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Sports, territoires et action publique. VP 5 MASTER 1 Territoires et aménagement des espaces sportifs et de loisir Nadine Haschar-Noé 2011-2012. Introduction.
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Sports, territoires et action publique VP 5 MASTER 1 Territoires et aménagement des espaces sportifs et de loisir Nadine Haschar-Noé 2011-2012
Introduction • Notion de territoire: travaux de géographie sociale (Di Méo, 2001) et de sociologie de l’action publiqueterritoriale (Faure, Douillet, 2005). • Comprendre les relations qu’entretiennent le spatial et le social et les modalités de construction des territoires sportifs et politiques • Les APSL : médiateurs de l’espace en territoire (Augustin, 2007)
1. Espace et territoire • La notion d’espace géographique • L’espace de la géographie : aspect objectif = la surface de la terre (plane ou courbe) selon 3 dimensions = longueur, largeur, hauteur (géométrie euclidienne) • Mais la notion d’espace ne recouvre pas seulement cet aspect objectif • 4 éléments d’analyse de l’espace géographique • La matière : dimension concrète et matérielle = espace physique • L’esprit qui lui attribue une signification = espace symbolique • L’espace construit par notre perception = espace perçu ou cognitif • Les groupes sociaux qui l’organisent et le transforment = production sociale de l’espace. (CM VP5 se situent dans cette perspective)
1. Espace et territoire • 4 modalités différentes de prise en compte de l’espace géographique • Espace produit de l’action sociale : désigne paysages, voies de communications, constructions…..choix d’aménagement de l’environnement par une société en rapport avec ses caractéristiques culturelles, économiques, techniques = système socio spatial • Espace perçu et représenté : en relation avec les perceptions et les représentations sociales: normes, façons de l’occuper, de l’organiser • Espace de vie et espace vécu : notions en relation qui traduisent le passage de la pratique concrète et quotidienne de l’espace terrestre à sa représentation et à son imaginaire • Espace de vie = aire des pratiques spatiales des individus • Espace vécu recouvre 3 dimensions : ensemble des lieux fréquentés + relations sociales + valeurs accordées = méta structure spatiale = « ensemble des structures sociales et spatiales qui rattachent l’individu à son milieu territorial »
1. Espace et territoire • En synthèse provisoire : • Espace objectif = éléments concrets et matériels • Espace social = relations et organisation sociales • Espace subjectif : représenté et vécu Ces trois composantes permettent Analyser la notion de territoire
Le territoire: un concept de la géographie sociale • Ses composantes • Deux éléments majeurs : sa composante espace social (lieu, rapports sociaux et spatiaux) et sa composante espace vécu (rapport subjectif de l’individu socialisé à l’espace concret) • Le territoire témoigne d’une « appropriation à la fois économique, idéologique, politique (sociale donc) de l’espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire et de leur singularité » (Di Méo) • Donc le concept de territoire rajoute aux notions d’espace social et d’espace vécu 4 significations supplémentaires :
Le territoire: un concept de la géographie sociale • Expérience concrète de l’espace qui conditionne nos rapports aux autres, l’insertion dans un groupe social de référence = appartenance collective (« être de quelque part ») • Mode de découpage et de contrôle de l’espace = reproduction des groupes qui l’occupent, dimension politique (et multi scalaire : Europe, Etat, collectivités territoriales….) • Une dimension symbolique à travers son aménagement: monuments, patrimoine, emblème, « formes visibles » de l’espace = mémoire collective (Halbwachs, 1950) (unifier à l’intérieur et se différencier de l’extérieur) • Une dimension historique: importance du temps long dans sa construction Territoire de la géographie est multidimensionnel : 3 ordres = matérialité (terre), individu (territorialité) et social (territorialisation) et redéfinissable en permanence
Le territoire: un concept de la géographie sociale • Lieu et territoire • Lieu ou « place » (anglais) = plus petite unité spatiale, espace clôt ou borné dont l’identification pose moins de problème (Lussault, 1996) • Lieu fonctionne comme symbole et comme figure rhétorique du territoire • Trois types de lieux (Debarbieux, 1995) • Lieu « attribut »: LA représentation du territoire (Tour Effel à Paris, la Cité à Carcassonne, le Capitole à Toulouse; …) • Lieu « générique » : un modèle, un concept qui illustre un territoire (les digues aux Pays Bas, le village en France, le building aux USA….) • Lieu de « condensation sociale et territoriale » : exprime système de valeurs d’une société (Le Panthéon à Paris, les musées, les stades « mythiques »…) et de sa mise en scène.
Le territoire: un concept de la géographie sociale • Donc territorialiser un espace : un processus par lequel une société et des acteurs sociaux multiplient les lieux, les installent en réseaux concrets et symboliques. • La différence entre lieu et territoire = une différence d’échelle et de lisibilité géographique, le territoire englobe des lieux • Exemple : SDF, danseurs hip hop, sportifs urbains, pratiquants sports de nature…..s’approprient un espace et donc le territorialisent par leurs pratiques : usages sociaux de l’espace. • Questions : aménagements et équipements sportifs • Définition des usages légitimes de l’espace public urbain ou naturel ? • Leur régulation politique ?
Les paradoxes du territoire • Rapport à l’espace et territorialité : apports et limites de l’éthologie • Le territoire comme aire géographique délimitée où la présence des uns exclue totalement ou partiellement celle des autres • Territoire défini par les institutions politiques : processus d’imposition de territorialité • Territorialité des lois (sciences juridiques, sciences politiques) : vocation d’une loi à s’appliquer sur l’ensemble sans acception de nationalité ou de confession • Disposition juridique ne vaut que dans les limites de l’aire géographique de la collectivité publique qui l’édicte et la fait respecter, pouvoir associe le droit à l’espace de sa compétence • Donc territoire = acte de violence (physique ou symbolique) car affirmer un territoire c’est éventuellement un jour en exclure les autres.
Les paradoxes du territoire • Rapport au temps: mémoire collective et patrimoine. • Repères patrimoniaux permettant à un groupe social de construire et reconstruire des identités collectives (et/ou territoriales), donc de mettre en évidence le caractère unique d’un groupe et de le distinguer des autres. • Au passé : historicité du territoire; concept de mémoire collective (Halbwachs, 1925) = reconstruction du passé en fonction des besoins du présent, sélection de thèmes, héros, lieux….pas au hasard mais pour façonner un espace consensuel autour des grands moments, lieux, individus….les plus emblématiques et valorisants pour identité socio-spatiale du territoire. • Exemple : St Malo et mise en scène de l’identité malouine « Ni français, ni breton, malouin suis », La Vendée et le spectacle du Puy du Fou, L’Aude et le Pays Cathare, Le surf et l’identité basque, Le Canal du Midi et le « génial » Riquet en Midi-Pyrénées……
Les paradoxes du territoire • Le territoire comme construction sociale. La construction de notre territorialité (par nos pratiques et nos représentations) obéit à trois types de déterminations : • Déterminations sociales: corrélation entre hiérarchie sociale, sexe, âge… et pratiques de l’espace (Frémont, 1976). Notion de capital spatial. • Déterminations culturelles: usages de l’espace différents selon les cultures (Hall, 1971) . Ex: distances entre personnes, construction des villes, l’ours dans les Pyrénées…. • Les « effets de lieu » : routines quotidiennes dans la pratique physique des lieux = territorialité du quotidien (matérielle et idéelle) = organisation en schèmes structurels du territoire. Saisir les rapports entre les structures de l’espace social et les structures de l’espace physique (Bourdieu, 1993) permet d’éviter de naturaliser ce rapport (société hiérarchisée = espace hiérarchisé). • Ex: les quartiers « d’exil » (France) ou les « ghettos urbains » (USA).
Conclusion chapitre 1 • Différentes modalités de relations à l’espace = cerner la notion de territoire qui dépasse la seule définition juridique ou politique • Double dimension du territoire : contenu matériel et géographique / contenu idéologique et idéel • Le territoire : une construction historique, sociale et politique • Le territoire procède d’un double mouvement: • « socialisation de la spatialité » : décrire, à partir des données de la géographie, l’insertion des individus dans un espace social • « spatialisation de la socialité » : décrire, à partir des données sociales, l’insertion des individus dans un espace géographique
2. La construction des territoires sportifs • Dans le processus de construction des territoires, 4 modalités sociales sont en relation (Di Méo, 2001). • Une dimension géographique: • Une dimension économique • Une dimension idéologique • Une dimension politique Chacune de ces modalités de construction des territoires sera détaillée et accompagnée d’un exemple « sportif ».
2.1 La dimension géographique: la construction d’espaces concrets. • La dimension (ou « instance ») géographique d’un territoire = le substrat concret du territoire mais qui n’échappe pas aux représentations et aux images. • Son élaboration individuelle et collective se réalise à partir de trois éléments • Les pratiques quotidiennes et routinières des lieux qui composent le territoire • La connaissance des cartes, plans qui le décrivent • La découverte ou la reconnaissance des paysages qui le symbolisent. • Les pratiques de l’espace • La territorialité n’existe pas sans pratique de l’espace c’est-à-dire sans expérience concrète de l’espace. • Comment ces pratiques peuvent elles construire notre territorialité ? Comment s’adaptent elles aux organisations spatiales existantes ? Quelles contraintes ces organisations spatiales nous imposent elles ?
2.1 La dimension géographique: la construction d’espaces concrets. • contraintes corporelles : ces contraintes limitent les pratiques et les interactions entre individus • Ces contraintes « physiques » se doublent de contraintes sociales définissant les Contraintes spatio-temporelles: chaque individu dans le quotidien est confronté pour se déplacer à des contraintes de temps, d’espace mais aussi à des relations, les contacts possibles, les rites d’interactions entre individus. La vie sociale est une « scène » (Goffmann, 1973) qui met en co-présence des acteurs dans un même espace ou territoire…. • Mais l’individu ruse avec ces contraintes et ces déterminismes (De Certeau, 1980) et peut transformer un lieu en territoire sportif (appropriation, sportivisation des espaces) • Les pratiques spatiales (comme les actes de marcher, courir, faire du vélo…) sont des « énonciations » (De Certeau, 1980) qui assurent 3 fonctions :
2.1 La dimension géographique: la construction d’espaces concrets. • Une fonction d’appropriation du système topographique par le piéton, le joggeur, le cycliste….(tracé matériel et cartographiale des individus) • Une fonction de réalisation spatiale du lieu (ou territorialisation) • Une fonction de relations entre des positions différenciées dans l’espace social • = langage symbolique et anthropologique de l’espace = construction de territoire et la territorialité Texte d’accompagnement: • Haschar-Noé (2007) Usages sociaux et appropriation d’un espace public urbain: l’exemple des berges du Canal du Midi à Toulouse.
Usages sociaux et appropriation d’un espace public urbain: l’exemple du Canal du Midi à Toulouse • Programme de recherche « Usages sociaux et aménagements du Canal du Midi » , N. Haschar-Noé, dir. • Territorialité de l’urbain, usages sportifs des espaces publics et à leur prise en compte par les acteurs politiques et institutionnels • Partie sur les usages sportifs, résidentiels et de loisirs. • Quels rapports entretiennent les usagers à cet espace public ? Quel univers de sens mobilisent ils par et pour leur pratique ? Quelles valeurs (qualification et discrimination) accordent ils à cet espace, à ses usages et aux interactions qui s’y déroulent ?
Problématique: • Le Canal du Midi et ses berges peuvent être considérés comme un lieu de conflits pour la définition de ses usages légitimes, un lieu où s’affrontent des « mondes clos » ayant des représentations, des conceptions et des modes d’appropriation différents de ce patrimoine public. • Les différentes catégories d’usagers …tentent, en se l’appropriant physiquement et symboliquement, de défendre leurs intérêts et leurs usages, leur identité et leur pouvoir sur le Canal contre des « étrangers ». • Le Canal et ses berges fait l’objet d’un processus de territorialisation sportive et d’une forme de « privatisation » sociale (ou du moins d’appropriation « excluante ») de cet espace public
Situer le contexte géographique et historique de cet espace. • Canal du Midi: fort vecteur d’identité locale, axe historique et économique structurant de l’agglomération toulousaine et classé au patrimoine mondial de l’humanité (Unesco,1996) • Evolution du statut juridique, des modes de gestion et des usages dominants en trois périodes : d’un lieu artificiel dédié au travail à un lieu « naturel » dédié aux loisirs (Haschar-Noé, Moralès, 2006) • 1681-1930:Le canal du Languedoc = aménagement du territoire, « œuvre artificielle » dédié au travail, commerce fluvial et transports de marchandises et de voyageurs , usages ludiques interdits.
1930 – 1970: Lente émergence des loisirs: déclin économique, concurrence chemins de fer et routes, « abandon » du Canal, espace en partie libéré pour pratiques de loisir ou autres pratiques, urbanisation de l’agglomération toulousaine, début du tourisme fluvial (1951, Béziers) • 1970-2004: « naturalisation » et « muséification » du Canal, disparition totale batellerie (1989), sensibilité «écologique », urbanisation des abords ( Ramonville), développement pratiques sportives sur le chemin de halage, aménagement (piste cyclable ,1978), Crown Blue Line (Castelnaudary, 1969) classement au patrimoine mondial Unesco (1996).
Méthodologie de l’étude • 8 mois d’observations: octobre 2002-juin 2003, 9 points d’observation, des Ponts Jumeaux à Montgiscard, semaine et weekend end, différents horaires, usages sportifs doux, durs, utilitaires et de loisir. • Février –mai 2003: 235 questionnaires courts: usages, raisons de la fréquentation, fréquence, objectifs, relations aux autres usagers, problèmes, réglementation et aménagements, caractéristiques sociales • Mai – juin 2003: 9 entretiens approfondis (sportifs, utilitaires, résidentiels) , Port Saint Sauveur (usages multiples et quartier charnière) selon trois thèmes : usages, rapport au lieu et sens accordée à leur pratique, relations et co-présence avec autres usagers, aménagements et réglementation souhaités.
Le Canal et ses berges : des usages sportifs dominants • Des « habitués » , usages et pratiques inscrits dans les modes de vie. • Proximité (domicile ou travail) • 15-30 ans et 30-50 ans = 70% • Classes moyennes et supérieures • Usages sportifs: vélo, marche, jogging pour entretien et loisir • Usage sportif augmente en périphérie • Masculin (70%) • Pratique solitaire ou à 2 • Lieu calme, esthétique et naturel plutôt que lieu historique et patrimonial
Un lieu pratiqué et vécu comme « à soi »: la définition des usages légitimes d’un espace public autour de trois tensions • Le Canal comme lieu d’habitation et de vie • Fonction résidentielle dominante : deux types de résidents • Les « pénichards » un monde à part et « enchanté »: art de vivre des « gens de l’eau • propriétés socio culturelles , originalité, forme de marginalité revendiquée et souci de distinction sociale , itinérance possible, éloge de la lenteur et de l’amour des bateaux, respecter le Canal, vie communautaire et solidaire, • Les riverains : projet de vie et rapport esthétique au Canal • Stratégie résidentielle pour la beauté du lieu, combiner vie urbaine et loisirs, le canal comme « jardin » de proximité et comme décor idéal. Territoire que l’on doit protéger contre les autres usagers « envahissant » leur espace de vie, le privé et le privatif configurent par défaut cet espace public.
Le Canal comme espace sportif de proximité ou l’art de sportiviser le lieu • Un rapport écologique, fonctionnel et individuel au Canal • Un espace « naturel » et tranquille en opposition à la ville et ses nuisances • Un espace facilement accessible : pratique, proche et disponible en permanence, sport « libre » et nouveaux territoires de pratique sportive • Un espace individuel de masse plutôt qu’un lieu de « sensibilité » à l’Autre : pratique solitaire ou « entre soi », « intimisation » de l’espace public
Mais un espace sportif difficile à partager avec les « non sportifs » • « l’envahissement » des berges par les « non sportifs »: promeneurs, familles, enfants, animaux…. • Obligation de choisir ses horaires pour éviter la « foule » du dimanche
La concurrence entre sportifs « durs » et « doux »: espace de remise en forme ou « stade » d’entraînement ? • Sportifs « doux »: plus souvent femmes, pratiques loisir et entretien de soi, convivialité, lieu de ballade et de promenade actives = stigmatisation des cyclistes ou des rollers qualifiés de dangereux • Sportifs « durs » : plus souvent hommes, pratiques d’entraînement intensif, repère spatial et temporel pour mesurer performance, de « vrais » sportifs, dénigrent pratiques saisonnières ou ostentatoires
Un patrimoine à préserver ou un espace de loisir à aménager • Résidents et patrimoine: le mythe du canal historique: défenseurs du Canal historique, revendication de participation à sa gestion, refus du « musée » ou de sa gestion commerciale, réhabiliter sa fonction de transports de marchandises, ne pas payer de redevance « racket », tourisme comme agression = préservation d’un mode de vie et d’habiter et disqualification des autres usagers (sportifs, touristes, promeneurs, institutions….)
Un patrimoine à préserver ou un espace de loisir à aménager • Sportifs et parc de loisirs urbain : dimension patrimoniale peu importante, paysage et espace naturel dans la ville permettant loisirs, principes de « commodification » : « jardiner » les abords, renforcer la sécurité et réglementer les usages, améliorer le confort des sportifs et les services
CONCLUSION • Rapports différenciés des usagers en fonction de leur pratique dominante et conflits pour la définition des usages légitimes de l’espace. • Pratiques résidentielles, sportives, utilitaires = « énonciations » et modes d’appropriation physique et symbolique qui territorialisent l’espace / exclusion des « étrangers » • Lieu « approprié » comme symbolisation de l’espace social = catégories de perception construites sur des oppositions
Conclusion (suite) • Territoires de pratiques définis en fonction des usages, des pratiques et des intérêts qui leur sont liés (cf aménagement) • Conflits d’usages exacerbés par forme du lieu: linéaire étroit, fortement fréquenté et diversité des pratiques = instauration de hiérarchie / bonnes façons d’utiliser le lieu / appropriation « excluante » et remise en cause du caractère public de cet espace.
2.2 La dimension économique et ses effets • Globalisation et territoires locaux • Mondialisation et globalisation s’accompagnent d’une promotion accrue du « local » aussi bien au plan économique que culturel • Mondialisation : équivalent français du mot anglais globalization (années 80) : interdépendance accrue des économies avec différentes significations • Etats: augmentation des flux financiers et échanges économiques transnationaux • Entreprises: possibilité de gérer globalement activités de conception, de fabrication, de commercialisation tout en s’inscrivant dans des territoires locaux • Individus: possibilité d’acheter gamme de produits conçus et fabriqués dans nombre élargi de pays.
2.2 La dimension économique et ses effets • Quels rapports entretiennent entreprises et espaces géographiques aujourd’hui ? • Fordisme (début 20° USA et « 30 Glorieuses » en France) : accumulation intensive du capital centré sur consommation de masse: organisation du travail de type Taylor, mécanisation des procédés, proximité matières premières = construction de territoires clairement délimités et vécus comme tels • Ex: industries minières en Lorraine, métallurgiques dans le Nord, aciéries Fos sur Mer, automobile Citroën Rennes ou des centres industriels plus secondaires comme les mines à Carmaux, le textile à Mazamet…
2.2 La dimension économique et ses effets • Crise du fordisme et mondialisation de l’espace économique • Années 70-80: effacement des barrières douanières (accords du Gatt), difficulté des économies nationales à se restructurer, difficulté à écouler excédents d’une production standardisée / évolution de la demande pour des produits différenciées, de meilleure qualité…mouvements sociaux + (Porter, 1990) : faible coût de la main d’œuvre pays en voie de développement, marché mondial de clients potentiels • Modes de production post ou néo fordiste: nouvelles modalités de l’organisation des firmes qui bouleversent les logiques de localisation des établissements de production ou de services
2.2 La dimension économique et ses effets • Externalisation du procès de production vers des sous traitants qualifiés • Développement des activités tertiaires • Diffusion de la firme dans des espaces nombreux et fragmentés • Nouvelle logique de territorialisation des entreprises n’est plus concentrée autour d’un espace lui offrant allocation de ressources maximale (travail, capital, matières premières) mais se construit dans différents environnement = activités économiques, industrielles et tertiaires s’implantent dans des régions ou pays différents et spécialisés. • Le district ou SPL, réseaux, technopôles = principaux modèles territoriaux d’une économie mondiale
2.2 La dimension économique et ses effets • L’exemple de l’agglomération toulousaine (cf doc) : un district de réseaux participant à des « mondes de production » différents • aéronautique – espace – électronique = partenaires européens + entreprises locales pour sous traitance • Chimie – pharmacie – bio technologies : …Cancéropole en construction • SPLocalisé renforcé par formation supérieure et recherche (universités et grandes écoles) et relations élites économiques et politiques « enracinées » dans le « local ». • Par création de technopôles intercommunales (Labège, Constellation….) • Exemple d’interactions entre mondialisation et localisation économique (affirmation d’une singularité): cf doc Marconis et exemple Cap Découverte (ppt).
2.3 La dimension identitaire des territoires • Idéologies territoriales et fonctions politiques • Dimension idéologique d’un territoire = ensemble des représentations, des idées, des images, des mythes, des discours, des symboles collectifs partagés à une époque et dans un territoire donné par des groupes sociaux développant un sentiment identitaire • Au sens large, idéologie = un système d’idées, un ensemble structuré de représentations, de valeurs, de croyances visant à décrire, interpréter ou justifier la situation d’un groupe ou d’une collectivité • Elle exprime donc un rapport « imaginaire » d’un groupe à ces conditions d’existence (objectives et subjectives) et non simplement la réalité de ces conditions (Althusser, 1970). • Ces idéologies sont transmises par des institutions qui « façonnent » les individus comme « croyants » = une «conscience régionale »
2.3 La dimension identitaire des territoires • Idéologie territoriale: un espace auquel un groupe s’identifie, qu’il s’approprie et auquel il confère un sens par l’intermédiaire d’une idéologie • L. Sfez, (1988) distingue 3 éléments en relation • Le « réel » représenté: l’espace géographique comme support • Le représentant: images, publicité, discours sur le territoire • La représentation: perception individuelle et collective du territoire • Le contenu d’une idéologie territoriale: s’appuie sur des images, des discours, des écrits, des symboles, des représentations sociales qui se « naturalisent » et échappent aux groupes qui les ont produites = stéréotype et mythe local mais pas immuable.
2.3 La dimension identitaire des territoires • Les fonctions : ancrage des représentants et des représentations dans la géographie, l’histoire et la structure sociale des territoires ; combler décalage entre réel et idéologie; mise en scène des valeurs culturelles imposées comme dominantes; dépasser les différenciations (« unanimisme » local); politique de communication territoriale et politique = donc nature politique des idéologies territoriales. • L’identité et la représentation: Bourdieu (1980), doc d’accompagnement.: question politique inséparable de la notion de pouvoir « de faire le groupe en lui imposant des principes de vision et de division communs donc une vision unique de son identité et une vision identique de son unité » • Exemple du Sicoval
Un exemple : le discours d’inauguration de Cap Découverte, 25 juin 2003, Paul Quilès, président du SID • Repérez dans ces discours, les éléments constitutifs d’une idéologie territoriale • Valeurs mobilisées pour réussir • Références au passé ….avenir • Justifications du projet et conditions de sa réussite
2.4 Pouvoir et territoire • Le pouvoir c’est • Une capacité d’agir directement ou par délégation, de produire un effet, de maintenir un « ordre » dans une société (cf définition du politique, Balandier, 1967) • Une autorité, puissance de droit détenue sur quelqu’un ou sur quelque chose = objectif de contrôle et de domination • Une relation et pas seulement un attribut des acteurs (rapport de forces, Crozier et Friedberg, 1977) • Comment ces différentes modalités du pouvoir sont elles en relation avec les territoires ? Quelles sont les modalités politique de construction des territoires ?
2.4 Pouvoir et territoire • La conception politique du territoire national et local. • Pouvoir comme autorité constituée du gouvernement d’un pays (modèle de l’Etat nation) • Science politique , le territoire est la marque de l’Etat qui définit « un cadre spatial dans lequel est établie une communauté humaine, matérialisant sa fixation au sol et déterminant ses contours ainsi que les limites de la souveraineté » (Badie, 1995) • Cet espace délimité = un territoire politiquement pertinent dès que son bornage et sa configuration deviennent le principe structurant d’une communauté politique (Etat, région, département, intercommunalité, commune) = moyen de contrôler une population, de lui imposer une autorité, d’influencer son comportement (violence symbolique)
2.4 Pouvoir et territoire • A. Faure (1995) (cf doc): les politiques locales entre référentiels et rhétorique • Revoir texte Muller (1995, notion de référentiel VP 6) • Les élus locaux organisent leur leadership politique à partir de 3 points: • La montée des idéologies territoriales (décentralisation et mondialisation) = réhabilitation des valeurs culturelles et historiques du territoire / marquer leur différence / collectivités voisines et négocier des liens contractuels avec l’Etat = une perception territorialisée de l’action publique et fort volontarisme politique • Un rapport global/sectoriel spécifique aux « particularités » du territoire (management des territoires et professionnalisation des dossiers) • La transformation des référentiels en rhétorique consensuelle à des fins de communication interne (unité du territoire) et externe (concurrence): service public local, développement local, intérêt général, sport, développement durable…
Un exemple: la construction de la piste cyclable sur les berges du Canal du Midi. • Cf power point « Usages sportifs des espaces publics et politique d’aménagement. L’exemple de la piste cyclable du Canal du Midi dans les années 70 ». (2009)
Conclusion • Territoire: concept central de la géographie sociale qui navigue entre deux pôles extrêmes: vision exclusivement politique ou vision exclusivement naturaliste • Mais territoire = avant tout une construction sociale c’est-à-dire un type de rapports que les individus et les groupes entretiennent avec un espace • Sa construction combine • dimensions concrètes, matérielles (objets, espaces, pratiques et expériences sociales) • Dimensions idéelles: représentations (images, symboles, discours) et des pouvoirs