1 / 28

L’avenir de la radio Publique en France Du Court au long terme

EBU / UER – RAI – UNIVERSITA ROMA TRE Première conférence Cross Radio : Radio de service public – Quo Vadis? First Cross-Radio Conference: Quo Vadis, Public Radio? 29 mai 2009, Frascati (Italie). L’avenir de la radio Publique en France Du Court au long terme. Jean-Jacques CHEVAL

hoai
Télécharger la présentation

L’avenir de la radio Publique en France Du Court au long terme

An Image/Link below is provided (as is) to download presentation Download Policy: Content on the Website is provided to you AS IS for your information and personal use and may not be sold / licensed / shared on other websites without getting consent from its author. Content is provided to you AS IS for your information and personal use only. Download presentation by click this link. While downloading, if for some reason you are not able to download a presentation, the publisher may have deleted the file from their server. During download, if you can't get a presentation, the file might be deleted by the publisher.

E N D

Presentation Transcript


  1. EBU / UER – RAI – UNIVERSITA ROMA TRE Première conférence Cross Radio : Radio de service public – Quo Vadis? First Cross-Radio Conference: Quo Vadis, Public Radio? 29 mai 2009, Frascati (Italie) L’avenir de la radio Publique en FranceDu Court au long terme Jean-Jacques CHEVAL Professeur à l’Université de Bordeaux Sciences de l’Information et de la Communication Président du GRER (Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Radio) jjcheval@msha.fr - http://www.grer.fr

  2. Etat des Lieux : Le Service Public de la Radio en France Le service public de la radio en France est diversifié en France. Depuis sa création en 1921 avec le Poste de la Tour Eiffel, il a connu plusieurs histoires, plusieurs statuts : Depuis la tutelle de l'administration publique du Ministère des Postes, télégraphes et téléphones durant l’Entre-deux-guerres, puis la RDF, la RTF et l’ORTF dont sera issue la société actuelle Radio France en 1974. La radio publique française est aujourd’hui partagée entre différentes structures : RFO, RFI ou encore Arte Radio, mais l’élément le plus important de cette radiodiffusion est la société Radio France avec ses différentes stations et services. RFO, est une société de radio et de télévision à la fois. Elle dispose de deux réseaux radio (RFO 1, RFO 2) et diffuse à travers ses neuf stations dans les Dom-Com (Départements et Collectivités d’Outre-mer) : Martinique, Guyane, Guadeloupe, Saint-Pierre-et-Miquelon, Réunion, Mayotte, Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis-&-Futuna). Le devenir ou l’évolution de ces programmes est étroitement lié à l’avenir, aux statuts même des territoires auxquels ils s’adressent. Par exemple, lors des troubles récents qui ont agité les Antilles et principalement la Guadeloupe, le rôle, la mission de RFO ont été interpelés, et de diverses manières d’ailleurs.

  3. RFI, Radio France Internationale, est la vitrine radiophonique de la France à l’étranger. RFI a pour mission de promouvoir la langue et la culture françaises dans le monde, et de diffuser des émissions à l'intention des Français de l'étranger. Ses programmes se doivent d’être le reflet de la vie politique, économique, scientifique et culturelle de la France. En 2008, RFI a été incorporée à l’Audiovisuel Extérieur de la France (AEF) une société holding qui supervise et coordonne les activités des radios et télévisions publiques détenues par L'Etat Français, ayant une diffusion à l'international. Soit : RFI avec Monte Carlo Doualiya, filiale arabophone de RFI, France 24 chaîne télévisée d’information en continu et TV5 Monde, chaîne de télévision généraliste, multilatérale francophone (contrôlée à la fois par la France, le Canada, la suisse et la Belgique). La nomination de Christine Ockrent comme « directrice générale déléguée » de RFI, par ailleurs épouse de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères du gouvernement actuel a suscité d’autres contestations. Certains voulant voir là un contrôle du gouvernement, où même du Président Sarkozy lui-même, sur la radio. Dernièrement RFI a été touchée par un long mouvement social contestant la restructuration de la station et un plan social annoncé en janvier 2009, qui prévoit 206 suppressions d'emplois (sur un millier d’employés environ) et la fermeture de plusieurs bureaux de langues : allemand, albanais, polonais, serbo-croate, turc et laotien (alors que RFI diffusait jusque-là dans 17 langues étrangères ).

  4. Au-delà des événements franco-français, les dernières évolutions autour de RFI pose la question de l’avenir des radios publiques internationales. Leur viabilité ou leur pertinence face aux nouvelles technologies. Le Professeur Bernard Wuillème de Lyon interroge : « Existe-t-il une réelle demande, un vrai public et une véritable audience pour ce type de radiodiffusion ? Ou n’observons-nous pas, tout simplement, une vision narcissique des États dans ce mode d’information ? » [Bernard Wuillème, Les radios internationales, Paris : Éditions Ellipses (Collection Infocom), 2007]. Une question qu’il pose bien sûr différemment, selon les pays, les continents... ARTE RADIO, issue de la chaîne de télévision culturelle franco-allemande, est quant elle une radio nouvelle et innovante. Elle est diffusée « à la demande » et presque seulement sur Internet, en podcast ou en streaming. Ce nouveau genre de programme radiophonique participe pleinement de la convergence et de l'hybridation des formes médiatiques et de leur réinvention. Utilisant les nouvelles technologies, ARTE Radio casse la logique de flux pour réintroduire une logique de stock dans l'offre radiophonique. Ce faisant, cette station d'un genre inédit retrouve et redonne le plaisir de la création radiophonique, des jeux sur le son et des documentaires qui prennent leur temps. Son succès est croissant (400 000 visites par mois en 2008 en moyenne).

  5. RADIO FRANCE : le premier groupe radiophonique français Radio France reste le pôle majeur de la radiodiffusion publique en France Née de l’éclatement de l’ORTF, en 1974/75, c’est une société nationale de radiodiffusion, constituée sous la forme d’une société anonyme à capitaux publics, l’Etat français étant l’unique l’actionnaire. Face aux groupes privés (RTL, Europe, NRJ ou NextRadioTV) Radio France s’affiche comme le premier groupe radiophonique français. Il a développé une politique de gamme et s’appuie sur 6 chaînes distinctes : France Inter (dit le « Navire Amiral » ; une radio généraliste de qualité, qui joue ou revendique sa différence par rapport aux chaînes généralistes privées, une distinction qui se veut qualifiante), France Info (la chaîne d’information en continue), France Culture et France Musique (deux chaînes culturelles, quand souvent il n’y en plus qu’une dans les pays qui conservent ce genre de programmes), Fip (musicale et de service) et Le Mouv’ (la dernière née, destinée au public jeune, mais plutôt étudiant), ainsi que sur 41 stations locales regroupées au sein du réseau France Bleu.

  6. Des chaînes satellitaires, des web radios thématiques et les sites Internet des chaînes accroissent cette offre de programmes, notamment grâce à de nombreux contenus multimédias et à une diffusion en podcasting, qui a régulièrement augmentée lors des dernières années. Son budget est de 611 millions d’Euros en 2009, un chiffre que l’on peut rapprocher des 742 millions d’Euros du marché global publicitaire radio en France en 2008 tel qu’il a été mesuré par l’Institut de Recherche sur la Publicité (IREP, le Marché Publicitaire Français). On peut aussi comparer ce budget au gigantesque chantier qui a été entrepris pour réhabiliter la Maison de la Radio. D’une superficie de 100 000 m2, c’est un bâtiment parisien emblématique, construit dans les années 50 et 60 et qu’il faut aujourd’hui mettre aux normes modernes de sécurité et d’hygiène du travail : un programme de réhabilitation est en cours. D’un montant initial de 328 millions d’euros, il est déjà passé à 420 millions d’Euros et devrait s’achever en 2015-2016 Radio France compte plus de 4000 collaborateurs permanents et plus encore de collaborateurs intermittents

  7. Radio France et les ressources publicitaires / Economie du Service Public de la radio L’économie de la radio publique française repose essentiellement sur la redevance que payent les Français pour la possession d’un poste de télévision (116 Euros par foyer en 2008). Bon an, mal an, c’est un cinquième de cette redevance (20%) qui revient à la radio. Les ressources publicitaires sont donc marginales par leur existence et leur volume. La publicité diffusée sur les ondes de Radio France est limitée aux messages de publicité collective et d’intérêt général, c’est-à-dire fermée au produit et services de marques. Ce qui provoque parfois des problèmes de définitions. De plus, le cahier des charges de Radio France limitent à 30 minutes par jour en moyenne sur l’année la durée autorisée de publicité sur ses chaînes nationales. En 2007, Radio France souhaitait pouvoir ouvrir ses écrans à un éventail plus large et plus diversifié d’annonceurs ; tout en suggérant, en contrepartie, une réduction de la durée moyenne quotidienne de publicité autorisée sur ses antennes nationales, de 30 à 20 minutes. Mais en fait en 2007, la diffusion des messages publicitaires a représenté seulement 10 minutes en moyenne par jour sur France Inter, 8 minutes sur France Info et uniquement 3 minutes sur France Bleu (des chiffres en diminution sur les trois stations par rapport aux 3 années précédentes). Dans un climat global de récession des ressources publicitaires, l’opposition des radios privées étaient très vives face à ces propositions

  8. C’est dans ce contexte, qu’en janvier 2008, le Président Nicolas Sarkozy a annoncé sa décision de supprimer le financement publicitaire sur les chaines audiovisuelles de service public. La surprise a été vive puis l’incertitude, car la radiodiffusion englobée dans cette appellation générique d’audiovisuel public n’était pratiquement jamais spécifiquement mentionnée dans les débats qui ont suivis. Finalement la loi Loi n° 2009-258 du 5 mars 2009 relative à la communication audiovisuelle et au nouveau service public de la télévision, longuement discutée et difficilement adoptée, laisse la radio en dehors du champs des dispositions qui suppriment la publicité sur les chaînes de télévision publique en prime time, en soirée et durant la nuit (entre 20 heures et 6 heures du matin dans un premier temps). La suppression sera étendue, après évaluation, à l’ensemble de la journée en 2011. Radio France reste donc à la case départ en la matière, sans perspective d’augmentation de ses ressources publicitaires, mais sans obligation de leur suppression non plus. Il reste à savoir si la dotation provenant de la redevance restera à son même niveau, augmentera ou diminuera dans les prochaines années. Ce sera l’un des enjeux du prochain contrat d’objectifs et de moyens que doit renégocier et signer Radio France avec l’État avant la fin 2009.

  9. La nomination des dirigeants des sociétés audiovisuelles de service public Une autre décision du Président Nicolas Sarkozy a déjà eu plus d’influence sur le service public radiophonique français à travers Radio France et pourrait en avoir d’autres à moyen et cours et moyens termes il s’agit de la nomination des dirigeants des sociétés audiovisuelles de service public par le gouvernement et, en France tout le monde l’a compris ainsi, par le Président de la République lui-même. Annoncé en juin 2008, ce projet à lui aussi déclenché de multiples débats et polémiques. Ce qui était la règle avant 1982, avait été interrompue par François Mitterrand et la mise en place d’un système de nomination qui reposait sur la décision de l’instance réputée indépendante de régulation de l’audiovisuel (dernièrement le CSA). Nicolas Sarkozy et sa majorité ont eu beau jeu de décrire un système biaisé dans lequel aucune nomination ne se faisait sans l’assentiment de l’exécutif et dénonçant cette « hypocrisie », ils ont souhaité un retour à la nomination PDG de l’audiovisuel par son actionnaire principal c’est-à-dire l’Etat (après audition des personnes choisies par le CSA et le Parlement). Le même exécutif ayant également pouvoir de révocation. La loi organique n° 2009-257 relative à la nomination des présidents des sociétés France Télévisions et Radio France et de la société en charge de l’audiovisuel extérieur de la France a été adoptée le 5 mars 2009. Du fait du calendrier, c’est à la société Radio France qu’elle s’est appliquée en premier lieu, en mai 2009.

  10. Depuis 2006, le PDG était Jean-Paul Cluzel(qui venait de RFI et se revendique : Conservateur, Catholique et Homosexuel). Contesté lors de sa nomination, son bilan a finalement été assez positif (particulièrement en termes d’audience). Il pouvait donc envisager une reconduction à son poste, à laquelle il se préparait (Opération « Radio France Demain »). Ceci n’a pas été souhaité par le Président Sarkozy. Plusieurs motifs ont été avancés : une proximité avec le clan de Jacques Chirac l’ancien Président. Une photo controversée où le PDG de Radio France posait masqué, tatoué et torse nu dans un calendrier vendu au profit de la lutte contre le SIDA. Des critiques contre le ton général de France Inter et de certains programmes clairement marqués à gauche (« Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet), ou bien les chroniques matinales d’un humoriste incisif, Stéphane Guillon, qui s’en était pris, notamment, de manière très acide à Dominique Strauss-Kahn, Directeur Général du FMI, et le reproche à Jean-Paul Cluzel de ne pas avoir su « discipliner » Radio France... Pour d’autres analystes, ce fut le souci du Président de marquer un coup en agissant à contre courant des pronostics qui prévoyaient la nomination d’un proche et une reprise en main politique de la radio publique.

  11. Le choix de Nicolas Sarkozy s’est finalement porté sur Jean-Luc Hees, un professionnel, ancien de Radio France, journaliste reconnu, ancien directeur de France Inter (remercié à l’époque par Jean-Paul Cluzel), passionné des Etats-Unis, où il a été correspondant, admirateur de Barack Obama et, enfin, classé plutôt à Gauche. Jean-Luc Hees collaborait à Radio Classique une station privée, concurrente de France Musique et, occasionnellement, à Charlie Hebdo, un hebdomadaire satirique qui n’a jamais très tendre avec la majorité actuelle, dirigé par Philippe Val. Philippe Val qui a depuis rejoint Jean-Luc Hess à Radio France sans que l’on connaissent encore ses attributions. Alors ? Une autre manifestation de l’ouverture présidentielle de Nicolas Sarkozy ? Un renoncement à reprendre en main Radio France qu’il sait lui être hostile ? Un jeu subtil pour désarçonner ses adversaires politiques... les hypothèses courent encore, mais au-delà de l’anecdote, quelles sont, ou seront, les conséquences pour Radio France et pour son avenir à moyen terme ?

  12. Selon l’hebdomadaire Télérama, les chantiers à venir sont de taille : « travaux de rénovation, arrivée de la radio numérique, adaptation aux nouveaux modes d'écoute de la radio, renégociation de la convention collective, qui promet de longs mois de turbulences », auxquels s’ajoute la signature d’un nouveau contrat d’objectifs et de moyens. Sur le plan politique, certains prédisent des jours difficiles à Jean-Luc Hees en raison des circonstances de sa nomination. Peut-il apparaître indépendant ou servira-t-il forcément de caution à la politique présidentielle ? Pourra-t-il se démarquer ou restera-t-il marqué par un soupçon originel... ? Avec, par exemple, un risque de paralysie... D’autre insistent plutôt sur certaines lacunes ou faiblesses montrées, pensent-ils, par le nouveau PDG lors des auditions qui ont précédé sa nomination définitive, en particulier dans le registre de la prospective pour la société, son avenir et les projets à développer. Devant le CSA, dans le registre technique, Jean-Luc Hees n’a pas prétendu être féru des nouvelles technologies, balayant cette limite par un « Je ne suis pas sûr que le PDG de la SNCF sache piloter un TGV ». Il a néanmoins avancé quelques idées : «Le Web est le média le plus complémentaire de la radio, alors l'avenir est à nous! Je sens que c'est ça l'urgence, car cela fait bien longtemps que je n'ai pas vu un jeune branché sur un transistor pendant deux heures dans sa chambre». Sur la radio numérique, il s'est montré plus prudent et peut-être même attentiste : «Cette radio [numérique] va demander du temps, c'est encore lointain comme affaire». Rappelant que la BBC y travaillait depuis 15 ans et n’en tirait toujours pas plus de 15% de son audience. Mais il a aussi réaffirmer sa foi dans les notions fondamentales de service public : «Il ne suffit pas de dire service public comme un lieu commun, c'est un principe auquel je suis très attaché en tant que journaliste et en tant que citoyen. Radio France n'appartient ni au Président de la République ni au PDG de cette entreprise».

  13. « Demain Radio France » Avant la fin de son mandat et prévoyant sa reconduction, Jean-Paul Cluzel a lancé une opération importante et intéressante : Il s’agissait d’interroger les auditeurs de Radio France sur l’avenir de la radiodiffusion publique, sur leurs appréciations et leurs attentes à partir d’une large consultation externe (mais aussi interne au sein de la société). « La radio passe de média de flux à média à la demande » déclarait Jean-Paul Cluzel au journal La Croix lors du lancement de cette opération et c’est pourquoi il souhaitait interroger l’auditoire de Radio France sur son opinion et ses attentes. Cette consultation a été menée essentiellement sur Internet du 9 février au 5 mars 2009. La démarche était qualitative et non quantitative. Les réponses sollicitées étaient guidées par quelques questions ouvertes: Quelles sont les valeurs, les missions et les spécificités des radios publiques ? Pourquoi les préférez-vous aux stations privées ? Etes-vous satisfaits de la façon dont les antennes de Radio France reflètent les réalités culturelles que vous vivez ? Souhaitez-vous en tant qu'auditeur/trice avoir davantage l'occasion d'intervenir en direct ?...

  14. Les réponses Il y a eu beaucoup de réponses; En externe, le site a comptabilisé 60 000 visites de 50 000 internautes (ce qu’il faut tout de même comparer aux 13,5 millions d’auditeurs de Radio France et le nombre de participants effectif aux forum a été plus restreint, seulement quelques milliers). Et en interne : 1 100 visites de 339 internautes employés de Radio France (à rapprocher des 4 000 employés permanents de la société) La première question était bien sûr d’évaluer la représentativité de ces contributeurs tous totalement volontaires. En externe 36% avaient moins de 40 ans, 64% avaient 40 ans et plus (ce qui se rapproche effectivement de la sociologie générationnelle de l’auditoire global de Radio France). Par contre les interventions d’auditeurs de certaines chaînes de Radio France, ont été complètement sur représentées par rapport à la réalité de l’audience en général. Ce fut, très clairement, le cas des auditeurs de France Culture (21 % des réponses et en réalité moins de 5% de l’audience totale de Radio France). Les résultats de cette consultation ont été présentés publiquement le 27 mars 2009.

  15. Parmi les résultats, on relève, par exemple, que les thématiques et propositions les plus débattues, par ordre décroissant ont été : la musique, la culture, la place des régions, l’interactivité, l’information, la publicité, le sport. • Les propositions les plus appréciées (public) ont été les suivantes : • 1. Créer une bibliothèque sonore où retrouver les archives des émissions • 2. Etendre le rayonnement de FIP • 3. Créer un "jukebox participatif" • 4. Plus d'informations sur l'Europe • 5. Davantage de diversité musicale sur toutes les antennes • 6. Créer un programme, une radio "histoire" • 7. Devenir un laboratoire du son • 8. Limiter ou supprimer les informations boursières • 9. Pour une plate-forme internet permanente de débat entre les auditeurs et Radio France • 10. Mettre en place des réseaux "d’informateurs-citoyens" • 11. Créer des programmes spécialement destinés aux enfants • 12. Créer, sur internet, un espace dédié aux enseignants • 13. Développer des radios thématiques • 14. Développer entre les chaînes de Radio France une promotion croisée des programmes • 15. Intégrer la météo marine dans les flashs météo • 16. Aménager la place de la publicité • 17. Plus de place pour les régions, les langues régionales…

  16. Véronique Brocard (avec Paul Grisot) de l’hebdomadaire culturel Télérama(n° 3089, 26 mars 2009) concluaient ainsi une présentation des résultats de cette enquête : « […] pour l'avenir (rêvé) de Radio France. Pas de révolution, mais des améliorations […]. Quand on lit ces lettres sourd une inquiétude : celle que dans un avenir très proche le pouvoir fasse main basse sur le service public, que l'indépendance de ces radios soit mise en cause, que, « petit à petit, les journalistes perdent leur liberté, soit par pression politique directe ou par autocensure ». Soudain ce courrier de lecteurs-auditeurs se fait militant. En déclarant votre amour aux radios publiques, vous vouliez à l'évidence en être, d'abord et surtout, les défenseurs ». Et c’est bien une des impressions majeures qui se dessinent de la lecture d’une bonne partie des contributions. On doit sans doute, en premier lieu, relativiser les résultats de cette enquête qui ne peut prétendre à une représentativité scientifique des auditeurs de Radio France. Elle apporte néanmoins une connaissance intéressante sur la frange la plus impliquée de l’auditoire de la radiodiffusion publique en France, celle qui développe une écoute active, attentive et critique. Mais ce n’est pas le cas de la totalité de cet auditoire, et les résultats de cette opération ne peuvent nullement être extrapolés à tous.

  17. Quelles attentes, quelle réception ? Cette problématique ne date pas d’aujourd’hui. Au XVIIème Siècle, en 1631 (date de l’apparition du premier périodique français), Théophraste Renaudot, le père tutélaire de la presse française, évoque déjà la difficulté de contenter un public qui est déjà collectif, même s’il n’est pas encore de masse, et qui est partagé d’exigences diverses ou même contraires : « Les capitaines y voudraient tous les jours rencontrer des batailles et des sièges levés ou des villes prises ; les plaideurs des arrêts en pareil cas ; les personnes dévotieuses y cherchent les noms des prédicateurs et à peu qu’il ne disent, des confesseur de remarque. Ceux qui n’entendent rien aux mystères de la cour les y voudraient trouver en grosses lettres [...] Il s’en trouve qui ne prisent qu’un langage fleuri ; d’autres qui veulent que mes relations semblent à un squelette décharné, de sorte que la relation en soit toute nue. Ce qui m’a fait essayer de contenter les uns et les autres […]». Théophraste Renaudot (Préface du recueil de ses Gazettes en 1631) Au-delà ce type d’enquête démontre aussi la difficulté bien connue de satisfaire un public de masse et de donner à chacun ce qu’il attend...

  18. Son contemporain René Descartes, un an auparavant, en 1630, en évoquant l’acoustique de la voix humaine, avait pour sa part annoncé ce qui demeure, aujourd’hui encore, parmi les problématiques fondamentales de l’audience et de la réception : l’audience sélective et l’effectivité de la réception. Il écrivait : «  De dire que la même partie d'air in individuo qui sort de la bouche de celui qui parle, va frapper toutes les oreilles, cela est ridicule ». Lettre de René Descartes à Mersenne, janvier 1630, Œuvres complètes, La Pléiade, 1964 Bien plus tard, dans son Traité des objets musicaux, Pierre Schaeffer présentait ainsi les variantes envisageables de la position du récepteur / auditeur : « 1. J'écoute ce qui m'intéresse. 2. J'ouïs, à condition de n'être point sourd, ce qui se passe de sonore autour de moi, quels que soient par ailleurs mes activités et mes intérêts. 3. J'entends, en fonction de ce qui m'intéresse, de ce que je sais déjà et de ce que je cherche à comprendre. 4. Je comprends, à l'issue de l'entendre, ce que je cherchais à comprendre, ce pour quoi j'écoutais. » Pierre Schaeffer, Traité des objets musicaux, Livre II, « Entendre », Paris : Editions du Seuil, 1966

  19. L’avenir à long terme de la radio de service public En tout état de cause, quelques semaines seulement après son achèvement, et sa présentation, l’opération « Demain Radio France » semble déjà enterrée par la nouvelle direction de la société. Plus aucune trace de celle-ci ne figure dans sur le site Internet général de Radio France et l’on peut s’interroger : S’agit-il d’un souci stratégique? Preuve d’une difficulté à exploiter les résultats ? La marque d’un désaveu ? ou bien le refus de se laisser enfermer par avance dans les pistes et suggestions qui semblaient être avancées par les auditeurs ayant participé à ce sondage qualitatif? Finalement l’avenir de Radio France à long terme, ni même à moyen terme, n’est certainement pas écrit à ce jour, mais l’on peut sans doute avancer qu’il ne sera pas spécifique aux radios de service public. Il s’inscrira forcément dans les bouleversements technologiques en cours et les modifications d’usages, de pratiques qui les accompagnent. Après de longues années de prévisions, expérimentations, tergiversations, décisions contestées (la norme T-DBM unique), le mardi 26 mai 2009, le CSA français a enfin délivré ses premières autorisations d'émettre en numérique à 160 radios sur les zones de Paris, Lyon et Marseille. Elles seront les premières à être diffusées en mode numérique sur le territoire français, normalement à la fin de l'année 2009. Mais l’achèvement du processus sera encore long, comme le dit Jean-Luc Hess.

  20. Scénarios Ce que l’on appellera la « Post radio » est certainement riche de potentialités et de dynamiques spatio-temporelles nouvelles. Mais à partir de là divers scénarios sont possibles. On conviendra que l’entrée dans l’ère numérique ne devrait pas être le constat d’une simple « radio numérisée » à partir de la radio analogique, mais une véritable évolution du média radio qui concernera le contenu éditorial, la technologie, la réception et donc aussi l’économie ou fondamentalement le statut de la radio au sein des systèmes médiatiques Pour autant, on peut avancer que les mutations ne se feront en effet pas immédiatement ; ni de manière homogène dans les espaces sociaux ou géographiques et culturels nationaux et a fortiori mondiaux. Des résistances existent et nous pouvons penser que le futur de la radio sera ainsi fait de permanences ou de continuités et de cohabitations entre des formes radiophoniques anciennes et nouvelles. Deux registres prévisionnels sont en présence.

  21. Une vision optimiste prédit que la Post Radio offrira : • • la multiplication des plateformes de diffusion (RNT, Internet fixe et mobile, satellite, téléphonie...) ; • • des contenus plus denses (au son s’ajoutent les données associées) seront disponibles et de nouveaux formats de programmes, de nouvelles productions innovantes sont prévisibles; • • une augmentation de l’offre de programmes pour des niches plus spécifiques, et, en corollaire, la personnalisation des programmes avec la possibilité de partager ses goûts au sein de communautés d’auditeurs à géométrie variable ; • • d’autres écoutes et usages de la radio émergeront grâce aux nouvelles « machines » radiophoniques aux fonctions nombreuses, différentes et novatrices (par exemple : pause, retour en arrière et enregistrement...). De fait une délinéarisation de l’écoute est possible grâce à Internet et aux podcasts ; • • une progression de l’écoute nomade en mobilité. L’écoute de la radio, qui était depuis la deuxième guerre mondiale «nationale», puis plus souvent « locale », pourra être davantage mondiale et / ou délocalisée.

  22. Une vision plus mesurée de la Post radio peut être proposée et, avec elle, on peut penser que ces évolutions ne seront sans doute pas uniforme, ni univoque ? La période de transition s’annonce délicate et peut-être longue. En se gardant de discours purement technicistes ou déterministes, il faut mesurer la possibilité d’écueils, résistances et retards possibles : • Des contestations des choix technologiques existent et l’on évoque des retards dans la livraison des nouveaux équipements de réception, et dans leurs prix qui restent élevés entrainant des incertitudes sur le renouvellement du parc existant. • On parle des surcoûts liés à la double ou multiple diffusion nécessaire qui seront à envisager sur une période prolongée ; quels nouveaux modèles économiques pour la Post Radio (risque de multiplication de radio « low cost ») • Les inégalités des secteurs radiophoniques face au numérique (particulièrement pour le tiers secteur ou bien à un niveau mondial) sont à considérer et, de fait, le risque de « fractures radiophoniques », tant du point de vue des opérateurs que des auditeurs, socialement ou géographiquement. • Les conditions de régulation de la radiodiffusion s’inscriront dans de nouvelles problématiques qui sont loin d’être fixées; • Les incertitudes demeurent quant à l’appropriation des nouvelles technologies radiophoniques par les publics et inversement l’attachement aux formes traditionnelles de la radiodiffusion qui pourra être durable ; • Au final : certains évoquent le délitement, la dissolution de la radio dans des convergences et hybridations médiatiques, soit la fin de la radio elle-même.

  23. ... La Fin de la Radio ? Si l’on regarde ailleurs on peut trouver des analogies, des comparaisons intéressantes, en 2006, Jean-Louis Missika, publiait en France un livre polémique intitulé « La fin de la télévision ». Trois faits selon lui annoncent et déterminent cette fin : la démédiation(la fragmentation, segmentation de la télévision ; sa perte de rôle médiateur et d’intermédiaire entre le monde et lles publics, les téléspectateurs), la dépendance(avec les plateformes de diffusion multiples, la télévision dépend d’autres médias de diffusion et perd ainsi son autonomie et sa spécificité). Enfin la télévision se dilue dans une déprofessionnalisation(les prises de participation croissante des téléspectateurs dans les émissions, les non professionnels, les amateurs, qui s’érigent journalistes profitant des capacités de diffusion qui s’offrent à eux). Il serait à l’évidence aisé de transposer ces constatations au média radiophonique, mais cette chronique d’une mort annoncée de la radio n’a telle pas été tant de fois déjà énoncée ? Elle l’est encore aujourd’hui !

  24. La Mort de la Radio ! « Un vent dur, amer et froid souffle entre les pierres tombales », [....] Une d’elles dit juste ceci : « Ci-git la Radio : 2 novembre, 1920 – 2 novembre 2009 » Pourtant comme le disait, celui qui fut mon professeur à Bordeaux, Robert Escarpit : « De deux choses l’une, l’homme apporte la troisième », et entre les incantations qui nous annoncent des horizons radieux et d’autres un deuil attendu, il y a certainement une ou plusieurs troisièmes voies. http://www.radioink.com/listingsEntry.asp?ID=553494&PT=publishersnote

  25. Face à ceux qui prédisait la fin de la radio par l’avènement de la télévision, dès 1950, Pierre Schaeffer écrivait : « … La télévision […] connaîtra sa période d’engouement. Elle semblera détrôner son infirme aînée, la radio aveugle. Mais la radio, elle-même, sous peu se ramifiera en branches spécialisées, selon des moyens de transmission nouveaux. La radio n’en restera pas aux programmes étroitement limités des ondes moyennes. La modulation de fréquence va faire se multiplier les chaînes. La Radio se diversifiera comme le livre, du bulletin ronéotypé aux impressions de luxe. À la radio restera la transmission du verbe […]  » • Pierre Schaeffer : préface à La radio, reflet des temps de Stéphane Cordier, Paris : Éditions internationales, 1950 Comme j’ai pu déjà l’écrire par ailleurs, « Le risque de la prophétie est autant dangereux que celui de la simple intuition et, on le sait d'expérience, les prédictions, à l'endroit de l'avenir des médias comme d'autres domaines, sont régulièrement invalidées par la réalité. À l'occasion, il est cependant réjouissant de s'étonner quand les prémonitions résonnent à distance avec une pertinence féconde ». Et c’est le cas ici, je crois, avec Pierre Schaeffer. Les sons des radios a contribué à former la bande sonore de nos vies selon l’expression d’un de mes collègues anglais, le professeur Guy Starkey de Sunderland, et elle continuera probablement à le faire longtemps encore, de manière positive mais aussi, et forcément, contrastée. « La radio : paroles données, paroles à prendre », sous la responsabilité de Jean-Jacques Cheval, MédiaMorphoses, Paris : Armand Colin / INA, n° 23, juin 2008

  26. Quel futur pour la radio et pour les radios publiques ? Néanmoins, en conclusion, il serait sans doute possible également de développer des projections idéales sur la radio de demain et de les confronter ou de les appuyer sur les théories de l’Innovation de l’Autrichien Joseph A. Schumpeter. Mais toujours sans se départir d’un refus d’un angélisme ou d’un optimisme béat. Justement, Pierre Schaeffer disait encore ceci : « L’humanité contemporaine se trouve donc en présence de moyens de retransmission de plus en plus variés et considérables. Maintenant il s’agit de savoir si elle a de quoi les alimenter, si ce qu’elle retransmet ainsi, et multiplie, en vaut la peine. Un de ces jours, on risque de voir l’humanité comme branchée sur elle-même, en proie à ce que les techniciens appellent « Effet Larsen », cette fois de proportions gigantesques. L’énorme sifflement du vide menace une humanité qui ne fait que s’écouter et se dévisager dans ses micros et ses caméras… » Pierre Schaeffer : préface à La radio, reflet des temps de Stéphane Cordier, Paris : Éditions internationales, 1950 Dire que le service public, comme concept et comme valeur, se sent concerner par ces augures me semble du domaine de l’évidence. Cette conscience des enjeux et pourquoi pas des risques, doit être au cœur des préoccupations des professionnels et décideurs qui sont présents ici. Nous autres universitaires et chercheurs, nous sommes là aussi pour observer, rappeler, évaluer, relater et avertir. Il est sûr que ni les uns, ni les autres, nous n’avons, à nous seuls, le pouvoir de conjurer ou de décider du futur… Et certainement ces mêmes questions se poseront encore demain et c’est pour cela que pour finir j’aimerais vous inviter, tous ici, à en débattre à nouveau dans quelques mois à Paris.

  27. VERS LA POST RADIO Enjeux des mutations des objets et formes radiophoniques Colloque international organisé par le Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Radio PARIS, les 26, 27 et 28 novembre 2009 Université Paris I – Panthéon - Sorbonne (Institut National d’Histoire de l’Art, à PARIS) Le GRER organise son quatrième colloque international. Après Bordeaux (2001 et 2004) et Lyon (2006), il aura lieu à Paris en novembre 2009. Dans le contexte de changements généralisés provoqués par la numérisation des médias, ce colloque proposera d’interroger et de dégager les principales pistes et étapes de développement d’une radiophonie en mutation. À partir des expériences passées et des informations disponibles aujourd’hui, il s’agira d’envisager la reconfiguration des objets et formes d’expression radiophoniques vers une possible « post radio » ; de mesurer de manière dynamique les évolutions et les ruptures, les résistances et les permanences ; de considérer les enjeux et potentialités de ces transformations. Vous êtes tous très cordialement invités à vous joindre à cette rencontre Je vous remercie , Jean-Jacques CHEVAL - Frascati, 29 mai 2009

  28. Et pour en savoir plus, régulièrement,le site Internetdu GRER :www.grer.frou biendirectementpar email :jjcheval@msha.fr

More Related