jour de mon mariage, fier d’offrir ta chère fille, fier de me voir debout après mes épreuves de jeunesse, fier de me voir choisir la Vie … Au lieu de cela, tu m’as donné à Diego comme un paquet de linge sale, rappelant les défauts de fabrication sur le récépissé.Ce jour-là, j’ai perdu ton amour parce que je n’étais plus tienne. Je ne pouvais plus être ton excuse. Il n’y avait plus de Frida à cajoler, plus d’enfant à charge pour se décharger de ses propres responsabilités. Si la maladie puis l’accident ont entachés notre vie de famille, l’ombre était présente bien avant moi, dans vos cœurs respectifs qui ont feint de se rencontrer pour mieux se consoler, comme dans l’union de deux êtres en deuil sur laquelle vous avez cru pouvoir composer … L’œil du photographe n’a pas su voir, peut-être parce que ce métier était celui que maman avait choisi pour toi, le métier de son père …

  12. Combien de vies déchirées, de déracinés, de troubles identitaires,transmis de génération en génération, depuis cette soi-disant découverte de l’Amérique …?! Orange. Ni rouge, ni jaune.Orange mon sang mêlé à celui des conquistadores et de leurs victimes. Equilibre vacillant d’une identité troublée. Faille identitaire que me rappelle cruellement celle de ma colonne vertébrale. Elle, censée me soutenir est devenue insupportable.L’histoire censée me soutenir est insupportableMa mère censée me soutenir était sans support. Elle est pourtant née d’un mariage d’amourIrréfragable halo d’amour malmené par les séquelles de l’histoire et la culpabilité - ou la honte - de ma grand-mère trahissant les siens pour l’amour d’un indien. J’ai lutté, trop lutté. Me défaire de ces racines s’était me nier, ne pas m’en détacher c’était dépérir. Les contourner, c’était être retenue, sans fondation. Cessez de lutter et convertissez l’énergie déployée à combattre en énergie de paix et d’amour. .

  13. Quelle peur devait apaiser ce combat mené à la lisière de mes origines ? Peur de ce qui me valut tant de fausses-couches, notamment la perte de mon petit garçon, lui que j’avais presque réussi à investir après l’échec d’une interruption médicale de grossesse et la décision d’aller cette fois-ci jusqu’au bout…Au bout de la déchirure.Vie d’adulte à terme pour donner la vie à son tour …Mais cette fois en-corps, ce ne fut pas possible. Prolonger la production du Même en exterminant l’indigène,maternités d’enfants parfaits par le IIIème Reich …, prolonger la lignée de mes aïeules condamnées à la reproduction du même, se condamnant ainsi à la mélancolie et à la détresse tout en écartant le masculin. Ai-je pressenti cela de mon vivant ?Mon corps savait-il que faute d’avoir éclairci cette souffrance généalogique, je ne pourrais devenir la mère que j’aspirais à être au plus profond de moi… ? Une bonne mère.Que ce petit Diego était déjà condamné comme en témoigne le choix prématuré de ce prénom qui le figeait lui aussi dans sa généalogie. Bien-sûr, pour un garçon les choses auraient été différentes, précisément, est-ce pour cela que les forces obscures en moi me l’ont fait perdre … ?

  14. Violet, du violet pour purifier toutes les lignées de femmes meurtries, rapetissées, aigries. Du Rose pour que l’amour inconditionnel se répande sur chacun de nos enfants, sur chacune des mamans. Que ces dernières comprennent que leurs enfants ne leur demandent pas d’être parfaites, juste authentiques, pour que la vérité ramène au réel, au Vivant … ! Frida, Frieda, Frideita, Friedita, Friducha … Comment signer aujourd’hui que mon identité n’a plus d’importanceAujourd’hui que je sais que Je suis. Avec tout mon Amour

  15. FRIDAAutrement Carole La Griotte lagriotte4@orange.fr entre-mere-fille.over-blog.com

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