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UNE AFFAIRE D’IDENTITÉ ET DE RÉSEAUX

LES TRAJECTOIRES RÉSIDENTIELLES DES IMMIGRANTS LATINO-AMÉRICAINS À MONTRÉAL :. UNE AFFAIRE D’IDENTITÉ ET DE RÉSEAUX. Francine Dansereau et Magda Garcia INRS-UCS Entretiens Jacques-Cartier Lyon, décembre 2005. Table des matières. Introduction Début de la recherche : constats de départ

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  1. LES TRAJECTOIRES RÉSIDENTIELLES DES IMMIGRANTS LATINO-AMÉRICAINS À MONTRÉAL : UNE AFFAIRE D’IDENTITÉ ET DE RÉSEAUX Francine Dansereau et Magda Garcia INRS-UCS Entretiens Jacques-Cartier Lyon, décembre 2005

  2. Table des matières Introduction Début de la recherche : constats de départ Carte concentration des Latinos dans la région de Montréal Questionnements de départ Cadre conceptuel : axes principaux Méthodologie Réseaux ethniques d’appui et de sociabilité: Trajectoires résidentielles L’Identité : un processus interactif Lieux de rassemblement et de ressourcement ethniques Sens des parcours d’insertion dégagés Principales conclusions et nouvelles pistes de recherche

  3. Les trajectoires résidentielles dans la société d’accueil, révélatrices des parcours d’insertion à triple entrée (habitat, vie familiale, milieu de travail) Le caractère dynamique des processus d’insertion: liens entre les évolutions relatives aux… trajectoires résidentielles définitions/affiliations identitaires fréquentation des lieux de ressourcement “ethniques” (commerces et lieux de culte) La discussion du sens des trajectoires cherche à saisir l’influence des définitions identitaires et celle des réseaux ethniques de sociabilité et d’appui à différentes étapes du processus d’insertion urbaine INTRODUCTION Les trajectoires résidentielles dans la société d’accueil: des clés pour saisir les parcours d’insertion sur plusieurs dimensions (environnement social, vie familiale, travail) Le caractère dynamique des processus d’insertion: liens entre les évolutions relatives aux… • trajectoires résidentielles • définitions/affiliations identitaires • fréquentation des lieux de ressourcement “ethniques” La discussion du sens des trajectoires cherche à saisir l’influence des définitions identitaires et celle des réseaux ethniques de sociabilité et d’appui à différentes étapes du processus d’insertion urbaine

  4. DÉBUT DE LA RECHERCHE Constats de départ • 1. FAIBLE CONCENTRATION RÉSIDENTIELLE • Les immigrants d’Amérique latine habitent un grand nombre de quartiers montréalais et de municipalités environnantes sans avoir donné lieu à un secteur à prédominance latino-américaine. • 2.RELATIVE DISPERSION DES PRINCIPAUX COMMERCES, SERVICES ET LIEUX DE CULTE « ETHNIQUES »

  5. QUESTIONNEMENTS DE DÉPART • Peut-on évoquer l’idée d’une communauté sans territoire ? • Comment expliquer la faible concentration résidentielle des immigrants latino-américains montréalais? • Que signifie cette dispersion quant aux processus d’adaptation urbaine ?

  6. CADRE CONCEPTUEL : AXES PRINCIPAUX Choix et contraintes: une certaine marge de liberté ou de manoeuvre des acteurs sociaux • Trajectoires et stratégies résidentielles déployées  • Commerces ethniques et lieux de culte envisagés comme lieux de ressourcement • Définition et affiliation identitaires comme mesure du sens du rattachement ou de la distanciation • Accent mis à la fois sur les représentations et les pratiques

  7. MÉTHODOLOGIE Recherche qualitative : travail de terrain • Étape préliminaire : intervenants des organismes communautairesd’accueil (16 entretiens), autres personnes ressources (milieux d’affaires, directeurs de journaux hispanophones, prêtres, professeurs universitaires originaires de l’Amérique latine, etc.) • Entretiens semi-dirigés auprès de ménages immigrants (40 entretiens auprès de 31 ménages)  • Critères de recrutement: • originaires des 4 pays les + représentés à Montréal: El Salvador, Chili, Pérou, Guatemala • arrivés avant 1991 (au moins 8 années de résidence, le plus « ancien » étant arrivé en 1969). • Observations et entretiens auprès des responsables de lieux de rassemblement : commerces ethniques et lieux de culte

  8. RÉSEAUX ETHNIQUES D’APPUI ET DE SOCIABILITÉ 1) Logiques d’installation résidentielle : au moment de leur arrivée • Plus de la moitié (16/31) des interviewés ont des personnes de leur parenté ou des amis sur place; la plupart sont logés par leur famille, plus rarement par des amis ou via le réseau des organisations d’aide aux réfugiés ou immigrants reconnues par l’État • Les autres (11/31) sont aiguillés vers des ressources communautaires formelles (hôtels désignés pour l’accueil de réfugiés) ou informelles à “spécificité nationale” le plus souvent (hôtels meublés, pensions, immeubles d’appartements peu salubres… Exemple: El Palomar chez les Guatémaltèques) • Le reste (4/31) se sont débrouillés tout seuls

  9. 2) Logiques d’enracinement résidentiel Au fil du parcours d’insertion, trois cas de figure ressortent: • Le non recours au réseau ethnique : après les 5 années suivant l’installation dans la région de Montréal 15 ménages sur 31 ne s’appuient plus sur leurs compatriotes ou le milieu latino-américain en ce qui a trait à la dimension résidentielle (4 dès la 1e année, 2 dès la 2e) • Le détachement progressif du réseau ethnique : le détachement du réseau ethnique se produit aussi après 6, 7, 8, 12, 14 et 16 années de résidence (8 ménages) • Des processus d’ancrage dans le réseau caractérisent 8 ménages toujours rattachés à des milieux de vie très proches de ceux dont ils sont originaires

  10. 3) Au final, des trajectoires non linéaires, régies par des logiques qui s’entrecroisent ou divergent : • Les trajectoires sont tout sauf linéaires. La plupart sont marquées par des séjours dans d’autres villes en Amérique du Nord ou plus rarement en Europe, des retours en Amérique latine (pays d’origine ou autre), des déménagements nombreux au sein de l’agglomération montréalaise [n= 3 à 23] en lien avec des parcours heurtés, avant tout sur le plan familial mais aussi dans le monde du travail • Les réseaux de parenté et d’amis constituent pour la plupart une ressource capitale mobilisée à chaque tournant des parcours • Les logiques de «confort culturel» jouent à plein ; la discrimination est un facteur non négligeable dans les choix de localisation et les projets d’accession à la propriété

  11. Les processus de rapprochement ou de distanciation par rapport aux réseaux « ethniques » se complexifient, au fil de la trajectoire,en fonction notamment des : • événements familiaux (ruptures, recompositions) • rapports avec l’échantillon des compatriotes sur place (divisions politiques, différences de statut social) • rapports avec l’Autre «multiple» (Québécois francophones ou anglophones; autres minorités culturelles perçues comme ayant plus ou moins d’affinités avec le monde latin ou hispanonophone...) • construction et révisions, au fil des expériences vécues, d’images des milieux et lieux (quartiers, lieux de rassemblement, etc.) désirables ou à éviter • Ils mettent en jeu une variété d’acteurs : membres de la famille proche ou élargie, voisins d’appartenances diverses, compagnons de travail/étude, amis, personnes-relais : situation résidentielle (concierge, propriétaire, agent immobilier, etc.), conseillers dont intervenants sociaux, autorités morales sur le plan religieux ou politique...

  12. L’IDENTITÉ : UN PROCESSUS INTERACTIF • Différentes définitions de l’identité peuvent coexister et se trouver mobilisées à différents moments, en fonction : - des situations (milieu de travail ou d’étude, en famille, avec les amis, lors d’événements ou de rassemblements religieux, patriotiques latinos, canadiens, québécois, etc.) - des registres (affectivité, i.e. au fond de soi; par distinction vs l’Autre, plus ou moins « proche » au nom d’une solidarité plus englobante s’étendant à l’ensemble des Latinos ou aux immigrants en général) par commodité (demander la citoyenneté…) • Elles sont le résultat de renégociations et d’actualisations constantes, parfois dans un même discours ou en référant à des pratiques qui, au premier abord, peuvent paraître contradictoires

  13. DÉFINITIONS ET AFFILIATIONS IDENTITAIRES: GRANDES TENDANCES Identités essentiellement tournées vers leurs origines (pays, ville natale, groupe de compatriotes, groupe ethnolinguistique minoritaire, v.g. quechua) (13) Identités essentiellement tournéesvers leur milieu environnant actuel (Montréal, Québec, Canada) (7) Identités partagées entre les deux(9) Identités « sans frontières » non liées à un lieu ou à un territoire précis (cosmopolite, apatride, citoyen du monde) (2)

  14. Lieux de rassemblement et de ressourcement ethniquesÉléments explorés • Définition des lieux principaux ou emblématiques et reconstitution de leur histoire via les discours des interviewés. • Deux catégories: • commerces (librairie, agence de voyage, épicerie, boulangerie, boucherie, etc.) • lieux de culte (catholique, protestant évangéliste, pentecôtiste, baptiste, autre) N.B prise en compte de lieux informels à faible visibilité et de lieux plus “officiels”; passages...

  15. Lieux de rassemblement et de ressourcement ethniques (suite) : • pratiques de fréquentation et appréciation des lieux significatifs identifiés à différentes étapes du parcours d’insertion • raisons pour les fréquenter + ou - (fonctionnelles, i.e. produit spécifique, langue vs symboliques ou affectives...; les deux registres ne sont pas dissociables) • liens avec les points tournants des parcours (situation résidentielle, familiale, professionnelle) et des affiliations identitaires

  16. LE SENS DES PARCOURS D’INSERTION DÉGAGÉS

  17. CONCLUSIONS Le sens des parcours d’insertion dégagés Il n’existe pas de lien clair entre un type précis d’attachement ou de détachement vis-à-vis du réseau ethnique sur le plan résidentiel, des modalités particulières de fréquentation des lieux de rassemblement et des formes spécifiques d’expression identitaire. Il semble que chacune des dimensions retenues ait peu tendance à se conjuguer où à s’entrecroiser de manière systématique aux autres Les cas de figure dégagés ne constituent pas vraiment des modèles. La situation particulière de Montréal, avec ses milieux d’accueil francophones, anglophones et d’autres origines ethnoculturelles, complexifie l’analyse des parcours urbains retracés La diversité des cas de figure élaborés nous permet d’affirmer que nous ne sommes pas face à un seul mode d’insertion urbaine, qui serait typiquement latino-américain

  18. La dimension temporelle Le passage du temps ne paraît pas être un facteur qui expliquerait le détachement ou la mise à distance du groupe des compatriotes. En effet, l’influence du nombre d’années passées à Montréal ne se reflète pas nécessairement dans une plus forte tendance à s’éloigner du réseau ethnique ou, au contraire, dans un processus de repli sur le groupe d’origine Les dynamiques de changement Que ce soit par la mobilité résidentielle, par la modification du type de fréquentation des lieux ethniques ou par la manière dont ils intériorisent et expriment leurs attaches sur le plan identitaire, l’ensemble des interviewés ont eu des parcours d’insertion caractérisés par des dynamiques de changement

  19. Les originesnationales Nous n’avons pas trouvé de modèles de parcours d’insertion qui soient spécifiques aux origines nationales. Les immigrants des différents pays retenus se retrouvent + ou - indifféremment dans les cas de figure dégagés pour chacune des dimensions analysées. Nous ne pouvons pas conclure que les immigrants d’une origine nationale spécifique soient plus portés que d’autres à se détacher de leurs compatriotes ou, au contraire, à demeurer davantage liés à eux Liens commerces ethniques et lieux de culte  Il n’existe pas de lien direct entre le type de fréquentation des commerces ethniques et celle des lieux de culte hispanophones Les ruptures  Les séparations et les divorces jouent un rôle important dans les changements et réorientations des parcours

  20. Liens familiaux Plusieurs ménages vivent des situations de cohabitation intergénérationnelle (grands-parents, parents, enfants) dans le même logement ou le même immeuble Lieux de culte Les lieux de culte jouent souvent un rôle communautaire fort appréciable, à la manière d’une famille élargie, notamment au tout début des leur trajectoire montréalaise Commerces ethniques On ne peut pas conclure que la fréquentation de commerces ethniques diminue avec le temps : certaines personnes ne découvrent un intérêt pour ce genre d’établissements que plusieurs années après leur arrivée

  21. Un certain confort culturel Certain confort culturel des Latino-Américains avec des Portugais, des Espagnols, des Italiens et des Grecs : plusieurs s’adressent à des commerces ethniques qui sont la propriété de personnes de ces origines nationales Ils apprécient l’accueil et le type de rapports qu’ils ont avec eux sur le plan du voisinage ou « co-habitants » dans un immeuble. Des liens et lieux virtuels? Dans d’autres recherches on pourrait analyser si les immigrants nourrissent leur identité et leur sens d’appartenance communautaire via d’autres lieux ou espaces urbains ou virtuels (lieux et activités de loisir, internet)

  22. L’hétérolocalité La théorie de l’hétérolocalité de Zelinsky et Lee (2001) suggère que les immigrants peuvent choisir de ne pas s’établir dans des quartiers ethniques, adoptant un modèle résidentiel dispersé, tout en essayant de maintenir autrement leur identité ethnique

  23. EXEMPLE LOGIQUES D’ENRACINEMENT RÉSIDENTIEL :type 3– ancragepersistant dans le réseau “ethnique” • Un Péruvien, arrivé à Montréal en 1974 et maintenant propriétaire de son logement, a plusieurs membres de sa famille dans son quartier et sa soeur est propriétaire de l’étage supérieur du duplex où ils habitent: “J’ai mon cousin, qui habite où j’habitais auparavant… il habite pas loin d’ici, j’ai ma…la tante de mon épouse, la soeur de mon épouse qui habite à un demi-bloc d’ici, j’ai le beau-frère de mon épouse qui habite aussi”. Mariano, Péruvien, réside dans le quartier Ahuntsic, depuis 1982

  24. L’IDENTITÉ DES IMMIGRANTS LATINO-AMÉRICAINS EXEMPLE IDENTITÉ TOURNÉE VERS LEURS ORIGINES “Je me définis toujours comme Guatémaltèque. Oui, oui, car la citoyenneté, en réalité nous l’avons obtenu mais…nous ne pourrions jamais nous sentir Canadiens, la vérité… car nos racines sont du Guatemala. Oui”. Antonia, d’origine Guatémaltèque

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