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ROUMAIN présentation du domaine et des outils de travail Cristina FLORESCU. 1. Position dans l’arbre phylogénetique roman. Chacune des langues romanes a sa spécificité dans le contexte socio-linguistique déterminé par l’ancêtre commun
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ROUMAINprésentation du domaine et des outils de travailCristina FLORESCU
Chacune des langues romanes a sa spécificité dans le contexte socio-linguistique déterminé par l’ancêtre commun • Les propos de M. Bartoli sur le roumain sont souvent invoqués comme significatifs: La spiccata [forte, puissante, vigureuse] individualità della lingua romena (dans ”Studi rumeni”, I, 1927). • Le roumain est parfois surnommé ”l’enfant terrible de la Romanité” (Teresa Ferro) • Le roumain est considéré ainsi spécialement grâce à: • 1) ses caractéristiques protoromanes conservatrices, 2) ses caractéristiques imposées par l’impact ultérieur avec les vagues slaves successives
Le roumain est la cinquième langue comme extension de la famille romane (après l’espagnol, le portugais, le français et l’italien), la plus élargie du groupe oriental (auquel appartiennent également le dalmate et l’istriote) • Dans les taxonomies romanes le roumain est inclus d’habitude dans le groupe oriental; il est inclus aussi soit dans le groupe italoroman, soit il est rangé - du point de vue de sa structure phonologique - à côté de l’espagnol, etc. • -l’article de Maria Iliescu Le roumain et les autres langues romanes comprend une analyse taxinomique significative du roumain en relation avec les autres langues romanes
2. Implantation géographique
2.1. Le roumain est parlé aujourd’hui comme première langue par 28 millions de personnes, dont 20 millions (qui parlent le dacoroumain) se trouvent sur le territoire actuel de la Roumanie
Les autres Dacoroumains vivent en République de Moldavie, en Ukraine, en Bulgarie, en Serbie et en Hongrie
- en Grèce, en Albanie, en Bulgarie, en République de Macédoine et en Serbie vivent les Aroumains ; • - en Grèce et en Turquie les Méglénoroumains • - dans la partie ouest de la Croatie : les Istroroumains
L’histoire officielle du roumain a commencé après les deux guerres daco-romaines (101-102 et 105-106 d.-C.)
The lands of the lower Danube in Roman times. Old historical map from Droysens Historical Atlas, 1886
Dans l’arbre phylogénétique roman, la séparation du protoroman de Dacie est considérée comme achevée après la fin du 3e siècle; • On prend comme point de repère l’année 271: l’évacuation officielle des troupes romaines de Dacie (cf. Straka,RLiR 20) • Les invasions germaniques (séconde moitié du 3e siècle) ont déterminé cette évacuation (cf. aussi RosettiIstoria 80, 184)
Des influences latines non systématiques ont existé • avant le 1er siècle Cf. la situation de la Dobrogea (Dobroudja) - le poète Ovide - Publius Ovidius Naso(n. 20 martie, 43 î.Hr., Sulmo, aujourd’hui Sulmona/Aquila - d. 17ou18 d. Hr., Tomis, aujourd’huiConstanţa) est exilé à Tomis (en l’an 8 après J.-C.) - cf. aussi les attestations de la navigation des bateaux romains sur le Danube (la navigation sur le Danube était pratiquement contrôlée par les Romains) • après l’année 271 (évacuation des troupes romaines de Dacie) - des avant-postes romains ont survécu après le retrait aurélien. Cf. Ivănescu- Istoria 47-77; les fortifications / les retranchements romains du nord du Danube (dans le Banat et en Olténie actuels) jusqu’au 5e siècle - les deux ponts romans sur le Danube sous l’empereur Constantin (surnommé le Grand) : 4e siècle
Le roumain comprend les dialectes: • dacoroumain • aroumain • méglénoroumain • istroroumain
L’aroumain • - séparation: 1e moitié du 10e siècle Cf. IvănescuIstoria2 321, RosettiIstoria 375, Kramer,Rumänistik 221 • - aujourd’hui il y a approximativement 300 000 – 600 000 locuteurs en Grèce, en Albanie, en Bulgarie, en République de Macédoine et en Serbie; de même, en Roumanie après le 19e siècle
Le méglénoroumain • séparation: au plus tôt au 12e ou au 13e siècle (Damen,Rumänistik 2, 265) • aujourd’hui à peu près 14 000 – 26 000 locuteurs en Grèce et en Turquie
L’istroroumain • - séparation: selon les écoles, soit dès le 10e siècle (Densusianu), soit après la séparation du méglénoroumain (Puşcariu) (cf. Dahmen,Rumänistik 1, 247-248) • - aujourd’hui:les Istroroumains représentent une communauté de 300-1.500 personnes (tout au plus 3.000) dans l’ouest de la Croatie
La séparation des sous-dialectes dacoroumains n’est pas stricte, la liaison entre les groupes sous-dialectaux suppose un haut degré de compréhension • On considère, d’une manière générale, qu’il y a deux grands groupes, le groupe du nord et le groupe du sud
Dans les dictionnaires on trouve le plus souvent des indications concernant les zones géographiques ou administratives. • Mold. ou Moldov. = Moldavie • Bucov. = Bucovine • Dobr. = Dobroudja • Munt. = Munténie • Olt. = Olténie • Ban.= Banat • Criş. = Crişana • Mar. ou Maram. = Maramureş • Tr. ou Transilv. = Transylvanie
1) une tendance générale vers la fermeture des voyelles , à savoir les voyelles non accéntuées et les voyelles accéntuées dans une position nasale • lat. casa > roum. casă • lat. canem > roum. cîne • lat. manus > roum. mînă (manus > mănu [cf. pl. anc. mînuri] > mănă > mînă) • lat. bene > roum. bine • lat. bonus > roum. bun e > i, o > u , a se transforme en une voyelle plus fermée, actuellement notée ă
2) le roumain maintient le ŭ latin (comme le sarde) lat. furca > roum. furcă ; lat. pulvere(m) > roum. pulbere; lat. lucta > roum. luptă; gula > gură; lupus > lup fŭgīre > fugi; cŭrrĕre > cure • quand le ŭ latin est suivi par o ou u atone il disparaît battuo > bat
3) é > ie (presque panroman) Cf.Straka,RLiR 20 sur les rapports entre la separation de la Sardaigne et celle de la Dacie, d’une part, et les diphtongaisons de l’autre • par.ex. lat. mele > roum. miere, lat. fele > roum. fiere
4) a accentué est maintenu dans des circonstances diverses vadum > vad ; flamma > flamă
5) • o > oa (diphtongaison) pŏrta > poartă ; sole> soare • e > ea (diphtongaison) sera> seară
6) les consonnes finales tombent • lat. vadum> roum. vad • lat. carum> roum. car • lat. signum > roum. semn
7) les occlusives sourdes p, t, k et la demi-occlusive ssont conservées (comme dans le sud de l’Italie et en sarde): piept, tare, cap, soare
8) kl > chi (comme dans le sud de l’Italie et en sarde) lat. clāmāre> roum. chema
vinitial > b lat. veteranus > roum. bătrîn
10) • b intervocalique > v > Ø lat. caballus > roum. cal lat. lĕvāre> roum. lua lat. plŏvĕre > roum. ploua
11) phénomène du rhotacisme : l intervocalique > r lat. sole > roum. soare lat. caelum >roum. cer lat. molam >roum. moară
12) h > Ø : • lat. homo > roum. om • lat. humerus > roum. umăr • lat. humidus > roum. umed • lat. comprēhĕndĕre > roum. cuprinde
13) g intervocalique suivi par e, i et o a disparu: lat. ego > roum. eu lat. magis > roum. mai lat. quadragesimae > roum. păresimi
14) ce, ci> ţ lat.vīnāceus > roum. vinaţ • 15)ll > 0 lat.*mŏlliāre > muia lat. stēlla > stea mais cŏllĭgere > culege
16) ct > pt lat. nŏcte > roum. noapte sc > ştlat. nascĕre > roum. naşte ; lat. crēscĕre > roum. creşte gn > mnlat.sĭgnum > roum. semn; lat. lignum> roum. lemn • 17) t+i > ţ lat. terra > roum. ţară d+i > z (< dz) lat. decem > roum. zece s+i > ş lat. septem > roum. şapte
Particularités morphosyntaxiques
1) une flexion nominale et verbale très riche avec des alternations phonétiques • 2) l’article défini est enclitique • - l’article défini provient du pronom démonstratif latin • ille, illa, illud> -l, -i, -a, -le
3) • Le genre « neutre » (ambigène) est très bien développé Ce genre présente la forme du genre masculin au singulier et celle du féminin au pluriel vad / vaduri; vinaţ / vinaţuri; corn / cornuri; semn / semne; car / care
4) les personnes des formes verbales sont exprimées par la morphologie de la forme verbale, elles ne doivent pas être mentionnées explicitement: cînt, cînţi, cîntă, cîntăm, cîntaţi; văd, vezi, vede, vedem, vedeţi; culeg, culegi, culege, culegem, culegeţi; fug, fugi, fuge, fugim, fugiţi.
5) une tendance à hypercaractériser pour marquer une catégorie grammaticale: poartă / porţi (1) alternances phonétiques oa / o et t / ţ (2) affixes gramaticaux -ă / -i
6) la liberté de la topique et de la concordance des temps