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L’opinion publique : histoire, mesure et effet de réalité

L’opinion publique : histoire, mesure et effet de réalité. Philippe Riutort, Professeur de sciences économiques et sociales, Paris. Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?.

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L’opinion publique : histoire, mesure et effet de réalité

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  1. L’opinion publique : histoire, mesure et effet de réalité Philippe Riutort, Professeur de sciences économiques et sociales, Paris

  2. Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ? - Comprendre que l’émergence de l’opinion publique est indissociable de l’avènement de la démocratie : d’abord monopole des catégories « éclairées », l’opinion publique est désormais entendue comme celle du plus grand nombre. - Comprendre les principes et les techniques des sondages, et les débats relatifs à leur interprétation de l’opinion publique. - Comprendre comment le recours fréquent aux sondages d’opinion contribue à forger l’opinion publique et modifie l’exercice de la démocratie (démocratie d’opinion) et de la vie politique (contrôle des gouvernants, participation électorale, communication politique).

  3. L’opinion publique : de la préhistoire (rapport officieux des rois) à aujourd’hui (les réseaux sociaux/Twitter) ⁞ « Le grand massacre des chats » : dans une nuit de novembre 1730, des typo- graphes de la rue Saint-Séverin massacrèrent des chats dont la Grise, la chatte ado- rée de leurs patrons, pour se venger de leurs conditions de travail (les chats étaient mieux traités que les compagnons. => forme d’expression politique du méconten- tement car tuer les chats est un moyen de s'attaquer symboliquement aux patrons. ⁞ « Le village des cannibales » : le 16 aout 1870, en pleine guerre franco- prussienne, à Hautefaye en Dordogne un jeune noble est brûlé vif après avoir été lynché et torturé pendant plus de deux heures par une foule de paysans (royalistes) qui l'accuse d'avoir crié "Vive la République ! " Massacre d'une foule en délire, acte de barbarie voire de cannibalisme ou plutôt acte politique ? => Inquiétudes des élites à l’égard des opinions populaires.

  4. L’opinion publique : de la préhistoire (rapport officieux des rois) à aujourd’hui (les réseaux sociaux/Twitter) À l’origine, l’opinion publique désignait l’avis éclairé d’une élite. Cette notion s’est ensuite progressivement démocratisée pour englober aujourd’hui l’opinion de l’ensemble des citoyens.

  5. 1. Émergence de l’opinion publique • ⁞ A l’origine, deux questions : Savoir que pense la population ? • Comment savoir ce qu’elle pense ? • Avant 1848, dès 1815 le pouvoir monarchique souhaite connaître "l’état d’esprit de la population" => naissance de l’enquête publique pour savoir ce qu’elle pense ; pour ce faire, les préfets ont autour d’eux des informateurs, mais la méthode s’avère peu efficace, car des émeutes ont lieu sans que les informateurs ne les aient perçues. • 1848 : suffrage universel ; le préfet devient un connaisseur du vote, du tempérament politique de son département, car le vote est censé reflété les opinions publiques => le préfet classe des opinions.

  6. 1. Émergence de l’opinion publique • ⁞ A quoi ressemble l’opinion publique ? • En 1962, dans « L’espace public », Habermas définit l’espace public comme un espace composé de personnes privées qui, en se rassemblant/se réunissant dans des salons, des cafés… forment un public. • Cet espace public originel renvoie à l’expression de l’opinion des élites cultivées (bourgeoisie et critiques) => un espace public accessible à une minorité. • Après la Révolution, il renvoie à l’expression de l’opinion des citoyens et de leurs représentants. Le parlement représente donc le mieux cet espace, car les parlementaires représentent l’opinion du peuple. • La population passe par des intermédiaires qui les représente/incarne. • => médiation, car un espace s’ouvre entre l’État et la société civile, espace où • les citoyens peuvent débattre librement des questions d’intérêt général.

  7. 2. Mesurer l’opinion publique • ⁞ Historique des sondages • L’histoire des sondages débute avec les « votes de paille » organisés aux États-Unis dès le début du XIXe. Ces votes correspondaient à des simulations de joutes électorales faites par les journaux (le Harrisburg Pennsylvanian et le Raleigh Star en 1824) avant les grandes élections aux États-Unis. Ces enquêtes d'intentions de vote s'adressaient à leurs lecteurs, sous forme de bulletins à renvoyer ou bien par le biais d'interrogations dans la rue auprès de passants... Mais ces votes avaient pour but de promouvoir les journaux plutôt que d'établir une photographie de l'opinion, car les échantillons ne pouvaient pas être représentatifs. • Le principe des questionnaires est ensuite transposé dans le marketing par Georges Gallup.

  8. 2. Mesurer l’opinion publique • Lors de l'élection présidentielle américaine de 1936, la revue Literary Digest procède, à partir de l’annuaire téléphonique à un « vote de paille », auprès de 10 millions de personnes : Roosevelt est donné perdant. Au contraire, l’institut Gallup, à partir d’un échantillon représentatif de 5 000 personnes, prédit l’élection de Roosevelt avec 56 % des voix. Roosevelt obtiendra 62 % des voix et la méthode Gallup est consacrée. • Le fait d’annoncer les résultats des élections à l’avance va crédibiliser/légitimer les sondages et la notion d’échantillon représentatif. • => C’est la fin des « votes de paille » (Les « sondages en ligne » ne marquent-ils pas leur retour ?). • Partant de là, la presse et les politiques vont s’emparer des sondages.

  9. 2. Mesurer l’opinion publique • ⁞ Controverse Lippmann Dewey aux États-Unis dans les années 20 • Si Lippmann et Dewey conviennent que « l'omnicompétence / l’omniscience du citoyen » est un mythe, ils diffèrent en revanche quant aux remèdes qu'ils envisagent. • Alors que Lippmann en vient à préconiser l'interposition d'un groupe d'experts entre le public et le gouvernement (restriction des pouvoirs du public), Dewey, fidèle à la devise selon laquelle les maux dont souffre une démocratie ne peuvent être soulagés que par davantage de démocratie, s'attelle comme philosophe, comme éducateur et comme militant politique, à la reconstruction d'un public effectif (la formation de l'opinion publique).

  10. 2. Mesurer l’opinion publique • ⁞ Critique des sondages • Critiques de Philip Converse aux États-Unis et de Pierre Bourdieu en France Pierre Bourdieu. • Dans « L’opinion publique n’existe pas » (1973), Pierre Bourdieu estime que les enquêtes d’opinion reposent sur trois postulats contestables : • - tout le monde a une opinion : pour Bourdieu, ce n’est pas le cas. Les sondages conduisent des individus qui ne se posent pas de question à produire une opinion qui n’existerait pas sans eux. • - toutes les opinions se valent : toutes les opinions ne se valent pas, car certains individus sont moins informés que d’autres.

  11. 2. Mesurer l’opinion publique • - les sujets des questions font l’objet d’un consensus : les sondages conduisent à un “effet d’imposition de problématique”. Les questions posées ne sont pas celles qui se posent réellement à tous et leur interprétation se fait en dehors du contexte de leur réponse. Elles sont souvent celles que se pose “le petit monde” de ceux qui peuvent financer des sondages : les directeurs de journaux ou d’hebdomadaires, les hommes politiques ou les chefs d’entreprise. Elles sont, en outre, fortement liées à la conjoncture et à l’actualité médiatique. • Autre critique : Que se cache-t-il derrière les incohérences chez l’interrogé ?

  12. 2. Mesurer l’opinion publique • ⁞ Le sondage délibératif : méthode de consultation citoyenne reposant sur la séquence • suivante : • sondage classique ; • invitation d’un sous-échantillon représentatif à se réunir pour délibérer (sur la base du volontariat) avec rétribution ; • apport d’une information équilibrée sur les enjeux examinés ; • temps de délibération réunissant tous les participants, alternant des séances en plénières avec des experts et des ateliers citoyens ; • en fin de délibération, les questions initiales du sondage sont posées de nouveau aux participants, permettant de mesurer la différence entre une opinion « à froid » et une opinion mûrie au travers de la délibération. • ⁞ Question : l’opinion collectée est-elle l’opinion réelle ?

  13. 3. Des effets de réalité - Comment l’opinion publique devient-elle un acteur politique ? Les sondeurs mesurent Les journalistes commentent les résultats des sondages ⁞ Apparition d’un trio. ⁞ Conséquences : le métier du politique s’en trouve transformer. Exemple : temps passé par les politiques dans les médias qui deviennent une scène / un acteur important. Les conseillers en com politique =>améliorer l’image des politiques et leur cote de popularité

  14. Quelques références • Ph. Riutort, « Sociologie de la communication politique », La Découverte, Coll. Repères, 2007. • L. Blondiaux, « La fabrique de l'opinion », Seuil, 1998. • J. Chassin (Dir.), « L'avènement de l'opinion publique. Europe et Amérique, XVIIIe-XIXe siècles », L'Harmattan, 2004. • M. Brugidou, « L'opinion et ses publics. Une approche pragmatiste de l'opinion publique », Presses de Sciences Po, 2008. • Pierre Bourdieu, « L'opinion publique n'existe pas » in Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, pp. 222-235. • Brigitte Gaïti, « L'opinion publique dans l'histoire politique : impasses et bifurcations », Le Mouvement Social 2007/4 (n°221), pages 95 à 104.

  15. Quelques références • Raymond Cayrol, « Sondages mode d'emploi », Presses de la FNSP, 2000. • D. Duclos, H. Meynaud, « Les sondages d'opinion », La Découverte, Coll. Repères, 2007. • J. Antoine, « Histoire des sondages », Odile Jacob, 2005. • Loïc Blondiaux, « Ce que les sondages font à l'opinion publique », Politix. Revue des sciences sociales du politique Année 1997 37 pp. 117-136 (Fait partie d'un numéro thématique : Télévision et politique). • « Les sondages et la transformation de l'opinion publique », Extrait de The Captive Public : How Mass Opinion Promotes State Power, New York, Basic Books, 1986 , Benjamin Ginsberg in C.N.R.S. Editions « Hermès, La Revue » 2001/3 n° 31 | pages 181 à 206.

  16. Quelques références • Loïc Blondiaux, « Les sondages d'opinion : bibliographie », Politix. Revue des sciences sociales du politique Année 1989 5 pp. 50-55 (fait partie d'un numéro thématique : Domaines d'élection). • Patrick Champagne, « Le sondage et la décision politique », Revue Projet 2001/4 (n° 268), pages 65 à 73. • Gérard Grunberg, « Sondages et participation politique », Le citoyen (2000), pages 165 à 181. • Alain Lancelot, « Sondage d'opinion et suffrage universel », Commentaire 1980/2 (Numéro 10), pages 214 à 219. • Vanessa Brochot, « Le sondage d'opinion : attribut de la démocratie ou manipulation de l'opinion », Pouvoirs 2013/2 (n° 145), pages 141 à 154.

  17. Quelques références • Rémi Lefebvre, « Opinion et participation - La campagne présidentielle de Ségolène Royal », La vie des idées, 2008. • « Les médias contribuent-ils au débat démocratique ? », Vie publique. • « La fonction des médias dans la démocratie », Cahiers français N°338. • Pierre Martin, « Réconcilier délibération et égalité politique : Fishkin et le sondage délibératif », Revue française de science politique Année 1998 48-1 pp. 150-154. • « Le premier sondage délibératif européen livre ses conclusions », Toute l’Europe. • Yves Déloye et Nonna Mayer, « Les trois défis de la science politique française Retour sur la période 1968-2018 », Idées économiques et sociales 2019/1 (N° 195), pages 28 à 39.

  18. Quelques références • Stéphane Rozès, « L’opinion publique existe, influe, mais ne gouverne pas », colloque du 10 septembre 2007, « La démocratie peut-elle survivre au système politico-médiatico-sondagier ? », site Fondation Res Publica. • George Gallup, « Sondages d’opinion et démocratie », Extrait de Public Opinion in a Democracy, 1939. • Rémi Lefebvre, « Entre démocratie d'opinion et démocratie participative », Nouvelles Fondations 2007/3-4 (n° 7-8), pages 20 à 29. • « La représentation et la démocratie d’opinion », Fiche Eduscol - ECJS 1ère.

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