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Du d é cl in des ondes courtes à l ’è re num é r i que: la transformation de Radio suisse internationale (SRI) en site internet (www.swissinfo.ch) (1985-2009). PROBLEMATIQUE.
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Du déclin des ondes courtes à l’ère numérique: la transformation de Radio suisse internationale (SRI) en site internet (www.swissinfo.ch) (1985-2009)
PROBLEMATIQUE La fin de la guerre froide fait vivre, de manière générale, une véritable crise d’identité aux radios internationales occidentales. A quoi peuvent-elles bien servir dans cet environnement international apaisé? A cette remise en question, de nombreux gouvernements répondent par une reconsidération de leur participation au financement de ce moyen de communication. En outre, une concurrence croissante due à la libéralisation de nombreux marchésaudiovisuels et au développement de nouvelles technologies ne facilite pas la tâche des radios internationales. Celles-ci doivent faire face à une offre de programmes accrue et diversifiée. Par conséquent, les années 1990 sont marquées par la lutte que mènent les radios internationales pour acquérir une nouvelle légitimité et renforcer leur présence dans l’éher international. Raphaëlle Ruppen Coutaz
Dans ce contexte, quelle est la stratégie que va développer Radio suisse internationale (SRI)? La présentation a pour but d'analyser comment une radio internationale "traditionnelle" se transforme en une entreprise multimédia et d'examiner dans quelle mesure SRI a servi de laboratoire pour une révision plus profonde du rôle de la radiodiffusion dans le paysage médiatique suisse à l'heure d'internet. Il s'agira de se pencher sur les débats qui ont accompagné le passage des ondes courtes à l’ère numérique. Derrière les diverses prises de position se trouve une certaine conception de la mission que Radio suisse internationale doit accomplir et du public qu'elle est censéeatteindre. Pour terminer, nous verrons que la réorientation stratégique radicale pour laquelle cette organisation opte va accélérer la remise en question de la définition du service public audiovisuel helvétique. Raphaëlle Ruppen Coutaz
PLAN • Introduction. Les spécificitésdu paysage médiatique suisse et les caractéristiques de SRI/swissinfo 2. 1985-1998 Radio suisse internationale, un "bateau ivre"? 3. 1998-2004 "Radio suisse internationale trouve sa voix sur le net" 4. 2004-2009 Le web, sauveur ou ennemi de SRI? 5. Conclusion. Vers une redéfinition du service public audiovisuel suisse Raphaëlle Ruppen Coutaz
LES SPECIFICITES DU PAYSAGE MEDIATIQUE SUISSE • Dès 1931, le service de la radiodiffusion est confié à la Société suisse de radiodiffusion (SSR), une société privée, qui remplit, en vertu d’une concession octroyéepar le Conseil fédéral, un mandat de service public. • Cette société est composéejusqu'en 1953 de 6 studios/unitésd'entreprise. • Créé en 1935, le Service suisse des ondes courtes (SOC), aïeul de Radio suisse internationale (SRI), est reconnu institutionnellement en 1953 comme le septième studio de la SSR. Raphaëlle Ruppen Coutaz
Rapport annuel de la SSR 2002, p. 46. Raphaëlle Ruppen Coutaz
La Confédération helvétique précise dans la nouvelle concession de 1953 la double tâche que le SOC doit remplir: "Les émissions sur ondes courtes doivent resserrer les liens qui unissent au pays les Suisses demeurant à l’étranger et contribuer au rayonnement de la Suisse dans le monde." • La mue du Service suisse des ondes courtes, entamée au début des années 1970, se traduit formellement, le 5 novembre 1978, par le nouveau nom qui lui est attribué: "Radio suisse internationale". Raphaëlle Ruppen Coutaz
LES CARACTERISTIQUES DE SRI/SWISSINFO • Nombre de langues: De 9 pour SRI (allemand, français, italien, anglais, espagnol, portugais, espéranto, arabe, romanche) à 10 pour www.swissinfo.ch (allemand, français, italien, anglais, espagnol, portugais, japonais, arabe, chinois et russe). • Nombre de collaborateurs: 126 en 1985, 150 en 1995, 190 en 2000, 180 en 2005 et 148 en 2008. • Volume d’émission: 15'000 heures en 1985, 50'704 heures en 1995 et 65'973 heures par an en 2000. • Financement et budget: La Confédération suisse prend en charge la moitié du budget de cette unité d'entreprise à partir de 1985. Le reste est financé par la SSR (la redevance). Produits d'exploitation: 15'083'000 CHF en 1985, 27'060'561 CHF en 1995, 49'671'548 CHF en 2000, 33'731'000 CHF en 2005, 26'169'000 CHF en 2008. Raphaëlle Ruppen Coutaz
1985-1998 RADIO SUISSE INTERNATIONALE, UN "BATEAU IVRE"? • Il devient de plus en plus difficile pour SRI de se faire entendre et de contrebalancer la puissance des émetteurs étrangers, particulièrement actifs en période de guerre froide. La vétusté de l’émetteur d’ondes courtes de Schwarzenbourg (Berne), mis en fonction en 1939, et les difficultésde réception qui s'ensuivent, remettent en cause l'existence de Radio suisse internationale. • Améliorer les capacitésde l’émetteur de Schwarzenbourg semble donc incontournable. En 1985, l'Office fédéral des postes et télécommunications, responsable des infrastructures d’émission en Suisse, présente alors un projet de rénovation de cette station. Redoutant des nuisances provenant des champs magnétiques, les riverains et des associations écologistes le rejettent. Raphaëlle Ruppen Coutaz
D'autres moyens pour pallier ces déficiences techniques doivent être alors urgemment trouvés.SRI remédie partiellement à la mauvaise réception de ses programmes en faisant notamment appel à des émetteurs-relais et en renforçant son service des transcriptions. En 1987, elle se lance également dans la télévision. • En 1992, les plus de 500'000 Suisses de l’étranger obtiennent le droit de vote et d’éligibilité. • Le 29 mars 1992, SRI lance son programme sur le satellite Astra et présente sa nouvelle stratégie ("SRI Futura") qui consiste à octroyer à chacun des moyens de diffusion un objectif précis: ondes courtes destinées principalement aux Suisses de l’étranger, aux pays en voie de développement et aux zones de conflits/satellite destiné principalement à l'Europe et qui permet de fournir des programmes à des stations étrangères partout dans le monde. Raphaëlle Ruppen Coutaz
En 1994, SRI lance deux programmes satellites en français et en anglais à destination de l’Europe. Deux autres programmes satellites suivront en italien et en allemand, mais ils resteront provisoires en raison du manque de sécurité financière.Parmi l'ensemble des mesures d’économie qu'il prévoit, le Conseil fédéral propose au Parlement une réduction importante de la subvention qu'il accordait jusqu'alors à SRI. Heureusement pour elle, l'Assembléefédérale ne suivra finalement pas le gouvernement. On constate toutefois une érosion progressive des aides fédérales accordées à SRI. • Projet de lancer une chaîne de télévision satellitaire internationale = premier vrai danger pour la radiodiffusion internationale. Ce projet n'aboutira pas pour des raisons budgétaires principalement. Raphaëlle Ruppen Coutaz
Fin 1995, SRI fait ses premiers pas sur internet en proposant des informations de base = deuxième vrai danger pour la radiodiffusion internationale. => Les différents protagonistes partagent l'idéequ'il n'y a pas encore de réelles alternatives à l'emploi des ondes courtes. Complémentarité des vecteurs ou "bateau ivre"? L'idée germe progressivement de faire de Radio suisse internationale un "Swiss Media International" (concept qui apparaît en 1997), s'appuyant sur l'ensemble des médias électroniques: la radio, la télévision et l'internet. Raphaëlle Ruppen Coutaz
1998-2004 "RADIO SUISSE INTERNATIONALE TROUVE SA VOIX SUR LE NET" • Comme les mesures d’économie de la Confédération se poursuivent, SRI doit faire des sacrifices considérables pour prendre ce tournant. L'arrêtde l’émetteur de Schwarzenbourg, décidé par la SSR à la fin mars 1998, marque la disparition d'un pan considérable de l'identité de Radio suisse internationale. • Le 1er avril 1998, les premières émissions de radio sont diffusées en ligne. SRI souhaite cependant aller plus loin en réalisant un portail d’information complet sur la Suisse contenant à la fois du texte, du son et de l’image. • En mars 1999, lancement du site internet www.swissinfo.ch. Raphaëlle Ruppen Coutaz
Il paraît de plus en plus clair aux acteurs impliquésdans les choix stratégiques que la survie de SRI passera par ce nouveau moyen de communication. Toutefois, l'idée persiste qu'internet, autant que la télévision et que le satellite, ne peuvent pas se substituer aux ondes courtes dans le secteur de la radiodiffusion internationale. • La pluridisciplinarité qu'appellent les différents supports contraint le personnel de SRI/swissinfo à entreprendre une formation multimédia. • La direction générale de la SSR désigne SRI/swissinfo comme un centre qui doit regrouper toutes les compétences web de l'ensemble de l'organisation publique. Création en 2001 de la "Webfactory". Raphaëlle Ruppen Coutaz
En dépit du succèsrencontré, la pression financière, exercéepar la Confédération qui cherche à mener à bien son programme de restrictions budgétaires, continue à s'amplifier. Le gouvernement propose, en 2003, à la SSR d'augmenter la redevance en échange de l'arrêtde l'octroi de la subvention fédérale, ce qu'elle refuse. Aucune instance ne semble vraiment avoir envie de financer SRI/swissinfo, chacune se renvoyant la balle (la Confédération au Parlement, la SSR à SRI/swissinfo). La fin de la participation de la Confédération à SRI/swissinfo sera rediscutée à l'occasion de l’élaboration de la nouvelle loi sur la radio-télévision de 2006. Mais dans la perspective de cette réduction, la SSR doit combler le manque à gagner et SRI/swissinfo est obligée de faire des économies importantes et d'entamer une restructuration partielle. Raphaëlle Ruppen Coutaz
SRI/swissinfo doit alors réduire de 26 le nombre de postes de travail en 2003, puis elle est finalement contrainte en 2004 de renoncer totalement, malgré les promesses formulées à cet égard, à la diffusion sur ondes courtes. => 1) Internet devient progressivement le principal support de diffusion. Ce "recentrage" sur le net se fait au détriment de la production radio, puis va mettre un terme au développement sur la télévision et à la diffusion par satellite. 2) On pressent ici un revirement dans la stratégie de la SSR qui réduit son soutien à swissinfo en faveur des sites des autres unitésd'entreprise. Raphaëlle Ruppen Coutaz
2004-2009 LE WEB, SAUVEUR OU ENNEMI DE SRI? • En raison des difficultésfinancières qui continuent à frapper la SSR, son Conseil d'administration propose notamment, en mars 2005, de réduire l'offre de swissinfo à un service minimum pour bannir les doublons avec les autres sites de la SSR. swissinfo ne se déclinerait plus que dans sa version anglaise. Pour les actualitésdans les langues nationales, le public international pourrait se rabattre sur les sites internet des autres unités d'entreprise. Mesure d’économie ou transfert des ressources? • Les éditeurs de presse romands et alémaniques ne voient pas ces renforts apportés aux sites régionaux de la SSR d'un bon oeil. La SSR doit alors renoncer à la publicité sur ses sites internet dès2006. Raphaëlle Ruppen Coutaz
L'Assemblée fédérale soutient SRI/swissinfo et reproche à la SSR de vouloir régler unilatéralement le cas de la politique de communication extérieure de la Suisse. En acceptant ce projet, la Suisse irait à contre-courant des pays voisins dans le domaine de la communication internationale. • Finalement, la SSR suspend ses mesures de restructuration en raison notamment des protestations importantes. La nouvelle loi sur la radio-télévision de 2006 réitère la clause selon laquelle la Confédération et la SSR doivent assumer à parts égales le financement de SRI/swissinfo. Cette disposition donne une boufféed'oxygène à SRI/swissinfo, du moins jusqu'en 2011, date à laquelle le mandat de prestations qui la relie à la Confédération sera renégocié. Raphaëlle Ruppen Coutaz
=> 1) Le web met-il en danger SRI? 2) Les discussions récurrentes autour de SRI/swissinfo ont poussé la SSR et la Confédération à s'interroger sur la place qu'ils comptaient donner à internet dans la nouvelle loi sur la radio-télévision de 2006. 3) Points forts et points faibles des divers moyens de communication: la question de la réception, la question du coût, la question de la fracture numérique, la question de la censure. Raphaëlle Ruppen Coutaz
VERS UNE REDEFINITION DU SERVICE PUBLIC AUDIOVISUEL SUISSE Positions des différents acteurs: • Le Conseil fédéral a toujours eu une position ambiguë envers SRI/swissinfo: difficultésfinancières, multiplicité des organes existant pour promouvoir l'image de la Suisse à l’étranger, la question de l'indépendance des médias. • Durcissement depuis 2003 de la position de la direction générale de la SSR à l'encontre de SRI/swissinfo puisqu'elle va jusqu’à remettre en question la légitimité de ce service dans le cadre du mandat de service public qu'elle doit remplir. Est-ce que ce ne serait pas plutôt à la Confédération de financer entièrement cette offre destinéeà un public international? Forme de chantage exercé par la SSR auprèsde la Confédération. Raphaëlle Ruppen Coutaz
Le Parlement a soutenu SRI/swissinfo jusqu’à présent. Il est vrai que cet organe a un certain intérêt à défendre la cause des Suisses de l’étranger, surtout depuis qu'ils ont le droit de vote (1992)... • Le Conseil du public de SRI/swissinfo et l'Organisation des Suisses de l’étranger ont toujours défendu bec et ongles SRI/swissinfo. Leur argument principal: la nécessité de produire un contenu qui s'adresse spécifiquement à un public international, d'autant plus que la Suisse aurait particulièrement besoin d'une présence médiatique importante dans le monde pour expliquer les phénomènes qui lui sont propres et qui ne sont pas toujours compris hors de ses frontières. Raphaëlle Ruppen Coutaz