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« Peut-on être vieux, en fin de vie, et rester digne dans notre société ? ». Docteur Dominique DUCORNEZ Gériatre Président de l’A.V.D.S.P. « Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est de plus grande que l’homme » Sophocle ( Antigone ). QU’EST CE QUE LA DIGNIT É ?.
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« Peut-on être vieux,en fin de vie,et rester digne dans notre société ? » Docteur Dominique DUCORNEZ Gériatre Président de l’A.V.D.S.P
« Il est bien des merveilles en ce monde, il n’en est de plus grande que l’homme »Sophocle (Antigone)
QU’EST CE QUE LA DIGNITÉ ? • La dignité : un mot dont le sens évolue dans notre monde contemporain • Tous ne lui accordent pas le même sens et pourtant c’est l’essence de l’homme!
DÉFINITION • Dignité est un mot qui vient du latin « dignus » • Dignus veut dire valable. Être digne, c’est être valable. • « La dignité est plus précisément la valeur du sujet humain et en même temps le fait que l’on reconnaisse dans un individu qu’il est un sujet humain » • Robert Mishari • Peut-on n’être plus valable, perdre sa dignité ?
LA DIGNITÉ ? • Quelques expressions glanées ici et là : • La vieille dame indigne • Il a perdu toute dignité (c’est une vie qui ne vaut plus la peine d’être vécue) • Mourir dans la dignité • Restaurer la dignité de la personne en fin de vie • La dignité : un mot dont le sens évolue, et qui évolue en tous sens !
QU’EST CE QUE LA DIGNITÉ ? • LA DİGNİTÉ POUR NOS COMTEMPORAİNS • La préservation de l’image corporelle et de sa beauté • Le bien-être physique • La pleine disposition de ses facultés mentales • L’image sociale • La liberté, l’indépendance et l’autonomie
QU’EST CE QUE LA DIGNITÉ ? • LA DİGNİTÉ • Comme fondement de notre humanité • Se situe dans le regard de l’autre • Se situe dans la relation de soins
La dignité comme fondement de notre humanité • La dignité n’est pas : • Une convenance subjective envers soi • Ni une décision non moins subjective confiée au regard incertain d’autrui • Selon le préambule et l’article 1 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme de 1948 c’est : • Une valeur absolue accordée à chaque homme en sa singularité, quelle que soit l’idée qu’autrui ou lui-même se fait de cette dignité, et donc quelque soit son âge ou son aspect extérieur • Elle est fondement de notre humanité selon KANT • La question de la dignité pose la question du sens, non seulement personnel mais social.
La dignité dans le regard de l’autre • Dans notre regard, le sujet âgé , ou sa famille s’il ne peut plus le faire, vont lire la valeur qu’il représente à nos yeux, sa dignité reconnue. • Il est des regards, des moues qui tuent avant l’heure ! • Comme le dit Jacques RICOT « l’exclusion du genre humain est le produit d’une déshumanisation du regard » • Chez le sujet âgé dément, qui dans la plupart des cas n’a plus de vision périphérique, cela signifie qu’il faut l’aborder et le regarder de face, si l’on veut espérer échanger.
La dignité dans la relation de soins • Prendre en compte les 4 grands principes qui font notre « Humanitude », notre appartenance à la race humaine : le regard, le toucher, la parole et la verticalité. • Le toucher, la façon de toucher, plus que la parole, vont transmettre à ce corps les sentiments avec lesquels nous l’abordons; • « Le contact de la main se faisant langage, il parle souvent beaucoup plus et beaucoup mieux que toutes nos paroles. » • Le toucher est un mode de communication profond capable de transmettre des émotions. Le patient reconnaît bien, même dément : • - si le soignant est disponible • - si le soignant est tout à ce qu’il fait pour ce corps entre ses mains • - s’il est calme ou énervé • - s’il est pressé • - s’il pense à autre chose • Dans l’acte de soins, c’est la dignité du sujet âgé qui est reconnue, mais aussi celle des soignants
La fin de vie en EHPAD de Madame D • Madame D, ancienne commerçante, est admise en EHPAD le 07-10-2003 à l’âge de 89 ans. • Elle a 1 fils unique qui vient souvent la voir, et 2 petits-fils. • Antécédents principaux : Maladie d’Alzheimer sévère et insuffisance cardiaque. • C’est une dame qui aime la compagnie (commerçante) et s’angoisse quand elle est seule avec cris. • Mise sous DUROGESIC 25 le 25-07-2006 + ACTISKENAN 10 mg car douloureuse. • Hospitalisée le 26-07-2006 pour poussée de surinfection et insuffisance cardiaque. Son fils la fait sortir contre avis médical en invoquant, sur mes conseils, les Lois du 04-03-2002 et du 22-05-2005. • Le 01-08-2006, après son retour de l’hôpital, mise en place d’une SAP de scopolamine + SOLUMEDROL + LASILIX en IM, en raison d’un encombrement bronchique avec dyspnée. Poursuite du DUROGESIC. • Poursuite également de l’accompagnement par l’ensemble du personnel, soins de nursing. • Elle décède paisiblement le 15-08-2006 à l’âge de 92 ans. • Décision en équipe : médecin traitant, médecin coordonnateur, équipe de l’EHPAD y compris le directeur, famille. • Respect de la Loi du 04-03-2002 et du 22-05-2005 dite Loi LEONETTI • Respect des principes éthiques et de la dignité.
Quelques conseils pour respecter la dignité :Ou l’art de respecter la dignité • - frapper avant d’entrer, respect de l’espace de la chambre • - se présenter • - dire bonjour et nommer la personne • - regarder dans les yeux • - éviter le tutoiement et les prénoms, sauf si on y est invité • - éviter de nommer le patient à la 3ème personne • - annoncer ses gestes • - respecter la pudeur • - respecter les habitudes de vie • - éviter les mots qui tuent : bavoir (dire serviette), couche (dire protection)
PRINCIPESÉTHIQUES • Principes de bienfaisance et de non malfaisance, • 1) Principe d'autonomie : l'individu décide de ce qui concerne sa santé, ou à défaut sa personne de confiance. • 2) Principe d'humanité : la dignité de l'individu tient à sa naturehumaine, non à ses actes, à ce qu’il est devenu avec sa maladie • 3) Principe de proportion : pas de traitement disproportionné avec ses effets. L’obstination déraisonnable est depuis le vote de la Loi Leonetti une pratique condamnée par la Loi. • 4) Principe de futilité : pas d'acte dénué de bénéfice pour le sujet. • Respecter la dignité, c’est respecter ces principes éthiques !!
La fin de vie en EHPAD de Monsieur x • Monsieur L, ancien menuisier, rentre en EHPAD le 03/06/2004 à l’âge de 91 ans. • Père de 2 enfants, 1 fils et 2 filles qui viennent souvent le voir • Antécédents principaux : maladie d’Alzheimer évoluée, insuffisance coronarienne • Au cours de son séjour il criait en se frappant la tête. La maîtresse de maison a eu la bonne idée de lui mettre un béret, ce qui a fait cesser les troubles du comportement. • A présenté en décembre 2005 une thrombose du membre inférieur G, avec douleur importante, pour laquelle le chirurgien propose une amputation. • Décision en équipe de ne pas amputer et de l’accompagner au mieux : le médecin traitant, le médecin coordonnateur, l’équipe soignante et la famille. • Mis sous patch de DUROGESIC et scopolamine SC en fin de vie en raison de râles trachéaux. • Nette amélioration de son état; alors qu’il était comateux, il se réveille même et remange. • Une auxiliaire de vie ayant repéré dans son histoire de vie sa passion pour TINO ROSSI, on met en route, en sourdine, un CD avec des chants de cet artiste. Il fredonnait lui-même les airs. • Monsieur L s’est endormi, soulagé, calme le 30-12-2005. • Respect de l’histoire de vie, de la dignité, des principes éthiques, décision en équipe avec la famille.
CONCLUSION • Bien souvent la personne âgée n’est plus qu’un statut : les aînés, les anciens, les déments, les Alzheimer, les pensionnaires , les résidents, etc . La voici, quelle soit ou non en établissement, placée dans la grille Aggir, soupesée dans Pathos, pour finir dans un GIR moyen pondéré et un Pathos moyen pondéré, fleurons de notre société moderne comptable. • Une personne âgé, c’est une longue histoire qui ne s’arrête pas à la porte de la maison de retraite. • Saurons nous encore voir lequelqu’un, avec toute son histoire, avec toute sa dignité,qui vit au cœur de ces hommes et femmes de grand âge ? • C’est dans la dignité reconnue des personnes âgées qui lui sont confiées que le soignant conserve sa propre dignité et que la société garde son humanité. • Docteur Dominique DUCORNEZ